Accueil A la une Énergies | Bataille mondiale : La Tunisie doit capitaliser ses atouts climatiques

Énergies | Bataille mondiale : La Tunisie doit capitaliser ses atouts climatiques

 

Les 3.000 heures d’ensoleillement par an sont une manne pour un pays qui cherche à réduire son déficit énergétique qui ne cesse de se creuser, estimé à 72% au cours du 1er semestre de 2023 contre 55% en 2019.

Lors d’un récent appel téléphonique entre le Président de la République, Kaïs Saïed, et le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, il a été question de la volonté de son pays, les Pays-Bas, d’augmenter le volume des investissements en Tunisie. L’eau et les énergies renouvelables étant des domaines prioritaires.

Cet intérêt grandissant des Européens et des géants mondiaux pour les énergies renouvelables ne date pas d’aujourd’hui, mais remonte à une bonne décennie. Si bien qu’une grande bataille commerciale avait été lancée pour l’électrification de 40% de la population africaine, soit 650 millions d’habitants, selon la Banque mondiale (BM).

En témoignent les initiatives lancées ces dernières années pour alimenter le continent noir en électricité. En 2012, les Nations unies ont, en effet, inauguré le dispositif « Énergie durable pour tous », qui vise à fournir un accès universel aux sources modernes de courant, d’ici à 2050, avec une priorité donnée à l’Afrique. En juillet 2013, l’ancien président américain Barack Obama a, quant à lui, lancé le plan « Power Africa (Énergie pour l’Afrique), en partenariat avec la Banque africaine de développement (BAD) et la BM. En octobre 2015, à la veille de la conférence de Paris sur le climat (COP 21), le G20 (groupe des principales économies mondiales) a tenu sa toute première réunion des ministres concernés pour annoncer un plan d’accès à l’énergie pour l’Afrique subsaharienne. La même année, l’ancien ministre de l’écologie français Jean Louis Borloo a créé une fondation (Énergies pour l’Afrique), visant à connecter 600 millions d’Africains à l’électricité en 2025. Toutes ces initiatives renseignent à elles seules sur l’importance accordée aux énergies, notamment renouvelables.

Se méfier de la prédation

On ne réinvente pas la roue en disant que les prédateurs poursuivent leur marche entamée il y a bien des années. D’ailleurs, lors de la COP21 qui s’est tenue fin 2015, Youba Sokona, expert malien dans les domaines du développement, de l’énergie et du développement durable et alors vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) chargé de l’unité « projets » de l’Iaer ( Initiative africaine pour les énergies renouvelables, rassemblant les 54 pays du continent) a démissionné au motif que les financeurs veulent « imposer aux Africains des projets automatiquement sélectionnés par les Européens ».

Si l’on peut extrapoler : en relations internationales comme en géostratégie, rien n’est donné et l’intérêt prime tout le reste. D’autant que les textes régissant les investissements lancés en Afrique cachent souvent des intentions plus prosaïques. D’où la nécessité de bien négocier tout contrat ou encore toute convention de partenariat et de coopération avant de l’approuver.

La Tunisie devra miser sur ses atouts majeurs

Tout comme la Namibie, pays du sud-ouest africain qui ambitionne à devenir un pays industriel autosuffisant en énergie solaire et exportateur d’ici 2030, la Tunisie peut également investir dans ce secteur hautement stratégique, afin de garantir son autosuffisance en matière d’énergies, mais aussi de servir une économie nationale en berne, en devenant un pays exportateur.

Parallèlement, l’Union européenne qui veut s’affranchir du gaz russe, compte produire 10 millions de tonnes d’hydrogène d’origine renouvelable d’ici à 2030, et 10 millions de tonnes d’importation pour remplacer charbon, pétrole et gaz dans certains secteurs de l’industrie et des transports.

La démarche namibienne consiste à « produire de l’électricité solaire via un électrolyseur, à casser des molécules d’eau de mer dessalée pour produire de l’hydrogène  dit vert, car issu d’électricité renouvelable », d’après la presse namibienne.

Cet hydrogène sera ensuite mélangé à l’azote contenue dans l’air pour produire de l’ammoniac qui peut aussi bien servir de carburant pour certains gros bateaux en cours de développement, qu’à fabriquer des engrais agricoles, ou simplement pour faciliter le transport d’hydrogène « vers Rotterdam, l’Allemagne ou l’Afrique du Sud », selon des sources officielles.

La Tunisie qui compte plus de 300 jours de soleil par an peut entamer la même marche que celle de la Namibie pour profiter d’un grand avantage naturel et renflouer les caisses d’une économie à genoux.

A fortiori, les partenaires européens de la Tunisie sont preneurs de toute proposition de collaboration, compte tenu d’un contexte international marqué par de grandes tensions, ainsi que par une guerre Russie-Ukraine qui semble bouleverser l’ordre mondial déjà établi.

Reste à dire que la Tunisie devra savoir se méfier de la prédation dans un monde où l’on s’attache à brouiller les cartes continuellement. Les 3000 heures d’ensoleillement par an avec des heures de pointe de 3 400 heures par an sont, de fait, une manne pour un pays qui cherche à réduire son déficit énergétique estimé à 72% au cours du 1er semestre de 2023 contre 55% en 2019. Retenons, du reste, que la force des nations les plus développées émane de leur volonté d’être les premières dans tous les domaines !

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