Droits des femmes en Tunisie : Un appel à l’action pour l’égalité totale

Les législations relatives au travail, à la justice pénale, à la nationalité et aux autres lois nationales restent ancrées dans un cadre social et culturel patriarcal. Elles ne sont pas en phase avec les normes internationales en matière de droits de l’homme et de droits des femmes, ce qui limite leur capacité à promouvoir l’égalité entre les citoyens et les citoyennes, comme stipulé dans la Constitution.

À l’occasion du 67e anniversaire de la promulgation du Code du statut personnel en Tunisie, le Front de l’Égalité et des Droits des Femmes a publié un communiqué de presse, mettant en lumière les avancées et les défis persistants en matière de droits des femmes dans le pays. Cet appel pressant à l’action dépeint une réalité troublante, illustrant la nécessité d’une intervention urgente pour une véritable égalité entre les sexes.

Sous le titre évocateur de «Droits des femmes : Où en sommes-nous ?», ce communiqué souligne l’importance historique du Code du statut personnel dans la lutte pour les droits des femmes, saluant les générations d’intellectuels, de féministes et de défenseurs des droits des femmes qui ont œuvré depuis le début du XXe siècle pour cette avancée majeure. Cependant, il rappelle aussi les nombreuses femmes qui ont perdu la vie en raison de différentes formes de violence, et souligne le besoin pressant de lutter contre ces violences et de faire appliquer la loi pour mettre fin à l’impunité.

Le communiqué, signé par plusieurs organisations féministes et organisations nationales, attire l’attention sur les chiffres alarmants, démontrant l’urgence de la situation. Le nombre croissant de féminicides, passant de 15 en 2022 à 19 depuis le début de 2023, met en évidence une lacune évidente dans l’application de la loi.

Les statistiques montrent que plus de la moitié des femmes tunisiennes sont victimes de violence, dont les formes varient du verbal au physique, en passant par le psychologique et le sexuel. Le nombre de signalements de violence contre les femmes en juillet 2023 seul, soit 216, révèle l’ampleur de ce problème.

Le communiqué met également en lumière les disparités économiques et sociales auxquelles les femmes tunisiennes sont confrontées, notamment le taux de chômage élevé parmi les femmes diplômées universitaires. Il souligne que la Tunisie est classée parmi les derniers pays en matière d’égalité économique et sociale entre les sexes, avec des femmes souvent contraintes d’accepter des emplois précaires et sous-rémunérés.

Le Front de l’Égalité et des Droits des Femmes dénonce également la violence politique et institutionnelle subie par les militantes féministes et les défenseuses des droits des femmes, ainsi que les atteintes aux droits fondamentaux, comme le droit à un procès équitable et à la liberté de déplacement.

Le Front appelle à une action immédiate et concertée pour garantir l’égalité des sexes en Tunisie. Il met en avant la nécessité de renforcer l’application de la loi, d’éradiquer la violence de genre et de s’attaquer aux disparités économiques et sociales persistantes. Il s’agit d’un appel pressant pour que les autorités, la société civile et tous les acteurs concernés agissent ensemble pour créer un environnement sûr et équitable pour toutes les femmes tunisiennes.

Des lacunes législatives et des défis persistants

Le communiqué du Front de l’Egalité et des Droits des Femmes met en évidence les insuffisances de la législation en vigueur en Tunisie. Malgré son importance pour garantir de nombreux droits, la législation actuelle ne répond plus aux aspirations du mouvement féministe en Tunisie. Elle n’est plus adaptée à l’évolution de la condition des femmes, à leur participation au monde du travail et à leur contribution à la construction et au développement de la société.

La législation, notamment le Code du statut personnel, reflète toujours le modèle patriarcal traditionnel et perpétue l’inégalité de genre. Elle maintient des structures familiales patriarcales, maintient la prééminence de l’homme dans la famille et la société, et perpétue l’inégalité en matière d’héritage. Cette situation a abouti à une féminisation de la pauvreté en Tunisie, où les femmes n’ont pas un accès équitable aux ressources et à la richesse, creusant ainsi l’écart entre les sexes et renforçant les formes variées de violence à l’encontre des femmes et des enfants.

De plus, le communiqué souligne que les législations relatives au travail, à la justice pénale, à la nationalité et aux autres lois nationales restent ancrées dans un cadre social et culturel patriarcal. Elles ne sont pas en phase avec les normes internationales en matière de droits de l’homme et de droits des femmes, ce qui limite leur capacité à promouvoir l’égalité entre les citoyens et les citoyennes, comme stipulé dans la Constitution, tout en négligeant les droits spécifiques des femmes.

Des appels à l’action pour l’avenir

Le Front de l’Égalité et des Droits des Femmes appelle à une série de mesures urgentes et nécessaires pour promouvoir l’égalité entre les sexes en Tunisie. Parmi ces mesures, on trouve :

La révision et l’adaptation du cadre législatif national aux normes internationales, notamment en modifiant le Code du statut personnel pour le rendre conforme aux conventions internationales et en supprimant les dispositions discriminatoires en matière d’héritage, de tutelle et de mariage.

La mise en place d’une stratégie pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion des femmes, en favorisant leur participation économique et sociale et en garantissant leur dignité.

La mise en œuvre effective des lois existantes, notamment la loi n° 58 de 2017 contre la violence à l’égard des femmes, en veillant à ce que les femmes victimes de violence aient un accès adéquat à la justice, à la protection et à la prévention.

La révision du système électoral pour garantir une représentation équitable des femmes dans les instances de décision et pour mettre fin à toute forme de discrimination dans l’accès aux postes politiques.

Le Front de l’Égalité et des Droits des Femmes appelle notamment la Tunisie à honorer ses engagements nationaux et internationaux en matière de droits des femmes. Face aux défis sociaux, politiques et économiques auxquels les femmes sont confrontées, l’organisation exhorte les autorités à agir de manière décisive pour garantir les droits des femmes, à mettre en œuvre des politiques et des réformes pour éliminer les obstacles à l’égalité entre les sexes, et à créer un environnement où toutes les femmes tunisiennes peuvent vivre, travailler et s’épanouir en toute sécurité et dignité.

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