Les conséquences de cette guerre dont on ne voit pas pour l’instant le bout du tunnel, sont désastreuses, non seulement pour la population ukrainienne, mais aussi pour les populations d’autres pays qui paient le prix économique d’une guerre qu’ils n’ont pas choisi et qui se déroule à des milliers de kilomètres de chez eux. La Tunisie n’a pas échappé à cette fatalité.
C’est un peu un effet papillon dont on se serait bien passé. Plus d’un an et demie après le début du conflit, difficile de faire un bilan sur le terrain ou de dire qui des deux pays, la Russie avec son armée et les paramilitaires de Wagner, ou les Ukrainiens résilients et soutenus par les armes de l’occident ? Aucun ne peut donner une réponse définitive à cette interrogation. Pourtant, une chose est certaine, les conséquences de cette guerre dont on ne voit pas pour l’instant le bout du tunnel, sont désastreuses, non seulement pour la population ukrainienne qui vit dans l’angoisse permanente, mais aussi pour les populations d’autres pays qui paient le prix économique d’une guerre qu’ils n’ont pas choisi et qui se déroule à des milliers de kilomètres de chez eux.
Depuis l’éclatement du conflit, les prix des denrées alimentaires n’ont pas cessé d’augmenter, d’une manière disproportionnée. à tel point que les populations ne protestent plus, comme s’il y avait une sorte de normalisation avec cette perte du pouvoir d’achat.
Le coût de la vie a augmenté de 15%
La Tunisie n’a pas échappé à cette fatalité. Souffrant déjà de maux économiques majeurs et l’incapacité des gouvernants passés et actuels à réformer le pays, la guerre en Ukraine et ses conséquences géopolitiques ont enfoncé le couteau. Ainsi selon des rapports, notamment le rapport de la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale a révélé que dans des pays comme la Tunisie, l’Egypte ou la Jordanie, le coût de la vie a augmenté en moyenne de 15% pour les produits de base et de 25% pour le carburant durant l’année 2022.
Une véritable explosion des prix qui a pour conséquence directe, outre la contraction de la classe moyenne, l’augmentation inquiétante de la pauvreté et le creusement des inégalités. Aujourd’hui, 23,4% des Tunisiens vivraient dans une situation de pauvreté en 2022. Soit près d’un point de plus que les projections d’anticipation. Globalement, toujours selon les mêmes rapports, plus d’un million de pauvres se sont ajoutés dans les trois pays: Egypte, Tunisie, Jordanie. En Tunisie ce sont 50 000 personnes de plus à peu près.
Ces chiffres muets se traduisent en fait par une nette augmentation de ce qu’on appelle “l’insécurité alimentaire”.
Pour l’organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’agriculture (FAO), on parle d’insécurité alimentaire “lorsqu’une personne est en situation d’insécurité alimentaire lorsqu’elle n’a pas un accès régulier à suffisamment d’aliments sains et nutritifs pour une croissance et un développement normaux et une vie active et saine. Cela peut être dû à l’indisponibilité de nourriture et/ou au manque de ressources pour se procurer de la nourriture. L’insécurité alimentaire peut être ressentie à différents niveaux de gravité.”
Une définitiion qui colle parfaitement à ce que nous vivons actuellement. Dans ce cas de figure, l’aide et la solidarité internationale deviennent une nécessité.
Interrogé par nos confrère de Jeune Afrique, Nizar Yaiche, ancien ministre des Finances et bon élève d’Harvard pense « qu’il faudrait mettre en place un fonds de soutien immédiat pour accompagner les 720 millions de personnes à sortir de la pauvreté extrême. Avec les centaines de trillions d’équivalent dollar d’actifs (pouvez-vous expliciter d’où viennent-ils?) nous en avons les moyens. Ensuite, on pourrait lancer de nouveaux instruments de garantie pour aider les Etats à absorber les crises. Ces instruments ne doivent plus reposer pas sur des produits financiers classiques basés sur le profit. En retour, le mécanisme prévoirait une possibilité de remboursement, hors période de crise. Une autre piste est l’instauration d’un instrument d’incitation à investir dans les zones à potentiel et à risque élevé, comme c’est le cas de plusieurs pays africains, en faisant répartir le risque équitablement entre pays donateurs, pays récepteurs et investisseurs privés, à l’image de ce qui est fait pour le climat ».
En somme, la polycrise actuelle, ne devrait pas être subie uniquement par les pays pauvres. Des pays qui, en grande majorité, ne sont que peu responsables de l’agitation géopolitique actuelle.