Ce fut une bien belle nuit : dans les hauteurs de Dar Jeld, un trio international enchantait notre soirée : Malek Lakhoua, le Tunisien, à la batterie, accompagnait le Suisse Andreas Waelti, à la basse, et l’Américain Kyle Schafer au piano. C’était joyeux, jubilatoire, animé de belle complicité et d’un bonheur évident.
Pour ces Tunisian Vibes, le Kyle Schafer Trio avait choisi une interprétation inédite et originale, un mixage nouveau entre différentes influences churchy, jazz, blues, rock, au service de la beauté des mélodies classiques de Sadok Thraya, Salah Farzit ou Hédi Jouini. Ou même de rythmes plus récents comme «ya Errayah» algérien.
Kyle Schafer et Malek Lakhoua, visiblement complices, et semble-t-il déjà rodés à jouer ensemble, se livraient à une véritable battle musicale, jouant à se surprendre l’un l’autre, à se défier, tout en clins d’œil, sourires entendus, à se pousser du col, à qui irait plus loin, plus vite, plus fort, sans jamais perdre le fil d’une harmonie miraculeuse, et le plaisir évident d’une belle performance. Andreas Waelti était l’élément structurant de ce magnifique délire musical, arbitre de leurs envolées, pilier de leur architecture mouvante et volatile, point de convergence et de stabilité de leurs digressions.
Le public—la salle était pleine—refusa de partir sans un rappel et un dernier morceau, et dans les rues de la Médina, on entendait chantonner sur le chemin du retour.