Cela se passe chez nous, aujourd’hui, ici et maintenant. En classe, nombreux sont ceux qui se moquent quotidiennement d’un collègue timide. En dehors des classes, ces mêmes gouailleurs se livrent à l’extermination d’insectes. Au bureau, nombreux sont ceux qui sont détestés sans raison. Dans les universités, nombreux sont ceux qui s’évertuent à rabaisser un collègue, qui procèdent à une exploitation de l’homme par l’homme. Dans les palais de justice, c’est dix fois par jour qu’on mène Totoche à Médrano.
Sur le macadam goudronné, on se réjouit d’actionner, sans retenue aucune, le klaxon. Sur les routes, on aime bien feinter un routard. A l’école, au collège, vider les poches est un dada. Dans les stades, niaiserie rime avec moquerie. Dans les champs, l’on crible pour ne rien glaner et celles qui traient les vaches ne boivent pas du lait frais. Dans les administrations, asservissement se conjugue avec avilissement.
Au théâtre et dans les salles de cinéma, les cafards sont omniprésents.
Dans les salles de rédaction, d’illisibles écriteaux fusent de toutes parts. Des journalistes-journaleux ne croient pas les mensonges des politiques, mais ils les répètent, et c’est pire. Au nom du grand public, nos chaînes télévisuelles offrent au téléspectateur un patchwork de soi-disant arts visuels et de musique qui font pratiquement fonction d’intermède entre les émissions dites d’information. Des chroniqueurs émettent des hypothèses sans fondements. La course au scoop, au sensationnel, aux anecdotes constitue, en quelque sorte, le fonds de commerce de nos médias. Et l’addiction rend possibles toutes les mystifications.
A tous les étages de la société, il y a des charognards dévergondés qui veulent le beurre et l’argent du beurre. Chez nous, il y a un peuple qui veut vivre de son passé comme un rentier de ses rentes et des has been qui bloquent de jeunes virtuoses dans tous les domaines. Oui, les sadiques ordinaires sont parmi nous…