Accueil A la une Inscription de l’Ile de Djerba sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco : Partager le patrimoine culturel et naturel tunisien avec l’humanité

Inscription de l’Ile de Djerba sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco : Partager le patrimoine culturel et naturel tunisien avec l’humanité

 

«En inscrivant l’île de Djerba sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité, on fera mieux connaître au monde son mode d’occupation insulaire, ses paysages culturels, le savoir-faire de ses populations. De la sorte, on peut mieux servir le développement durable en misant sur le tourisme culturel et écologique. Ce qui permettra de cibler le haut de gamme en matière de tourisme et de donner plus de chance aux populations locales de s’insérer dans le circuit économique de la région», explique l’architecte Hamida Rhouma.

Qu’en est-il de la notion de « patrimoine mondial » promue par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) ? Et quels seraient les enjeux liés à l’inscription d’un site sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité ?

Ces questions sont d’autant plus pertinentes que la 45e session élargie du Comité du patrimoine mondial qui aura lieu du 10 au 25 septembre à Riyad, en Arabie Saoudite, examinera le dossier de Djerba.

Selon un récent communiqué de l’Organisation onusienne, le Comité se réunira pour inscrire de nouveaux sites sur la Liste du patrimoine mondial. Quelque 53 sites candidats sont donc au menu dont des sites naturels, des sites culturels et des sites mixtes (naturels et culturels).

Remontant aux années 1970, les tentatives pour inscrire l’île de Djerba sur la liste du patrimoine mondial se soldent par un succès avec l’acceptation du dossier début mars 2022. Déposé le 1er février 2022, ce dossier a été retenu sur avis favorable de l’organe consultatif sur le patrimoine culturel de l’Organisation onusienne.

D’une superficie de 514 km2, le dossier de Djerba est fort de 24 monuments, proposés à l’inscription. Implantés partout sur l’île, ces sites sont des mosquées: Sidi Salem, Sidi Smain, Tajdit, Abou Messouer (Al Jamaa El Kebir), Cheikh, Sidi Jmour, Moghzel, Imghar, Guellala, Sidi Yeti, Louta, Essalaouti, El Fguira, Tlakine, Medrajen, El Bessi, Fadhloun, Berdaoui, Welhi, Sidi Zikri, Mthaniya, Synagogue La Ghriba et l’Eglise Saint Nicolas.

Grands enjeux

Une éventuelle inscription de l’île de Djerba sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco aurait sans doute un impact et des répercussions diverses. À ce propos, Hamida Rhouma, architecte, point focal convention 1972 pour la gestion des sites patrimoine mondial en Tunisie, contactée par La Presse, estime que l’objectif derrière cette inscription consiste à partager le patrimoine culturel et naturel tunisien avec toute l’humanité.

«L’inscription d’un bien sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité constitue une reconnaissance internationale de la valeur de nos sites proposés. Ce n’est toutefois pas la reconnaissance en soi qui importe le plus, mais plutôt le partage de la responsabilité de la gestion d’un patrimoine universel», nuance-t-elle.

Abordant les enjeux liés à l’inscription d’un site ou d’un bien matériel et/ou immatériel sur la liste du patrimoine de l’humanité, l’universitaire rappelle que la Tunisie est l’un des premiers pays à ratifier la convention du patrimoine mondial de l’humanité de 1972 en 1974. D’autant que le Tunisien Rafik Saïd avait chapeauté sa rédaction.

«Une fois qu’un pays ratifie une convention internationale, il s’engage à la respecter. Ici, il faut rappeler que la convention de 1972 stipule que l’on fait face aux menaces qui pourraient peser sur des sites à valeur universelle et que l’on soutient les Etats-parties dans leurs efforts de conservation des biens inscrits», fait remarquer notre interlocutrice.

Chaque bien à valeur exceptionnelle inscrit sur la liste du patrimoine mondial est porté, fait-elle observer, par trois piliers, dont le premier concerne les critères d’inscription qui sont au nombre de dix. Et le bien qui sera inscrit doit au moins répondre à un critère d’inscription, d’après la spécialiste. Le deuxième pilier se rapporte à la conservation. Alors que le troisième critère concerne la gestion.

Avantages liés à l’inscription d’un site sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité

De par la haute protection de tout site ou bien inscrit sur la liste du patrimoine mondiale de l’humanité, il y a des retombées économiques et sociales qui ne sont pas des moindres, de l’avis de la spécialiste.

«En inscrivant l’île de Djerba sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité, on fera mieux connaître au monde son mode d’occupation insulaire, ses paysages culturels, le savoir-faire de ses populations. De la sorte, on peut mieux servir le développement durable en misant sur le tourisme culturel et écologique. Ce qui permettra de cibler le haut de gamme en matière de tourisme et de donner plus de chance aux populations locales de s’insérer dans le circuit économique de la région», explique Mme Rhouma.

Couvrant une superficie de 514 km2 et riche d’un patrimoine archéologique, historique et immatériel d’une grande variété, notamment le mausolée numide de Henchir Bourgou, le vaste site archéologique de l’opulente ville antique de Meninx, la vénérable synagogue de la Ghriba, la forteresse turque de Ghazi Mustapha édifiée à l’emplacement d’un ancien ribat des premiers temps de l’Islam et de nombreuses mosquées d’une grande pureté et originalité architecturales, Djerba pourrait, une fois inscrite sur la liste du patrimoine mondial, donner lieu à un vrai tourisme culturel en Tunisie.

Un grand travail reste à accomplir

Le dernier site tunisien à être inscrit sur la liste du patrimoine mondial est celui de Dougga, en 1997. Bien avant lui, c’était au tour de la Médina de Kairouan d’être inscrite en 1988. Pourtant, les deux sites ont depuis plongé dans l’oubli, à l’exception de quelques événements sporadiques.

À la question de savoir si la Tunisie est en panne d’idées pour mieux gérer ses sites inscrits sur la liste du patrimoine de l’humanité pour en faire profiter l’économie nationale, l’universitaire répond que les choses ont changé à l’Unesco depuis les années 2000. L’organisation onusienne exige depuis un plan de gestion inclus dans tout dossier d’inscription proposé.

«Concernant les médinas, notamment la Médina de Tunis, la gestion est assez bonne et donne de bons résultats, compte tenu de la dynamique que connaît ce site historique. Puis, l’implication des jeunes, de la société civile et de plusieurs associations travaillant sur l’aspect culturel des lieux aident à insuffler un sang neuf. Pour ce qui est du reste des sites peu actifs pour une raison ou une autre, notamment la Médina de Kairouan, nous avons un projet à présenter et à examiner en janvier prochain avec la collaboration de partenaires internationaux», réplique notre interlocutrice.

L’île de Djerba dispose de nombreux atouts pour être inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité. Mais beaucoup reste à faire.

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