Beaucoup de nos concitoyens vivant dans la précarité sociale ne trouvent que les cafés pour se dérober à leurs soucis et dissiper leurs craintes face à l’avenir. Mais une chose est vraie : ces espaces s’érigent en un forum d’échange et de communication.
Ce n’est ni Ramadan, ni l’été. Et pourtant, les cafés sont bondés et pleins à craquer, ces dernières semaines. Les hommes s’agglutinent souvent dans ces espaces clos pour se ressourcer, chasser les mauvaises idées et surtout pour «tuer le temps». Mais c’est la plupart du temps en fin de journée ou les week-ends que ces lieux de détente et de farniente font le plein.
La fréquentation des cafés et des salons de thé a explosé, sous nos cieux, notamment après la Révolution, ce qui a favorisé un sentiment péjoratif sur le comportement de certains Tunisiens, perçus comme des individus qui rechignent parfois à l’effort et à l’investissement personnel. C’est la résultante du chômage et de la précarité d’emploi le plus souvent, surtout pour ceux déscolarisés ou ceux n’ayant pas accédé à la formation professionnelle. Voire ceux hors des circuits d’apprentissage. En attendant, faute d’espaces de vie en ville, les cafés sont devenus des endroits de refuge et rarement manqués. Même en plein temps de travail.
Envie de détente ou lassitude ?
En ce début de semaine, à 16h00, dans un café animé et chaleureux de l’Aouina, les tables sont presque toutes occupées. Deux heures plus tard, il faut patienter pour avoir une place à l’intérieur. Ici, les prix pratiqués sont corrects, ce qui attire une clientèle de plus en plus nombreuse. Hormis la traditionnelle boisson noire, on y fume du chicha, des clopes à droite et à gauche de la salle, on joue même aux cartes, beaucoup moins. Le tout dans un grand vacarme relativement jovial et apaisé. Les écrans placardés sur plusieurs côtés qui, sur fond de sons et d’images, agrémentent l’espace. Comme si ce dernier est un vivier de retrouvailles et source du bien-être du Tunisien, accro d’événements sportifs locaux et internationaux et d’infos télévisées qui défilent en boucle…
Seuls les salons de thé sont généralement un lieu de mixité. Car, sans que cela ne soit franchement mentionné nulle part, les cafés du coin et du quartier, appelés couramment «maqhas» en dialecte tunisien, sont à 100% des espaces masculins par excellence!
2 g de café par jour
Pourtant, à l’étranger, notamment en Amérique du Nord comme à Montréal et tant d’autres métropoles au Canada, les rues de la ville sont vides de monde en plein jour. Tous au travail «indoor», soit à l’intérieur des bâtiments et bureaux administratifs, où les cafés ne disposent pas de terrasse, ce qui contraste avec chez nous et même les grandes métropoles européennes. En Tunisie, une étude menée en 2019 a montré que 97% des personnes interrogées ont l’habitude de fréquenter les cafés et les restaurants. Il faut savoir également que chaque Tunisien consomme en moyenne 2 g de café par jour. Une boisson qu’on boit avec dégustation, mais aussi avec laquelle on noie son chagrin…