Plusieurs observateurs s’accordent sur le rendement modeste des représentations diplomatiques tunisiennes à l’étranger. Si certains analystes imputent cette faiblesse à la modestie des moyens financiers dont disposent les ambassades et consulats tunisiens à travers le monde, eu égard à une économie nationale en berne, d’autres mettent en cause une erreur de casting qui a considérablement marqué la décennie écoulée.
En diplomatie, en relations internationales, sait-on vraiment ce que l’on veut ? La question est à la fois simple et alambiquée. Elle est simple pour les gens méthodiques mais compliquée pour ceux qui navigueraient à vue.
En recevant le ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar, vendredi dernier au palais de Carthage, le Président de la République, Kaïs Saïed, a abordé les futurs mouvements diplomatiques et les critères de sélection des représentants de la Tunisie à l’étranger. De ce point de vue, il a fait valoir l’importance qu’il y a à rendre compte régulièrement des réalisations de nos missions diplomatiques dans différentes régions du monde.
Par la même occasion, le Président s’est attardé sur le préambule de la Constitution du 25 juillet 2022, rappelant que « le peuple tunisien rejette toute alliance étrangère et toute ingérence dans les affaires intérieures du pays ». Ces messages clairement énoncés par le Chef de l’État viennent à point nommé animer une diplomatie tunisienne qui semble avoir bu l’eau des nouilles, dans un monde de plus en plus polarisé. D’ailleurs, cela fait plus d’une décennie que le silence de la diplomatie tunisienne interpelle et intrigue. On ne sait rien ou presque sur ce que font nos missions diplomatiques en Europe comme en Amérique ou encore en Afrique. La faute à qui ? À une erreur de casting ? À une autorité de tutelle à court de moyens, mais aussi en panne d’idées ? Ou encore à une classe politique qui peine à fournir les efforts nécessaires pour comprendre le monde qui l’entoure et agir ?
Modestie des moyens, erreur de casting
Plusieurs observateurs s’accordent sur le rendement modeste des représentations diplomatiques tunisiennes à l’étranger. Si certains analystes imputent cette faiblesse à la modestie des moyens financiers dont disposent les ambassades et consulats tunisiens à travers le monde, eu égard à une économie nationale en berne, d’autres mettent en cause une erreur de casting qui a considérablement marqué la décennie écoulée. Un bon diplomate, éternel représentant de son pays, devrait être en perpétuelle quête d’apprentissage, outre les qualités dont il doit disposer comme la bonne connaissance de la nature humaine, une grande capacité de persuasion, la maîtrise de l’art de la négociation et une parfaite aisance communicationnelle.
Qu’en est-il donc de nos diplomates? Si l’histoire contemporaine de la diplomatie tunisienne a retenu quelques noms, notamment Mongi Slim (1962-1964), Mohamed Masmoudi (1970-1974), Habib Chatti (1974-1977) et Béji Caïd Essebsi (1981-1986) entre autres, l’actuel ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar, semble être sur le point de donner un nouveau ton à l’exercice diplomatique tunisien. Ce dernier n’a eu de cesse de faire montre de réalisme, en privilégiant le retour aux fondamentaux de la diplomatie tunisienne, en l’occurrence, impartialité et positionnement à égale distance dans les conflits avec les différents belligérants. Il a fait aussi preuve de pragmatisme en accordant une place capitale à l’intérêt supérieur de la patrie.
L’art de la diplomatie en temps de crise
Il est un fait accompli : l’on fait face à un nouvel ordre mondial. D’où la nécessité d’orienter notre diplomatie vers cette nouvelle réalité. À un moment donné, les Européens ont cru avoir tourné la page des guerres au sens propre du terme. Ils croyaient mener désormais d’autres guerres contre le « terrorisme », les inégalités, les injustices, le dérèglement du monde et le réchauffement climatique. Sauf que la guerre, la vraie, ils l’ont revue et revécue en Ukraine envahie par le voisin russe. Ainsi, l’état du monde semble gravement affecté.
Pour revenir au cas tunisien, il faut dire que l’heure du réveil a sonné pour la diplomatie tunisienne, en vue de mettre en place des stratégies de sortie de cirse.
Cela étant, la diplomatie tunisienne a plus que jamais la délicate mission de contribuer au développement économique national, en collaborant avec plusieurs ministères, dont ceux du Tourisme, de l’Industrie, du Commerce et de l’Enseignement supérieur, entre autres.
Dans les négociations internationales, où la Tunisie doit reprendre sa place et avoir son mot à dire, ce sont, encore une fois, les diplomates qui sont chargés de défendre les intérêts suprêmes de la nation et seront minutieusement scrutés dans l’exercice de leur mission.