Le dernier rapport de l’agence de notation financière Standard and Poor’s sur les perspectives économiques et financières de notre pays n’est pas à négliger du tout. Tant qu’on a choisi de passer par le FMI et par le système financier infranational, il faut accepter et respecter ce que disent ces agences de notation habilitées à mesurer les risques financiers et la possibilité de solvabilité d’une économie. Cette agence met encore une fois le voyant rouge : le déficit budgétaire atteint et dépasse la barre des 10% du PIB, et pire, nos banques, premier bailleur de fonds en liquidités pour le gouvernement, risquent très gros si la Tunisie n’encaisse pas les 1,9 milliard de dollars du FMI. Ce qui est inquiétant et angoissant même, c’est qu’on prédit en quelque sorte le scénario de l’effondrement du système bancaire qui se trouvera sans liquidités si le gouvernement se trouve en situation de cessation de paiement. Est-on encore dubitatif sur la gravité de la situation économique tunisienne ? C’est une alerte (la énième), une sorte de rappel aux dirigeants pour accélérer les délais et arrêter de traîner. Nous avons un accord de principe avec le FMI, et cet accord semble se transformer en veto si la partie tunisienne n’entérine pas le portefeuille de réformes douloureuses mais indispensables. Il y a aussi la partie confiance et crédit de la Tunisie auprès des places financières internationales : si l’on continue avec cette inflation galopante et cette productivité minimale, associés à l’inefficacité des entreprises publiques, on en arrivera bientôt au scénario libanais où les banques, qui ne pourront pas encaisser leurs créances auprès du gouvernement, ne seront plus aptes à honorer leurs engagements face aux clients et épargnants.
Ce sera une spirale triste qu’on peut éviter si l’on signe ce fameux accord et que l’on applique un plan drastique en termes de compensation, d’entreprises publiques en vue d’un équilibre macroéconomique, notamment le déficit budgétaire. La Tunisie a besoin d’un soutien financier international et de remettre de l’ordre dans son économie pour passer cet écueil et ce flou qui nous font perdre beaucoup de temps. La perche tendue par le Qatar, qui promet de verser des fonds, est une bonne nouvelle qui attend confirmation. C’est déjà quelque chose qui peut réinstaurer la confiance en notre économie, mais le vrai déclic sera d’atteindre l’accord avec le FMI. Il n’y a pas que l’argent promis par le FMI, il y a aussi ces ressources dilapidées partout, ces fonds perdus et qui attendent d’être récupérés. Mais le plus important est de gagner du temps et arrêter avec ce flou coupable. Si les banques tunisiennes s’effondrent, c’est toute l’économie qui sera à genoux. Attention, attention !