Lors des visites techniques, il est rare d’obtenir le certificat de validité du premier coup. Même si la voiture est neuve. Le contrôleur trouvera, toujours, le moyen de vous recaler pour un tout petit détail…
C’est le moment le plus déplaisant pour les automobilistes et autres conducteurs de véhicules. Nous voulons parler de la visite technique des véhicules. Ce rendez-vous périodique est devenu la hantise des Tunisiens parce que malgré les changements socioéconomiques par lesquels passe le pays et la conjoncture plus qu’exceptionnelle que nous connaissons, les contrôleurs continuent d’appliquer des critères trop rigoureux et trop rigides. Les conditions de vie très difficiles ne sont pas prises en considération par cet organisme. Ni par le ministère du Transport ou par les autres autorités dites compétentes.
Soumettre son engin au contrôle technique fait partie d’une tradition suivie depuis plusieurs décennies. Chaque véhicule circulant sur nos routes doit être muni d’une autorisation certifiant son état technique.
Prendre conscience de la conjoncture économique
Dans les années précédant cette période (du moins ces trois dernières années), le citoyen pouvait accepter les diagnostics techniques établis par les employés de l’Agence technique des transports terrestres (Attt) même s’il y a de grosses réserves à émettre. Actuellement, ces mêmes agents et les responsables à tous les niveaux, qui sont derrière eux, doivent, obligatoirement, comprendre qu’il existe une conjoncture vraiment particulière qu’il faudrait prendre en compte.
Certes, on pourra disserter longuement sur les risques d’un assouplissement des critères de visite et sur les risques qu’il pourrait engendrer. Mais il n’en est pas moins important de souligner la nécessité de mettre dans la balance l’état financier catastrophique des utilisateurs de véhicules. Suite à toutes les difficultés économiques subies par le pays, ces derniers n’arrivent plus à faire face aux besoins les plus élémentaires de leur vie de tous les jours.
Et comme, par hasard, s’ils sont parvenus à un moment de leur vie à acquérir une voiture particulière, ils se trouvent devant un dilemme. Faut-il se débarrasser de ce moyen de transport ou assumer les dépenses trop exorbitantes qu’il occasionne ? La réponse n’est pas simple. La voiture particulière dont il dispose et qu’il a consenti plusieurs sacrifices et privations pour l’acquérir, s’est transformée en un véritable gouffre financier. Il ne peut pas s’en passer, car l’état catastrophique et la qualité lamentable du transport public ne lui laissent guère le choix.
Lors des visites techniques, il est rare d’obtenir le certificat de validité du premier coup. Même si la voiture est neuve. L’employé trouvera, toujours, le moyen de vous recaler pour un tout petit détail. On a l’impression que l’on cherche la petite bête. Mais si votre voiture est ancienne, attendez-vous à toutes les surprises. La liste des défauts sera des plus longues. Sur ce point, il y a lieu de noter que ces défauts ont un lien avec la sécurité. Soit !
Priorités
Or, les contrôleurs relèvent pêle-mêle ces défauts. Dans une conjoncture socioéconomique ordinaire on n’aurait pas à en dire grand-chose. Mais vu la situation il faudrait revoir les critères de contrôle des véhicules vers plus de souplesse et repenser les priorités. Il y a des aspects stricts pouvant entraîner des dangers mais sur certains autres points, il est possible d’introduire des dispositions exceptionnelles visant à épargner aux automobilistes de payer le prix cher pour obtenir leur certificat de circulation.
Quand on voit des contrôleurs exiger l’enlèvement de la boule destinée à relier une remorque ou déceler une corrosion excessive pour une voiture qui n’a pas dépassé les cinq ans d’âge (c’est arrivé à l’un de nos amis journalistes), on ne peut qu’être sidéré.
Des centaines de véhicules avec des boules de remorquage à l’arrière circulent sur nos routes et dans le monde entier. Est-ce une priorité à l’heure actuelle qui permet de sanctionner les propriétaires de véhicules ?
On ne répétera jamais assez que pour l’heure il y a urgence d’agir autrement en matière de contrôle. D’abord, il ne faut pas oublier que pour chaque visite technique, les recalés sont obligés de dépenser des centaines de dinars pour effectuer les réparations imposées par les examinateurs. Pour certaines de ces réparations il n’y a pas urgence. Nos responsables vivent hors du temps et ne savent, peut-être pas ou savent, que les pièces de rechange ne sont pas à la portée de tous.
Dans ce domaine, c’est la dérive totale des prix. De plus, personne, aujourd’hui, n’est en mesure de changer sa voiture. Les prix débouteront plus d’un. Un salarié appartenant à la catégorie de ce qu’on appelle la classe moyenne n’arrivera jamais à mettre de côté les 50 ou 60.000 dinars minimum pour acheter une nouvelle voiture. Même s’il recourt aux prêts ou au piège des voitures dites “populaires”. Seules les catégories sociales aisées ou appartenant aux professions libérales ou aux nouveaux riches peuvent s’offrir les derniers modèles avec toutes les options possibles. Ce qui n’est pas le cas de l’écrasante majorité des Tunisiens, propriétaires de voitures modestes ou désirant accéder à ce moyen.
Trouvera-t-on un écho favorable ?
Ainsi donc, mine de rien une visite technique (ou une revisite) lui coûte, facilement, les yeux de la tête. Si on ajoute la vignette et l’assurance, etc., on ne s’en sortira plus. C’est pourquoi on s’attend, pour une fois, à une réaction constructive du ministère du Transport pour prendre des mesures exceptionnelles pour cette période difficile que traverse le pays. Si les conditions économiques s’améliorent, on pourra revenir au système ordinaire. Mais il suffit de regarder la grille des tests à effectuer sur la voiture, il est impossible pour la plupart des véhicules d’être exempts de défauts aux yeux des contrôleurs. D’où l’urgence d’adopter une nouvelle grille de contrôle (provisoire), le temps que la crise multidimensionnelle se résolve, qui prendrait en compte le pouvoir d’achat des Tunisiens.
En outre, on ne finira pas sans noter que le délai de 48h accordé aux automobilistes pour effectuer les réparations et bénéficier d’une revisite gratuite est insuffisant. Car, en vérité, il ne s’agit que d’un jour. Ces 48h comprennent, en effet, le jour de la première visite et le jour de la revisite. Ce qui fait que l’automobiliste ne dispose que d’un seul jour. Nécessité, alors, d’accorder un vrai délai (trois jours, par exemple).
Ces remarques méritent bien d’être prises au sérieux et d’avoir un écho favorable auprès des responsables. A bon entendeur, salut !
Benchadli M'hamed
23 janvier 2023 à 17:50
Votre titre est trompeur. Il est faux de dire que « il est rare d’obtenir le certificat de validité du premier coup. Même si la voiture est neuve ». J’ai une voiture qui a 46 ans, une autre 16 ans, et une autre 4 ans. C’est la première fois que je suis recalé pour un bras de suspension, et j’en remercie l’agent qui était en charge du contrôle. Je le remercie encore plus pour m’avoir indiqué avec précision le défaut, et il était réel, avec risque pour la conduite. Et cela se passait au centre de Bir Kassaa, qui est en plein travaux pour le renouvellement des équipements de contrôle, la semaine dernière.
Je suis retraité et je n’ai rien à voir avec les services des transports, mais quand il faut reconnaitre les bonnes pratiques je suis présent.
Vous devriez avant d’affirmer quoi que ce soit aller vérifier par vous même en faisant un vrai travail journalistique en profondeur.
Cordialement.