Retour sur «La Hadhra» de Ghalia Benali en clôture du Festival International de Dougga : Un chant et une musique connectés au feu de l’existence

Par Amel BOUSLAMA

Dans le cadre de sa 46e édition, le Festival international de Dougga a vécu au rythme chaud et fou du chant de l’artiste Ghalia. Conjugué aux sons du luth et du piano du Tunisien Moufadhel Adhoum, aux percussions du Tunisien Naim Ben Abdallah et du Sénégalais Honoré Kouadio, ainsi qu’aux notes de la basse électrique du Belge Vincent Noiret et au son et à l’électro du belge Pascal Snoeck, le public, venu nombreux, a vécu une soirée mémorable au théâtre romain de Dougga. 
La Hadhra de Ghalia Benali au Festival de Dougga 2022. (Crédit photo : © Amel Bouslama)

Artiste arabe authentique aux origines amazighs, issue du Sud tunisien, Ghalia Benali chante en arabe littéraire et pour cette soirée, elle a choisi de chanter et de mettre en musique, pour la première fois, trois poèmes en dialecte tunisien du jeune poète de Kasserine, Saif Kribi.

Quatre évènements se sont donné rendez-vous pour offrir à cette soirée du 13 août une atmosphère enchanteresse et envoûtante, la pleine lune, la journée de la fête de la femme tunisienne, l’édifice antique et le chant et la musique de Ghalia Benali. La réunion heureuse de quatre évènements dans une Hadhra connectée sur l’amour, tout ce qui élève l’humain en nous et lie le passé au présent. C’était une soirée d’une Hadhra et non Hafla comme Ghalia Benali aime le préciser, parce qu’elle s’appuie sur la présence pleinement consciente de l’instant qu’on vit. Au beau milieu d’une nature reine, sur les hauteurs de Béja, à sept cents mètres du niveau de la mer, au nord-ouest de la Tunisie, s’élèvent depuis dix-huit siècles de longues colonnes de marbre rehaussées de chapiteaux autour d’une vaste scène imposante construite par les anciens Romains afin de célébrer l’art et le divertissement citoyen. Dans pareil contexte, comme l’a témoigné l’artiste elle-même, la magie d’un art spirituel a opéré sur les sens pour atteindre son comble.

Chez Ghalia Benali, le chant est cette musique intérieure engendrée par ses puissantes cordes vocales, musique qu’elle extirpe  avec force du fin fond de son âme. Sa voix puissante et chaude s’élève en filant le long des hautes colonnes de quatorze mètres, illuminées sur fond de ciel noir rehaussé de points lumineux. Cette artiste, qui compte beaucoup de fans en Égypte et en Tunisie pour son art non commercial, est de cette race d’artiste capable de faire vivre le mot chanté, lequel devient rythme, image, valeur spirituelle et source de méditation. Avec l’artiste multidisciplinaire qu’est Ghalia Benali, le chant vient injecter le nectar qui nous réconcilie avec la part perdue de nos vies, avec le feu de l’existence.

A.B.

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