Pénurie dans les boulangeries : Et si on consommait selon nos besoins ?

 

La fabrication du pain, aliment essentiel des Tunisiens, a été perturbée ces derniers jours en raison d’une pénurie de blé dur. Mais il semble que la crise soit derrière nous.

Dans les boulangeries ce dimanche, il y avait des files d’attente à n’en plus finir. Pour les Tunisiens, il fallait se réveiller tôt et oublier la grâce matinée, pour pouvoir rentrer fièrement à la maison avec plusieurs baguettes et les exposer comme un trophée. Maudit est celui qui n’achète qu’une seule baguette !  Il faut en acheter au moins quatre, lorsque vous avez une petite famille. Trêve de plaisanterie, la fabrication du pain, aliment essentiel des Tunisiens, a été perturbée ces derniers jours en raison d’une pénurie de blé dur. Mais il semble que la crise soit derrière nous. Selon les déclarations de la ministre du Commerce, l’information autour du manque de farine a créé une sorte de panique chez les Tunisiens, qui ont commencé à acheter des quantités supérieures à leurs besoins véritables. «Il faut arrêter cet empressement sur l’achat du pain, nous ne vivons pas une famine», a même lancé la ministre du Commerce, Kalthoum Ben Rjab.

La formule de la ministre est intentionnellement provocante, mais elle cache également une partie non négligeable du problème, celui du manque de blé et l’insécurité alimentaire qui en découle. Rappelons simplement qu’il y a quelques semaines, les Américains ont fait don de 25 mille tonnes pour aider la Tunisie à passer cette crise. Il y a un mois l’Utap, a annoncé que la production de céréales en Tunisie ne dépassera pas les 2 millions de quintaux, soit environ 5% des besoins réels. À ce chiffre-là, l’autosuffisance n’est pas pour demain.

Selon la ministre, la Tunisie a souffert ces derniers jours d’un manque au niveau du blé dur, tout en assurant que le blé tendre est disponible. Elle a insisté sur le fait qu’il n’y a désormais plus de pénurie.

À cette crise, due notamment à un environnement international instable, mais également, disons-le, à un manque d’anticipation de la part de la Tunisie, s’ajoute le réflexe de l’achat excessif de pain, lui aussi bien réel. À seulement 200 millimes, la baguette est un aliment essentiel pour le Tunisien, qui en use et en abuse, à tel point que l’on pourrait imaginer que de manière consciente ou pas, celui qui va acheter du pain à la boulangerie sait pertinemment qu’une partie de ses achats finira à la poubelle. Selon le ministère de l’Environnement, le Tunisien gaspille, en valeur, près de 570 millions de dinars de nourriture par an. Un chiffre colossal, qui révèle l’incapacité des foyers à gérer la nourriture.

Si ces données suffisent à expliquer les pénuries, le Chef de l’Etat persiste à penser que «cette situation est due aux tentatives menées par certains pour envenimer la situation et provoquer des crises».

C’est en tout cas ce qu’il a déclaré lors de son entretien samedi avec la ministre du Commerce et du Développement des exportations, Kalthoum Ben Rejeb.

crédit photo : © Koutheir KHANCHOUCH

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