Recevant, mercredi, au Palais de Carthage, le chef du gouvernement, Ahmed Hachani, le président Kais Saied, a vivement vilipendé le rendement de l’administration tunisienne et des services publics, estimant que leur situation est « étrange et anormale ».
Face à cette situation, le chef de l’État a appelé les responsables de l’appareil administratif à accomplir au mieux leur entière responsabilité, menaçant de les limoger ou de les envoyer à la casse.
Dans une vidéo publiée par la Présidence de la République via sa page officielle « Facebook », le chef de l’État a critiqué le fonctionnement « défectueux » de certains services publics, soulignant qu’il prend connaissance de l’existence de parties (sans les citer) au sein de l’administration qui lorgnent les élections dans le cadre de leurs calculs politiques étriqués.
Il a à ce titre appelé à purger l’administration, affirmant que le fonctionnement de l’État tunisien ira bon train, et ne dépendra plus de personne.
Quiconque attend les élections devra le faire en dehors de l’appareil administratif de l’Etat, a-t-il martelé, soulignant à ce titre avoir reçu des dizaines de plaintes et de doléances émanant de citoyens à propos de questions devant être initialement traitées par les autorités compétentes.
Dans ce contexte, il a passé en revue une série d’exemples traduisant des comportements administratifs » étranges et anormaux « , telle qu’une doléance formulée par un citoyen suite au refus d’un agent opérant au sein d’une recette des finances de percevoir une créance au profit de l’État.
Il a également cité des cas où certains évoquent excessivement et maladroitement l’article 96 du Code pénal, rappelant que celui-ci fera l’objet d’une « refonte » dans les plus brefs délais.
Le président de la République a en outre évoqué le cas d’une plainte formée par un citoyen de Zaghouan dans laquelle l’officier de l’état civil a omis de mentionner le genre de sa fille née en 2016.
Le pauvre citoyen était contraint à mener un parcours de combattant à la traque d’une solution qui tarde à venir.
Il s’est vainement prévalu d’un certificat médical délivré par l’hôpital, saisi la justice et pris l’attache des départements de l’Éducation, de la Justice et de la Femme et de la Famille.
Épuisé, ce pauvre citoyen a décidé de contacter la présidence de la République qui est intervenue auprès du Ministère de l’Education pour donner ses instructions aux services concernés afin de débloquer la situation et permettre à la fille de s’inscrire régulièrement à l’école et ainsi « mettre fin à cette tragédie ».
Sur un autre plan, le chef de l’État a saisi l’occasion pour dénoncer la persistance des pratiques de monopole et de spéculation de certains produits de base, notamment le sucre et la farine, soulignant que ces produits ont été sciemment dissimulés par des lobbies et leurs alliés au sein de l’administration.
Dans le même contexte, le président de la République est revenu sur les affaires de corruption et de malversation ainsi que les mouvements de contestation organisés ici et là, pointant du doigt » des lobbies qui soutiennent certaines parties au sein de l’État, organes et associations et qui sont à la solde de l’étranger. »
Toujours dans le cadre de cette entrevue, le chef de l’État a indiqué que plusieurs projets de loi seront examinés dans les plus brefs délais, citant en exemple le projet de loi relatif à la réconciliation pénale qui devra être soumis au Conseil des ministres pour validation avant d’être renvoyé à l’Assemblée des représentants du peuple pour discussion et adoption.