Prestation de services: ‘‘Bleus de chauffe’’ roublards, ‘‘cols blancs ignares’’

Qui donc parmi nous n’aurait pas été arnaqué par ces pseudo-techniciens, surtout ambulants, ayant pour tout fonds de commerce    un portable, une motocyclette, flanqué d’une caisse à outils.

Ceux-ci généralement ramassés à vils prix auprès des marchés aux puces, disséminés à travers nos souks hebdomadaires. Les spécialités les plus touchées par ce fléau social endémique, allant crescendo, sont celles les plus sollicitées par nos ménages.

Les plombiers, des ‘‘casse-têtes’’ en tête

J’en cite, à titre indicatif, la plomberie sanitaire où nos « messieurs sans gêne » battent tous les records de la tricherie, la climatisation entre le chaud et le froid, le dépannage électrique (et surtout électronique réparation de postes de télévision et d’ordinateurs), etc. Et dès que le visiteur imposteur, appelé à la rescousse, s’aperçoit que son éventuel pigeon est un analphabète technique, ne sachant quoi faire de ses dix doigts, à l’instar de l’auteur de cette prose et beaucoup d’autres comme lui. Qui, on dirait nés rien que pour noircir des feuilles blanches et se laisser abandonner à leurs inséparables claviers, bonjour alors les surprises avec son cortège de dégâts !

L’astuce généralement utilisée par ces attrape-nigauds consiste à s’esquiver à la négociation préalable des frais de réparation.

Le filon payant !

Souvent, ils se retroussent les manches et, hop ! ils se précipitent plus vite que le vent sur le chauffe-eau ou la chaudière à dépanner, motus et bouche cousue, pour démonter l’un ou l’autre. Histoire de se laisser une marge de manœuvre pour l’estimation du montant des frais a posteriori. Et, au cas où le maître des lieux insisterait sur la nécessité d’une négociation préalable et à la bonne franquette, le maître tricheur aurait la réplique sur le bout des lèvres : ‘’Monsieur il me faut tout démonter pour voir un peu ce qu’il y a comme défauts là-dedans. Il faut ce qu’il faut. Je ne vais pas vous réclamer plus qu’il n’en faut. Je ne suis pas n’importe qui. Moi je crains Dieu et je ne rate aucune de mes cinq prières. (sic !)’’. «Je n’en doute pas, monsieur, le rassure l’hôte. Ça se voit. Votre imposante barbe, avec le remarquable signe de piété, le tampon rouge marqué sur votre front en témoignent suffisamment».

Goal! Contre le ‘‘col blanc’’ !

Et dès que tout le bazar est étalé pêle-mêle par terre, le «bleu de chauffe», enfilé, pour la circonstance, dans un «jilbebe» d’un incontestable «fidèle » digne du fameux Tartuffe de Molière, se met à imposer son diktat : une bien rondelette somme, pas beaucoup moins que le prix d’une chaudière mixte usagée, presque flambant neuve ! C’est ainsi que l’intervention s’achève fatalement en queue de poisson ! Après les palabres, les négociations interminables et les échanges d’accusations, la scène finit par mettre au pied du mur le malheureux «col blanc» devant le fait accompli ! Et rien de plus équitable, surtout par ces temps de disette de sous, que les négociations a priori !

Comme une règle plate !

Tenez, et toujours dans le même registre, un mien confrère et non moins frère vient de me raconter son histoire avec l’un de ces pseudo-plombiers, toujours les mêmes «vedettes» de la roublardise. Parmi ceux, nombreux, qui, entre autres, sillonnent dans tous les sens la belle cité de Korba, en quête de proies et d’argent faciles. Les louables et frappantes caractéristiques du bel ami, c’est qu’il est un remarquable homme de principe. Il est aussi droit qu’une règle plate. Il se tue pour préserver les droits d’autrui. Et, a fortiori, il remue ciel et terre pour préserver les siens. Ses ennemis jurés sont, outre les escrocs et les imposteurs, la majorité silencieuse toujours indifférente vis-à-vis de la tromperie et la roublardise. Il qualifie cette attitude non citoyenne de fâcheux silence complice. Accusant ces éternels ‘‘muets’’ d’ajouter de l’eau aux moulins des margoulins.

En électron libre

Il a tellement brillé par sa plume, toujours prête, virulente à dénoncer avec un rare acharnement les gros ventres et margoulins invétérés et à défendre bec et ongles les consommateurs et les crève-la-faim, qu’il a été constamment sollicité par l’organisation ad hoc pour en renforcer le bureau et lui prêter main-forte, à travers surtout sa plume si percutante et si allergique à la fraude économique et à la spéculation. Son refus catégorique ne s’est pas fait attendre. L’argumentant par son souci indéfectible de continuer sans relâche de faire ce qu’il fait en tant qu’électron libre, délié de toute obligation de réserve. Lui offrant la latitude de défendre la cause du consommateur. Et aussi, de dénoncer les éventuels dérapages des défenseurs officiels de la même cause.

Pour « couvrir» ses arrières…

Longtemps cuit par les motards roublards, le bel ami s’est résolu cette fois-ci de tenter sa nouvelle aventure au moindre risque d’être floué, en misant sur l’intermédiation d’un «piston» assez connu, ayant pignon sur rue. C’est à la quincaillerie la plus proche de son logis qu’il atterrit.

