Sécurité routière | Lutte contre les infractions : Il est temps de passer au numérique

 

Tout le monde peut constater qu’il est difficile de circuler en Tunisie. A bord d’une voiture ou à pied, on court de plus en plus de risques à cause du non-respect flagrant et croissant des règles de conduite. Le phénomène, malheureusement, va en s’aggravant.

La réalité des chiffres publiés régulièrement par les associations intéressées par l’état de nos routes et de la circulation routière est on ne peut plus claire. Les statistiques (sur lesquelles il est inutile de revenir) montrent, à n’en point douter, que nous sommes arrivés au summum de l’irresponsabilité et de l’inconscience. De nombreux automobilistes (pas que les jeunes) font fi de toutes les réglementations et de toute une panoplie de signalisations exposant, ainsi, leurs concitoyens aux plus graves dangers.

Des scènes incroyables

Ce fléau est en passe de franchir des seuils jamais atteints si l’on ne prend pas les mesures les plus strictes et les plus efficaces. On a déjà essayé tous les moyens disponibles pour freiner les abus commis quotidiennement par les chauffards mais les résultats ne sont pas à la mesure des attentes. Malgré des campagnes de sensibilisation et d’information menées par les ministères concernés ou par les associations et observatoires, les données enregistrées, chaque année, n’ont rien de rassurant. Les différents médias ont, d’ailleurs, mis en exergue ces chiffres et ce décompte macabre. 

Ce qu’il y a lieu de remarquer, toutefois, c’est que personne n’est épargné. Que l’on soit cycliste, automobiliste, piéton ou conducteur d’un quelconque véhicule, le risque de figurer dans les statistiques des accidents de la route est très élevé.

En effet, il ne suffit pas qu’une infime partie des usagers de la route observe scrupuleusement les règles de conduite. Car si l’écrasante majorité des autres utilisateurs n’en fait pas de même, cela devient absurde. Aujourd’hui, c’est, carrément, le chaos sur nos routes aussi bien à l’intérieur des principales villes que sur les autres axes routiers.

C’est à qui s’illustrera le mieux dans les infractions et les transgressions diverses du code de la route.

Le conducteur ordinaire, qui se limite à mettre en pratique ce qu’il sait en matière de conduite et ce qu’il a appris pour obtenir son permis, devient un extraterrestre pour les autres. Il est exclu de l’espace où les autres fous du volant évoluent. S’arrête-t-il à un feu rouge, il est klaxonné par ceux qui sont derrière lui. S’engage-t-il sur la route à un feu vert, il se trouve nez à nez avec une autre voiture en sens inverse qui s’arroge la priorité.

Comme une flèche, un autre véhicule le dépasse et se place, carrément, devant lui pour lui signifier qu’il ne sait pas conduire.

De telles scènes sont devenues le menu quotidien des conducteurs de voitures chez nous. Les étrangers qui viennent chez nous n’en croient pas leurs yeux quand ils voient un “bolide” surgir à leur droite pour se frayer un chemin en troisième (voire en quatrième) position parce qu’il ne peut pas attendre dans la longue file d’attente. 

C’est quoi, un feu ?

Les taxis collectifs (devenus célèbres dans ce sport national) ont explosé tous les records de non-respect des règles de bonne conduite. Ils sont libres sur la route. Elle leur appartient, et à eux seuls. Ils en font ce qu’ils veulent parce que personne ne viendra les déranger. Ils sont tellement pressés d’assurer le maximum de courses que la vie des autres n’a plus aucun sens pour eux. La vitesse est leur seul moyen d’arriver à gagner le maximum d’argent. C’est pourquoi ceux qui sont obligés de les utiliser pour leurs déplacements prient avant de monter !

Il ne faut pas croire qu’il n’y a que ces taxis qui commettent des abus sur nos routes. Les bus, les poids-lourds aussi sont incriminés. Mais les automobilistes (et ils sont nombreux) ne sont pas à exclure de la liste des contrevenants. 

Toutes les infractions possibles se comptent par centaines. Les feux de signalisation ne signifient plus rien. Qu’ils s’allument ou s’éteignent, les conducteurs n’en font qu’à leur tête. Aussi, ne croyez pas que vous avez la priorité avec le feu vert. Le danger peut venir de n’importe où. Ne croyez pas, non plus, que vous avez le droit de rouler à la vitesse autorisée sur un long parcours, car vous aurez, toujours, quelqu’un de plus pressé qui vous harcèlera à coups de klaxon et de feux de détresse.

De plus, ne soyez pas surpris par ce motard qui surgit à votre droite et qui vous oblige à ralentir pour lui céder le passage et lui éviter un accident.

Tout cela et plus se passe sur nos routes sans que l’on sente la moindre amélioration. Les mesures “répressives” ne seraient pas efficaces ou leur application n’est pas appropriée. Certes, on voit, parfois, la présence d’agents. Mais malgré tout, la dérive sur nos axes routiers dépasse toutes les limites.

Contraventions numérisées

Les moyens utilisés pour sanctionner les infractions n’ont pas donné les résultats escomptés. Ce qui veut dire qu’il faut changer de méthodes et adopter plus de rigueur.

L’utilisation de caméras aux feux rouges et sur les routes peut aider beaucoup à freiner l’ardeur de ces chauffards. Les contraventions seront, alors, numérisées (comme pour les radars) et la surveillance du respect des règles de bonne conduite sera observée.

Le recours aux moyens humains (les agents de la circulation) est nécessaire, mais il n’est pas suffisant et pas, toujours, dissuasif. Un conducteur fautif peut s’avérer un grand baratineur et éviter d’être sanctionné par les agents.  

C’est pourquoi l’installation d’un réseau de caméras peut donner de meilleurs résultats et assurer des recettes qui permettront d’améliorer la sécurité routière et relever la qualité des services.

D’autre part, la numérisation et l’utilisation d’applications sur les tablettes à utiliser par les agents seraient d’un apport non négligeable. Il est, donc, temps d’entrer de plain-pied dans l’ère du tout numérique en matière de sécurité routière. Un premier pas vient, justement, d’être franchi dans ce domaine. Puisque l’Association des ambassadeurs de la sécurité routière a mis sur pied une application visant  à collecter des données sur les accidents de la route afin d’élaborer la stratégie appropriée.

Il faut préciser que cette application a été développée en collaboration avec les principaux acteurs engagés dans ce domaine (Observatoire national de la circulation, police de la circulation, garde nationale).

Ces efforts (et d’autres) doivent se poursuivre pour lancer de nouvelles applications et techniques pour assurer plus de sécurité sur nos routes et mettre fin aux abus commis, impunément, par des chauffards inconscients et irresponsables.

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