Passionnant, ce nouvel ouvrage du Professeur, poète italien Giovanni Dotoli «Défense et illustration de l’Art» est très utile pour comprendre le sens de l’art. On y trouve, bien développée, la définition de celui-ci, son lien avec le Beau, l’idéal, l’imagination, la religion, la connaissance, le plaisir, l’esthétique, la liberté.
Et encore le rôle de l’artiste, du moi, du génie, de l’art total, des rapports avec le monde, le marché, le public et la critique. Avec une ouverture sur la modernité, le contemporain, le numérique, l’enseignement.
À lire d’un souffle, pour se sentir ailé, en un monde qui perd sa route.
Par les temps tragiques que nous vivons, l’art a un rôle immense. Il exprime le sens de l’univers.
L’être a besoin d’espace universel. Hegel exprime déjà avec une grande clarté la nécessité de l’art. Le message de ce philosophe est encore valable, et il le sera toujours. Dans notre régime de consommation, c’est à l’art de tracer le chemin, pour l’homme de l’avenir.
C’est grâce à l’art que l’on pourra partager les connaissances et s’éduquer à la culture, en un mot à mieux vivre. Il nous aidera à découvrir de nouveaux lieux, ouverts, de partage, où libérer la fantaisie et le rêve, en renouant avec l’histoire.
La rupture n’est qu’apparente. Toute sorte d’art est acceptée, y compris le soi-disant art corporel. L’art se fait performant. L’expérimentation permanente est une force. Comment situer sur la même lignée Rembrandt, le Caravage, Delacroix, Manet, Monet, Picasso, Boccioni, Severini, Léger, Duchamp, le douanier Rousseau, Braque et Chagall ?
Depuis toujours, l’œuvre d’art vit dans les contradictions, qui sont par contre le bon sel de sa valeur. L’artiste affirme qu’il désapprend ce qu’il a appris — notamment Picasso — et qu’il délaisse toute sorte de règle apprise, pour produire son œuvre d’art.
C’est la force de l’art de rester une énigme, et de regarder toujours en avant, en contribuant constamment à la formation permanente du citoyen. Pour toute proposition esthétique, l’art reste sacré.
C’est la raison première de ce livre : la défense, l’illustration et le rôle de l’art, dans le processus éducatif de la société, hier, aujourd’hui et demain.
L’auteur a voulu être un peu impie. Il a cherché la « bizarrerie », parce que, en accord avec Baudelaire, il pense que le beau de l’art « contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie naïve, non voulue, inconsciente, et que c’est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement le Beau».
Il se rend compte, au fur et à mesure, que l’art est renouveau perpétuel, à l’unisson avec notre être. L’avenir, le plus proche et le plus éloigné, est assuré. L’art concilie les contraires, ainsi que l’affirme Hegel. Chaque crise est une renaissance.
Et voici pour clore cette brève présentation, un mot sur l’auteur qui n’est pas des moindres : Giovanni Dotoli est Professeur émérite de littérature française à l’université de Bari Aldo Moro, conférencier aux Cours de civilisation française de la Sorbonne et poète en langues française et italienne, traduit en plusieurs langues. Il est Commandeur dans l’Ordre des Palmes académiques, Officier de la Légion d’Honneur et Grand Prix de l’Académie Française.
Ses recherches principales portent sur : Montaigne, Mairet, Pascal, Furetière, Pinot Duclos, Hugo, Baudelaire, Flaubert, Rimbaud, Bloy, Zola, Apollinaire, Canudo, Cocteau, Bonnefoy, Meschonnic, le dictionnaire, la langue française, la grammaire, le texte pour le peuple, la poésie, la littérature, la musique, la francophonie, la littérature québécoise, le voyage en Italie, la traduction, la beauté, l’origine des langues, la paix, la démocratie, l’exemple, la phrase, le discours, l’art, la culture française du XVIe au XXIe siècle, le livre, le socialisme aux XIXe et XXe siècles.
On est face à un exemple de recherche, pour tout projet humaniste de nos jours.