Avons-nous fait une révolution ? Rien n’est évident ! 13 ans déjà, tout a versé dans l’anarchie et la mauvaise foi. Et l’anniversaire 17-14 réveille, à chaque fois, les vieux démons d’un faux débat si houleux et incessant, avec, en toile de fond, des revendications populaires déguisées en intérêts étriqués.
A peine ce nouvel an a-t-il pointé le bout de son nez que l’on voit des secteurs revenir à la charge. Et d’autres corporatistes n’ont eu de cesse de placer haut la barre des réclamations. Certes, tous les indicateurs sont au rouge et la cherté de la vie alourdit le fardeau des ménages, ceux qui n’arrivent plus à arrondir les fins de mois. A cela s’ajoutent la pénurie des denrées alimentaires de base et la crise affectant l’approvisionnement du marché et paralysant les circuits de distribution.
Des menaces de sit-in et débrayages
Cela semblait avoir donné raison au mécontentement et provoqué, in fine, un tollé général. Et ça commence, déjà, à faire tache d’huile. Les mouvements de protestation ont pris de l’élan et regagnent ainsi du terrain. Des grévistes sont, déjà, en train d’occuper l’espace public, alignés, en bataille rangée, sur des desseins inavoués. Et d’autres charlatans se font passer pour des leaders d’opinion, ne défendant, en réalité, que leur propre position. Sans pour autant répondre aux majeures questions de société qui nous interpellent au fil des jours et qui, une fois rassasiées, finiraient par calmer le jeu. Chômage endémique, pauvreté extrême, inégalités, clivages sociaux, récession économique, pénurie des produits alimentaires subventionnés, manque de médicaments, salaires impayés, et bien d’autres dossiers jusque-là en stand-by. Des mégaprojets, pourtant financés, sont, depuis des années, à l’arrêt.
Entre-temps, les menaces de sit-in et débrayages n’en finissent pas de proférer. Et les opposants à la politique de l’Etat continuent, pour leur part, à affûter leurs armes et tirer à boulet rouge, à tort et à travers. Déclarations et contre-déclarations fusent de toutes parts. De l’autre côté de la barrière, le gouvernement promet monts et merveilles, faisant cavalier seul. Ses décisions étant, plus souvent, en porte-à-faux avec ce qu’il faut. Ses lois n’ont rien à voir avec ses choix, d’autant plus qu’elles bloquent encore la situation. Loin d’être conformes aux besoins des citoyens. Sur la scène, beaucoup de bruit pour rien ! A la croisée des chemins, on ne sait plus à quel saint se vouer. Il y a longtemps que le feu couve sous la cendre et les citoyens demeurent en détresse. Voire un état dépressif s’empara de la société. En cause, les voix du changement se font, incessamment, entendre. En ce début de l’année, tout semble remuer. Et ce mois de janvier s’annonce assez chaud. Dans l’histoire du pays, c’est le mois qui fait froid dans le dos, celui des émeutes et des soulèvements. Peut-être bien qu’il coïncide souvent avec les surprises des budgets de l’Etat. Cette année, la liste des taxes et majorations fiscales nous laisse pantois.
La Transtu a commencé !
Pas plus tard qu’avant-hier, des perturbations survenues sur les lignes de la Transtu, Société des transports de Tunis, dues essentiellement au sit-in observé, à La Kasbah, par la Fédération du transport relevant de l’Ugtt.
Cette centrale syndicale qui fait toujours la pluie et le beau temps. Suite à son appel, les agents de la Transtu (bus et métros) étaient résolus à poursuivre leur mouvement jusqu’à ce qu’ils soient payés. Fort heureusement, cela n’a pas trop duré. Ils ont, d’ailleurs, repris, à partir d’hier. Faute de mieux, l’on s’attendrait, les 25 et 26 de ce mois, à une grève générale du transport terrestre, maritime et aérien. De même, les taxis individuels comptent, eux aussi, monter au créneau. Et ça risque de passer une ou deux journées sans voitures, si des stations-services seraient à sec. Et lorsque les transporteurs du carburant décident de débrayer jusqu’à la satisfaction de leurs revendications. De leur côté, les ouvriers de chantiers grincent des dents, sur le point d’entrer en action.
L’Ugtt, cette illustre organisation ouvrière dans le pays, s’apprête, elle aussi, à descendre dans la rue.
Ces derniers jours, son secrétaire général a multiplié ses apparitions médiatiques et ses mises en garde, signes avant-coureurs d’une série de mouvements sociaux attendus. Et là, on craint une certaine reprise des protestations régionales. Et un bras de fer sectoriel qui se profile à l’horizon. Faudrait-il, encore, craindre une deuxième révolution ? Pourtant, le chef de l’Etat voit les choses autrement. Certes, les semeurs de troubles courent toujours. Et ceux qui voient leurs intérêts menacés font tout en leur pouvoir, allant jusqu’à ménager la chèvre et le chou. L’essentiel est de parvenir à leur but.
On n’est pas sorti des sentiers battus !
Une décennie déjà, l’on revient, toujours, au même débat d’antan, avec les mêmes idées et préjugés figés. On n’est pas sorti des sentiers battus! Tout était au point mort ! On n’a jamais eu le courage de regarder les choses en face. Notre présent se conjugue au passé et l’avenir du pays se fait aux ordres des lobbies et évolue sous l’effet du choc. La démocratie n’est, en fait, qu’un vœu pieux que chacun réalise à sa façon. Et la liberté d’expression n’est pas encore libérée de ses clichés. Cela dit, l’homme est condamné à être libre, comme le disait Sartre. Mais la liberté incarne bel et bien le sens de la responsabilité.
Zitouni
4 janvier 2023 à 14:29
13 ans ? Le niveau d’arithmétique des journalistes a bien baissé…