Le 6 mars 2018, le ministre (oui le ministre) de l’époque annonçait en grande pompe que la carte «Labess» élaborée et conçue par les services de la Cnam allait participer à la lutte contre la corruption et la fraude. Et depuis, on ne voit rien venir !
Cette carte sera de nature à préserver les droits des affiliés, améliorer la qualité des services, et bien entendu éviter les confrontations inutiles, nées de la pression qui sévit habituellement auprès des guichets.
Enfin, avions-nous pensé, l’informatique allait servir à quelque chose, étant donné que les détails fournis lors de la conférence tenue pour annoncer cette nouvelle étaient importants. La nouvelle carte vitale mise en forme comporte sur une de ses faces un code bi-dimensionnel signé électroniquement. C’est un code 2D-Doc généré avec la solution «QRSecure et ayant un caractère juridique grâce à l’arrêté du 21 février 2018. Un algorithme de hachage est utilisé pour calculer l’empreinte des données protégées».
Est-elle en vigueur ?
Toutes ces précisions savantes ne disent pas grand chose à l’adhérent. Pour lui, le fait de s’éviter des heures d’attente, tout en étant souffrant, ou ayant des engagements familiaux auxquels il ne peut se soustraire, est le plus important.
Lundi 22 avril 2019, le chef du gouvernement en personne a annoncé que «3 millions d’affiliés bénéficieront de l’accès aux soins, grâce à cette carte et qu’ils seront soulagés des difficultés qui avaient entaché la qualité des services au temps de la carte en papier».
«92 établissements de santé publique et six cliniques relevant de la Cnss ont commencé l’utilisation des cartes “Labes”», c’est ce qu’a affirmé M. Fethi Chetouan, directeur de la planification et de la qualité auprès de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam).
Le 20 avril dernier, l’intervenant a annoncé que chaque citoyen disposant de cette carte électronique, peut la présenter en lieu et place de la carte en papier ( ?!). Il précise que la Cnam a mis à la disposition des établissements de santé publique des lecteurs électroniques pour utiliser les cartes «Labes». A cet égard, a-t-il poursuivi, la Cnam a entamé une période d’essai de cette carte depuis le début de l’année en cours. 60 médecins de famille à Bizerte, Médenine, Djerba et Sfax l’utilisent. La Cnam a déjà distribué plus de 1.600.000 cartes. Cependant, la moitié des assurés sociaux n’ont pas encore retiré leur carte des bureaux de poste.
Pas encore !
Tout récemment, le 11 de ce mois, nous nous présentons avec la carte «Labess» aux services de la Cnam Ariana. On nous affirme qu’elle n’est pas encore en service et qu’il fallait renouveler celle qui est en papier pour accéder aux services que l’on veut. Autrement dit, tout ce qu’on a raconté depuis le 6 mars 2018 était de la… blague ! Où en sommes-nous vraiment ? Ne faudrait-il pas que l’on dise vérité aux adhérents ?
Il se peut que quelque chose cloche.
Qu’il manque quelques éléments ou que des difficultés techniques soient survenues au dernier moment, ce qui demeure en contradiction à ce qu’on a annoncé, cela est acceptable à la limite. Mais ce n’est point une raison de se taire, de tout balayer d’un revers de main et de répondre par des mimiques étonnées aux questions que se posent les adhérents. Il faut le dire. Comment soutenir qu’il y a des établissements qui l’utilisent, alors que les adhérents continuent à souffrir face à des guichets d’accueil dont la moitié est fermée.
Un guichet pour les renouvellements
Attendre son tour, le moral au plus bas, à la réception du ticket, vous précisant qu’il y a plus de soixante personnes devant vous, cela n’a rien de fonctionnel et dénote un irrespect total de ceux qui passent de longs moments à attendre, non pas pour demander des nouvelles de dossiers qui traînent, mais pour un simple renouvellement de carte.
Au siège de la Caisse à l’Ariana, jeudi, une maman, tenant son bébé, était venue. Elle cherchait désespérément son gamin qui, profitant d’un moment d’inattention, s’est éclipsé et est sorti dans la rue où règne une circulation automobile infernale. Elle était désemparée et il a fallu qu’une dame se porte volontaire pour aller voir où se trouvait le gamin qu’elle a ramené au grand soulagement de sa mère. Elle était venue pour mettre à jour son dossier et renouveler sa carte. Pourquoi n’y a-t-il pas un guichet qui s’occupe exclusivement du renouvellement des cartes? Le fait de renouveler une carte n’a rien de génial et même s’il y a des dépassements à rembourser, l’adhérent peut le faire sur place et gagner du temps.
Un peu plus d’égard, svp !
Encore une fois, et au risque de nous répéter, il y a malheureusement des réflexes qui tiennent bon, en dépit des mesures que l’on annonce de temps à autre pour, soi-disant, faciliter la vie des adhérents ou même des citoyens qui souhaitent avoir recours à l’administration. Tant que les premiers responsables resteront cloîtrés dans leurs bureaux, qu’ils ne prendront pas la peine de descendre de leur piédestal et d’observer, de noter, d’enquêter en direct pour améliorer les services et aller au-devant des attentes des visiteurs, il n’y aura pas de changement.
Terminons par ce qu’un citoyen avait dit en quittant un des guichets des lieux «la seule chose qui marche dans cette boîte, c’est le guichet qui nous remet les tickets»
Sans commentaires.