Crise de l’enseignement et société civile : Les appels de détresse se multiplient

 

Ce qui se passe dans le secteur de l’enseignement met en péril toute la société tunisienne. Il est temps que ce jeu de massacre s’arrête par n’importe quel moyen. Les organisations nationales se mobilisent pour faire pression sur certains syndicalistes responsables jusqu’au-boutistes.

Il est désormais clair que les espoirs de résoudre le conflit entre le ministère de l’Education et les deux syndicats de l’enseignement de base et de l’enseignement secondaire s’éloignent de jour en jour.

Appel au bon sens

L’opinion publique, la société civile qui s’intéresse à ce domaine, les parents, une grande majorité des enseignants eux-mêmes ne cachent plus leur profonde exaspération. Face à ce qui ressemble beaucoup plus à un entêtement de ces deux syndicats, de nombreuses voix s’élèvent pour qu’il soit mis fin à ce bras de fer dont on ne voit pas l’issue. 

Tout le monde, il est vrai, est à bout de patience. Il devient inacceptable de continuer à gérer indéfiniment cette crise qui n’a que trop duré et a causé de grands préjudices à nos enfants et à tout le système éducatif pour lequel le pays ne cesse de consentir les plus grands sacrifices.  Le fait de parler ainsi et de souligner la gravité des événements ne signifie nullement que l’on cherche à porter atteinte à la légitimité des revendications syndicales et au droit sacré de défendre les droits des travailleurs. Personne ne pourra se ranger du côté du non-respect des valeurs authentiques pour lesquelles nos grands syndicalistes ont payé un lourd tribut. Nous avons, tous, en mémoire les moments héroïques de la lutte pour l’indépendance et les autres grands rendez-vous avec l’histoire de personnages aussi illustres que ceux qui ont été à la tête de la mobilisation du 26 janvier 1978. 

Les Tunisiens ne doutent à aucun instant du patriotisme des syndicalistes authentiques. Ils gardent encore cet espoir de voir cette grande organisation agir dans le sens d’un meilleur encadrement de ses bases et de ses adhérents.

L’impression qui se dégage, aujourd’hui, est celle d’une dérive. Chaque syndicat semble un électron libre qui n’a de compte à rendre à aucun responsable plus haut placé ni à aucune structure d’encadrement.  

La situation actuelle est de la plus extrême gravité notamment pour le secteur de l’enseignement. Certes, les nombreuses grèves et autres perturbations au cours des dernières années ont pesé lourd sur l’économie du pays. La grande pression exercée par les différents mouvements syndicaux a eu l’effet très négatif que tout le monde peut constater. Le pays peine à se relever et à sortir de l’impasse où il se trouve.

Or la voix de la sagesse veut qu’il y ait cet instant crucial : que chacun se regarde en face et prenne la décision qu’il faut. Cette décision peut et doit venir de la Centrale syndicale elle-même. En tant qu’organisation nationale et responsable, elle est tenue de fixer les limites des actions de ses diverses structures. 

L’urgence est telle aujourd’hui qu’elle nous impose, tous, le devoir de sauver le pays du chaos.

Le silence de l’Ugtt

Le sort subi par notre enseignement nous incite à agir au plus vite. Sans attendre. Le temps presse et rien n’est fait pour sortir de la crise.

Notre école passe par les plus grandes difficultés et il n’y a aucune solution en vue. Bien plus, tous les indices montrent que l’on se dirige vers le pire.

C’est pourquoi on espère une initiative sérieuse et rapide de la part de la Centrale syndicale. 

En effet, il serait plus sage que la solution vienne de là au lieu de voir d’autres interventions plus ou moins inappropriées ou malvenues.  Le Bureau exécutif de l’Ugtt ainsi que le S.G ne peuvent pas rester insensibles à ce drame qui perdure dans nos établissements scolaires. La voix de la raison devrait prévaloir.

On comprend ainsi le désarroi des parents qui ne savent pas quoi faire pour l’avenir de leurs enfants. On comprend, également, les mesures prises par certaines composantes de la société civile qui ont choisi de s’adresser directement au Chef de l’État. C’est quasiment un appel de détresse. La justice, quant à elle, brille par son absence. Aussi, la société civile s’est-elle vue obligée de poursuivre en justice la Fédération générale de l’enseignement secondaire (Fges).

L’Organisation tunisienne de l’éducation et de la famille (Otef), elle aussi, a décidé de passer à l’action en tentant des pourparlers avec l’Ugtt et en appelant à l’intervention directe de la Présidence de la République. 

Pour l’heure, rien de concret n’a été fait. Les déclarations trop optimistes du nouveau ministre de l’Education (ancien syndicaliste) concernant l’efficacité du “dialogue avec les représentants de la famille éducative” ne parviendront pas à rassurer les parents ou les autres Tunisiens. Ces derniers ont longtemps observé ces feuilletons interminables de négociations avec des gouvernements qui signaient n’importe quoi avec des syndicats superpuissants. Mais au final aucune mesure ne sera appliquée. 

Ce n’est pas, aujourd’hui et immédiatement, que tout doit être résolu. Notre système éducatif ne peut plus supporter de vivre sous une menace constante de boycotts, de grèves et d’années blanches. Tout le monde doit le comprendre et à chacun d’assumer ses responsabilités sans plus tarder. Évitons de tomber dans le piège des réactions violentes et intempestives ou encore dans les bras de fer inutiles.

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