Cahiers subventionnés : Une offre parfaitement inadaptée à la demande

 

Le cahier subventionné représente pour bon nombre de familles l’unique recours, et ce, en raison de son prix nettement inférieur aux prix des cahiers de qualité supérieure. Toutefois, la quête de ce produit salvateur ne semble point évidente.

Le compte à rebours a commencé ! Il ne reste plus qu’à peine deux semaines pour que les élèves rejoignent les bancs de l’école. Entre- temps, les familles s’adonnent aux préparatifs de la rentrée scolaire en dénichant auprès des librairies les fournitures scolaires standards à toutes les classes, dans l’attente évidemment des fournitures exigées par le cadre enseignant !

Ce cahier qui se fait rare

Le cahier subventionné représente pour bon nombre de familles l’unique recours, et ce, en raison de son prix nettement inférieur aux prix des cahiers de qualité supérieure. Toutefois, la quête de ce produit salvateur ne semble point évidente.Loin de s’afficher en grandes quantités sur les étagères des libraires, le cahier subventionné se fait rare. «Le cahier subventionné est, certes, disponible mais en quantités limitées : des quantités nettement moindres par rapport à la demande. Certains fournisseurs conditionnent les ventes de ce produit, et ce, afin de réussir la répartition des quantités sur un plus grand nombre de détaillants», indique Nabil Mechichi, libraire. Pour lui, le seul problème réside dans la quantité insuffisante. Pour les ventes conditionnées, un contrôle devrait être mené afin de freiner ces pratiques.

Le sens de la justice sociale

Le manque d’approvisionnement en cahiers subventionnés met, en effet, certains libraires dans l’embarras. Samar, qui préfère ne pas révéler son nom de famille, exerce son métier de libraire depuis six ans. A chaque rentrée scolaire, elle se trouve entre l’enclume et le marteau : comment réussir à répondre favorablement à la demande tout en rationnalisant les ventes des cahiers subventionnés pour satisfaire le plus grand nombre de clients ? Rude équation pour une libraire qui a le sens de la justice sociale ! «L’année dernière, j’ai reçu une inspection et j’ai failli recevoir une amende.

Mon crime atroce n’était autre que le fait de préserver les cahiers subventionnés pour les clients démunis et à très faibles revenus. Pourtant, il me semble que c’est bien le profil des clients auxquels sont censés être destinés les cahiers subventionnés à moins que je me trompe !», indique-t-elle, sidérée.

Quelle «vente-conditionnée» choisir ?

Et comme chaque année, Samar s’entend avec son fournisseur fidélisé sur la quantité des cahiers subventionnés qu’elle recevrait. «Le compromis étant de recevoir une centaine de cahiers subventionnés de 48 pages sur chaque achat d’articles en papier (papier blanc, cahiers, papier de dessin, etc) d’un montant de mille dinars. Franchement, je n’ai pas trouvé mieux. J’ai tenté ma chance en contactant un autre fournisseur qui m’a proposé d’acheter uniquement des cahiers de qualité supérieure contre mille dinars dont 20% seront accordés sous forme de cahiers subventionnés, ce qui ne m’arrange point», renchérit-elle.

Un apport pour les parents, mais..

Manifestement, la vente conditionnée constitue la devise pour les fournisseurs des fournitures scolaires. Et en dépit de la baisse du pouvoir d’achat, de la cherté de la vie et des charges colossales des ménages qui ont du mal à arrondir les fins des mois, la volonté commune de se soutenir les uns les autres passe toujours au dernier plan.   

Inutile de rappeler que le cahier subventionné se limite à un nombre de pages fort limité soit, 24, 48 et 72 pages ; leurs prix respectifs étant de 430 millimes, 950 millimes et 1d480. Ainsi, le cahier subventionné n’est approprié qu’aux classes primaires.

Pour les élèves inscrits aux collèges et aux lycées, c’est une autre paire de manches…    

Mme Zouari quitte la librairie de Nabil Mechichi, après avoir fait l’acquisition d’une fourniture scolaire d’une valeur de plus de deux cents dinars. Mère de deux enfants inscrits au lycée, elle sait pertinemment qu’il ne s’agit que d’une première ébauche, le meilleur reste à venir… «Je n’ai pas remarqué de différences entre les prix propres à cette année et ceux de l’année dernière. Néanmoins, les enseignants nous infligent, à chaque fois, de nouvelles exigences et nous obligent à acheter les cahiers les plus chers. Les cahiers subventionnés seraient d’un grand apport pour les parents. Or, ceux disponibles ne sont utiles que pour les classes de l’enseignement primaire», indique-t-elle.   

Aussi, serait-il juste et équitable de penser à garantir des cahiers subventionnés dont le nombre de page sied aux programmes des classes du secondaire. Tout comme il convient à l’institution de tutelle de mettre fin aux exigences exhaustives des enseignants et de prendre en considération les moyens souvent limités des ménages.

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