Intégration des enseignants en situation précaire : Le syndicat met la pression

L’expérience a démontré, au cours de ces dix dernières années, que le gouvernement et les fédérations de l’enseignement ne sont jamais parvenus à se mettre d’accord sur quelque point que ce soit. Toutes les crises (les unes plus graves que les autres) ont été éludées ou “colmatées” avec des solutions du provisoire qui dure.

A l’heure actuelle, il semble que les syndicats en question veulent acculer les autorités et les mettre au pied du mur. Ils ne vont pas lâcher prise avant d’avoir obtenu, sinon tout, du moins le maximum des revendications. Et ces revendications, faut-il le préciser, ne sont pas une mince affaire. Notamment si l’on tient compte de la conjoncture économique par laquelle passe le pays. 

De la responsabilité syndicale

Il est clair que la Fédération générale de l’enseignement de base n’est prête à aucun compromis. Les négociations qui ont eu lieu ou qui sont programmées ne seront d’aucune utilité, puisque la volonté des syndicalistes est claire: ils veulent que toutes les demandes qu’ils brandissent depuis longtemps soient satisfaites sans conditions et immédiatement. Ils ne laissent aucun choix au gouvernement et ne permettent pas les « tergiversations ».

Les mouvements de contestation et de protestation des enseignants temporaires, contractuels, suppléants, détenteurs de licence appliquée en sciences de l’éducation (promotions de 2018 à 2021 voire de septembre 2022) doivent impérativement être recrutés sans attendre. La situation de tous les agents chargés de l’enseignement doit être régularisée dans les plus brefs délais. 

Ces syndicats exigent, de façon plus claire, que les emplois “précaires” soient supprimés à jamais et que tous les intéressés soient intégrés.

On estime ces agents à plus de 20.000. 

On se demande pourquoi les syndicats ont attendu la rentrée pour déclencher cette vague de protestation et de boycott ? Pourquoi n’ont-ils pas profité de la période des vacances estivales pour soulever des questions tout aussi importantes ? Les discussions auraient pu démarrer avec la sérénité demandée et toutes les possibilités auraient pu être envisagées. Mais, malheureusement, ces syndicats veulent avoir sous la main un moyen de pression très fort pour imposer leurs exigences et contraindre les autorités à leur obéir sans qu’ils leur laissent le choix de réfléchir ou de faire des contre-propositions susceptibles d’aboutir à des compromis.

Car, il faut le souligner, on ne pourra jamais parvenir à résoudre un problème aussi grave que celui auquel on assiste. Il ne faut pas oublier que ce sont des accumulations d’accords conclus à la va-vite avec les différents gouvernements précédents mais qui n’ont pas été honorés ou l’ont été en partie. Les syndicats, dans ce cas-là, ont leur part de responsabilité.

Si, aujourd’hui, ils veulent que tous ces accords en suspens soient appliqués, ils se trompent beaucoup et trompent les enseignants qu’ils cherchent à aider coûte que coûte.

Ils ne prennent en considération ni l’intérêt des élèves ni  leur droit universel à l’enseignement ni les capacités économiques et financières du pays.

N’importe quel Tunisien sait que l’Etat n’a pas les possibilités de satisfaire autant de demandes à la fois. On sait, aussi, que la Fédération générale de l’enseignement de base n’est pas disposée à accepter des solutions pragmatiques qui seraient basées sur l’intégration progressive des différentes catégories d’enseignants.

Un nouveau bras de fer en vue

Il est évident que les responsables de la Fédération de l’enseignement de base tiennent bon et veulent mener “à bon port” cette campagne de protestation. Pour eux, il n’y aura pas de répit avant que toutes les réponses soient apportées. Les perturbations, le boycott administratif et les suspensions des cours vont continuer si rien n’est fait. Les sit-in devant les commissariats régionaux de l’éducation vont se poursuivre malgré les négociations en cours entre les différentes parties. 

En effet, des séances de travail se sont tenues récemment au siège du ministère des Affaires sociales.

Elles ont regroupé aussi bien le ministre des Affaires sociales et le SG de l’Ugtt que les responsables de la Fge de base. La dernière réunion en date a, justement, été suspendue sans l’annonce d’aucun résultat. Selon un responsable syndical ayant participé à la réunion avec le ministre des Affaires sociales, le ministère de l’Education n’a pas fait de propositions concrètes ou pratiques. On prévoit, d’ailleurs, une autre séance de travail qui se tiendrait le 7 octobre date de la tenue d’une réunion de la commission administrative sectorielle selon des responsables. Auparavant, un sit-in se tiendra aujourd’hui, 5 octobre 2022, dans toutes les écoles primaires en soutien aux enseignants en situation précaire.

En définitive, tous ces mouvements et tentatives de trouver des solutions pérennes sont-ils condamnés à réussir ou va-t-on, encore, se diriger vers un interminable bras de fer entre syndicats de l’enseignement et le ministère de l’Education ?

Compte tenu des positions syndicales affichées, il y a fort à parier qu’il n’y aura pas de vrai terrain d’entente, puisque les revendications de la Fge de base sont rigides et il n’y a pas le moindre espoir de voir les positions bouger fût-ce d’un iota. A moins d’un coup de théâtre de la part de l’une ou de l’autre partie.

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