Nous étions en attente d’un feu d’artifice. Le champion tunisien Ahmed Ayoub Hafnaoui, dans cette finale du 1.500 mètres, ne nous a pas déçus.
Ce nageur d’exception est de ceux qui sont nés sous le signe de l’eau. L’eau est son élément naturel et pour les individus comme lui, s’il évolue sur la terre ferme, cela tient de l’exceptionnel. Ce crack s’est nourri de défis et depuis qu’il est apparu sur la scène, il s’est trouvé face à un défi monstre : il devait «combler le vide» qu’avait laissé son camarade Oussama Mellouli qui avait marqué la natation tunisienne.
Indépendamment de cela, il avait un statut à défendre, celui de champion olympique. Un titre glorieux conquis de haute lutte. Il y avait aussi le défi qu’il s’était lancé personnellement, en se consacrant à ses études et à une natation, reconnue comme une discipline qui envahit et accapare la vie de ceux qui s’y attachent.
Ayoub Hafnaoui, rappelons-le, avait remporté aisément sa série du 1500 nage libre, tout en réalisant son meilleur chrono en 14’49»53. Il était certes à l’aise, mais personne, sauf son entraîneur et lui-même bien sûr, ne pouvait prévoir qu’il allait gommer près de dix secondes en finale et a failli battre le record du monde de la distance détenu par le Chinois Sun Yang en 14mn 31s 02 réalisé à Londres le 4 août 2012.
Cette finale est en effet un 1.500 mètres de folie. Mais c’est surtout un travail d’orfèvre. Un départ tout en douceur avec le médaillé d’or du 400 mètres Smith qui s’est dévoué pour faire le lièvre. L’Australien Samuel Short s’est permis de prendre quelques mètres d’avance, mais l’Américain Bobby Finke ayant sans doute eu la consigne de coller au Tunisien avalait la distance, sans démontrer qu’il pouvait inquiéter Hafnaoui, dont la progression rythmée, soigneusement étudiée, permettait de supposer que la réponse était déjà sous enveloppe.
Au moment d’aborder les deux derniers bassins, nous voyons Hafnaoui en véritable requin tueur, sortir le grand jeu. L’Américain, visiblement éprouvé par le rythme soutenu, n’en pouvait plus mais s’accrochait quand même.
Hafnaoui récite sa leçon
L’Australien était complètement asphyxié, Hafnaoui n’avait plus qu’à accomplir l’exploit : marquer de son empreinte ces Mondiaux du Japon en réalisant une performance qui fera date. Un véritable feu d’artifice. Notre Hafnaoui national s’est sorti les tripes pour… battre le record du monde de la distance, mais n’a fait que s’en rapprocher réalisant en 14mn 31s 54. Gageons que le prochain essai sera le bon.
Le public présent, face à autant de courage et de volonté, s’est redressé pour saluer la victoire mais aussi l’exploit. Un exploit que nous attendions, confiants et rassurés, car cet athlète d’exception, cela sautait aux yeux, était sérieusement préparé. Tout au long de cette participation historique, il ne faisait que réciter une leçon bien apprise, en toute simplicité, avec beaucoup de confiance et de sérénité.
Son sourire quelque peu sournois, son allure décontractée et son assurance lors de la remise des médailles, en disent long sur son état d’esprit.
A l’image de tous ces champions qui savent ce qu’ils font et qui sont faits pour servir de repère et d’exemple d’abord aux jeunes de leur pays. Bravo champion !
Taoufik Taouet
31 juillet 2023 à 15:18
Kamel Ghattas mon ami, sourire sournois? Non mon ami choisis un autre qualificatif.