Deux minutes pour 30 D…

Là, le maître des lieux, un brave jeune homme fraîchement diplômé au bout d’un cycle de formation en plomberie sanitaire, l’accueille à bras ouverts, se porte illico volontaire pour lui faire garantir des services convenables et rapides, lui procurant de l’eau chaude dans sa salle de bains, par un sale temps hivernal si glacial. Bref, après les recommandations d’usage et les recommandations par son fils, le bonhomme se présente au maître des lieux ayant hâte, ainsi que les siens, de prendre sa douche. Deux minutes plus tard, le «bleu de chauffe» lance à l’adresse des occupants des lieux : «Ouvrez le robinet d’eau chaude ! «C’est bon ! Ça y est ! Merci ! Lui réplique-t- on avec moult soulagements.

De l’argent pour rien…

Le visiteur quitte aussitôt la niche de travail et réclame une trentaine de dinars, prétextant avoir changé une pièce qu’il n’a jamais spécifiée. Et dont il s’est abstenu de remettre celle avariée selon les règles de métier. Après discussions, le plombier s’est contenté d’empocher, la mort dans l’âme, uniquement vingt dinars. Et l’on a tôt remarqué que le montant déboursé n’était pas mérité. Puisque, dans la soirée, personne n’a pu «se doucher» because l’eau chaude s’est entêtée à «déclarer forfait»… Les appels répétés adressés au principal intéressé, relayés par ceux du gentil quincailler, du reste, mort de regret de s’en être mêlé, n’ont jamais persuadé le malhonnête plombier de la nécessité absolue de s’empresser de «réviser sa copie» ou de restituer au client l’argent mal acquis. C’était peine perdue! Pas âme qui vive… Le bonhomme, aux abonnés absents !

Promesses de Gascon !

En désespoir de cause, il courut plus vite que la musique vers le poste de police territorialement compétent, en l’occurrence celui de Korba Nord (dit Ennafoura), pour appeler à la rescousse le chef du poste de police. Là aussi, aucune solution amiable n’a pointé à l’horizon ! Malgré la bonne volonté du monde et l’enthousiasme du brave commissaire pour régler le litige. Et même les promesses de remboursement faites à distance à l’interpellant se sont avérées des promesses de Gascon ! Le plaignant, loin d’être disposé à jeter du lest, s’est résolu à attaquer l’imposteur en justice. N’étant pas prêt à prêter le flanc à l’arnaque, abstraction faite de son montant.

Le parcours du combattant !

Ceci dit, maintenant que nous avons presque tout dit dans ce récit, il nous reste d’ajouter les éléments les plus importants sous forme d’interrogations: Jusqu’à quand ces voleurs volants et ambulants continueront-ils à nous duper et à «sucer notre sang» au clair du jour et du soleil, impunément ? Et même, si vous lancez un SOS à l’Organisation de défense du consommateur, aujourd’hui en hibernation et la voix presque en extinction, on vous dira qu’on ne peut rien contre les opérateurs dans le noir.

Et notre seul et unique moyen d’intervention coercitive est de retirer la patente aux fautifs ayant pignon sur rue. Côté police, on vous renvoie à la justice. Etant toujours débordée et ayant beaucoup de chats noirs à fouetter, prioritaires à nos vils prestataires dans le noir, la justice, pour sa part, met beaucoup de temps pour vous rendre justice.

Prendre le taureau par les cornes !

Ceci étant, il serait grand temps de prendre le taureau par les cornes et éradiquer le mal qui ronge depuis toujours, et au quotidien, nos budgets ménagers, sans raison aucune. D’ailleurs, il n’y a pas que les ‘’bleus de chauffe’’ qui papillonnent autour de nous qui nous sont nocifs. Nous «cohabitons» aussi éternellement avec moult peines, avec cette faune d’apprentis mécaniciens non qualifiés, payés au rabais, par des maîtres patentés, pour tripoter à l’aveuglette nos véhicules et les esquinter sous un contrôle patronal laissant à désirer.

Le B3, une exigence incontournable

Il serait ainsi recommandé de recenser minutieusement ces prestataires ambulants et non ambulants confondus dans les diverses spécialités techniques, dans chaque région. Aux fins de les soumettre à des tests professionnels dans nos institutions de formation. En cas de réussite des postulants et surtout de virginité de leurs bulletins numéro 3, ceux-ci se feraient délivrer des cartes d’aptitude professionnelle, les autorisant à pratiquer leurs métiers dans la légalité, avec l’obligation de régler régulièrement leurs impôts.

«Play-Off !»

En cas de tests non probants, les malchanceux pourraient saisir la chance de se rattraper au moyen d’un complément de formation dans nos centres ad hoc. Ils seraient alors alignés aux autres dès lors qu’ils auraient rempli les mêmes conditions. Pour le reste, les marginaux, s’étant abstenus à adhérer à la règle du jeu, seraient «sifflés hors jeu !» et interdits de pratiquer «leurs» métiers. Quant aux récalcitrants, ils ne risqueraient guère de chômer. Ils auraient tout le loisir d’exhiber leurs biceps dans les travaux de bâtiment et autres, ne nécessitant pas de qualifications.

Au final, cette formule dont la suggestion (à quelques détails près) ne date pas d’aujourd’hui est hélas demeurée un vœu pieux, digne de la Mère Thérèse, depuis belle lurette. Il devient à présent plus qu’impérieux pour nos décideurs de l’étudier attentivement et, le cas échéant, la mettre en exécution. Si l’on entend mettre le holà dans cette situation anarchique de plus en plus insupportable. Et couper l’herbe sous les pieds de ces aigrefins et hors la loi qui nous déplument à tour de bras, sans que nulle âme officielle ne bouge le petit doigt.

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