Pénurie d’eau dans la région Mena | L’alternative du recours à l’eau virtuelle…

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Le rapport de la Banque mondiale sur la pénurie d’eau dans le Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord souligne que la région Mena a de plus en plus recours aux importations d’eau virtuelle — l’eau utilisée pour la production de produits de base tels que les céréales — qui ont doublé entre 1998 et 2010. Mais la dépendance à l’égard des importations d’eau virtuelle expose les pays à des problèmes d’approvisionnement, comme ceux provoqués par la récente guerre en Ukraine.

En effet, depuis des années, les pays de la région Mena comptent sur des niveaux croissants d’importations d’eau virtuelle et ont recours à des prélèvements d’eau non durables. Mais le recours à ces importations croissantes d’eau virtuelle et les prélèvements non durables d’eaux souterraines ont permis aux responsables des politiques de la région de retarder les réformes de la gestion de l’eau et des services d’eau.

Des communautés entières d’agriculteurs constatent que les sources d’eau, dont ils dépendent depuis des générations pour leur subsistance, s’épuisent ou disparaissent rapidement. Les citadins sont quelquefois descendus dans la rue pour réclamer des services de base, tandis que les services publics de l’eau sont incapables de couvrir leurs coûts d’exploitation et de mobiliser les financements nécessaires pour améliorer les services d’approvisionnement en eau et d’assainissement.

De toute façon, les régimes de gestion de l’attribution de l’eau entre des besoins concurrents sont principalement définis par l’Etat qui détient les infrastructures hydrauliques d’envergure. La pénurie d’eau que connaît la région n’a pas favorisé l’émergence de marchés de cette ressource. L’agriculture, l’industrie (en particulier le secteur pétrolier), l’approvisionnement en eau et l’assainissement sont en concurrence pour l’accès à l’eau contrôlée par l’Etat en l’absence de mécanismes de marché. Les régimes actuels de gestion de l’attribution de l’eau à la fois dans l’agriculture et entre les secteurs ne sont pas viables à long terme, car la disponibilité de l’eau en tant que ressource est dépassée par sa consommation.

C’est pourquoi ce rapport se penche sur la persistance et la gravité de la problématique de l’eau dans la région et appelle à mettre en œuvre des idées et un raisonnement nouveaux afin de résoudre les enjeux institutionnels liés à l’application d’outils de l’économie publique autres que les outils économiques classiques de la concurrence fondée sur le marché.

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