Entraineurs ciblés par le public: Alors, on le vire ?

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Le cas de Saïd Saïbi est révélateur : lorsque Saïbi gagne, c’est le meilleur. Et lorsqu’il perd, il est à virer sans contestation aucune.


C’est la question que l’on se pose à chaque fois que les choses ne tournent pas rond et que l’équipe éprouve des difficultés pour s’en sortir.

Les réseaux sociaux ont amplifié cette tendance de tout mettre sur le dos de l’entraîneur et comme si les solutions tiennent à cette «séparation à l’amiable» ou à la suite d’une réunion tumultueuse.

Nous revenons à ce que feu André Nagy pensait de ce poste de manager qu’occupe l’entraîneur une fois son équipe lancée sur le terrain. Il avait un petit tabouret pliant  et il allait s’asseoir tranquillement jusqu’à la fin de la mi-temps ou du match. Il se levait rarement et lorsqu’il le faisait c’était pour s’adresser à son capitaine d’équipe (notamment Hédi Bayari) à qui il soufflait quelques mots.

Les entraîneurs des grandes équipes de football sont des managers hors-pair. Ils poussent les joueurs à se dépasser et à inventer de nouvelles stratégies pour gagner.

En quelques minutes, la physionomie de la rencontre change et l’on constate que le « message » est passé. Beaucoup de personnes oublient le rôle du capitaine et les réactions des joueurs et bien des capitaines oublient leur rôle d’analystes spontanés des situations qui se présentent.

«Juste quelques conseils de positionnement de joueurs, nous avait–il dit un jour. Il ne sert à rien de crier et de hurler. Les joueurs deviennent encore plus imperméables à tout raisonnement sensé. En principe, les joueurs reçoivent leurs consignes avant de rentrer sur le terrain. Après….».

Effectivement, et sachant qu’il n’y a pas un seul entraîneur (ou un seul joueur) au monde qui veut perdre un match, c’est au niveau des joueurs que tout se passe. Ces joueurs sont des hommes et il y a des impondérables qui viennent se greffer sur leur comportement de façon telle que bien des choses risquent de changer et bien des prévisions sont faussées.

Le cas Saïd Saïbi

Lorsque Saïbi gagne, c’est le meilleur. Et lorsqu’il perd, il est à virer sans contestation aucune.   

Pas du tout pour défendre ce technicien qui a quand même réussi, qui a eu le mérite de constituer un groupe non pas de onze mais de dix-sept à dix-huit joueurs crédibles, dont la moyenne d’âge est une des plus basses de la compétition. Il a su recruter avec le responsable désigné à cet effet et le Club Africain possède cette saison  une formation, loin du délabrement dans lequel se trouvait son effectif. Et par-dessus tout, on sent l’équipe bien en jambes,  tourner collectivement. Un acquis qui permet aux clubistes de devenir compétitifs et qui leur donne le droit d’être de sérieux prétendants.

Que demander de plus ? Un match, c’est une sorte de partie d’échecs. Et les meilleurs joueurs d’échecs du monde peuvent se tromper dans leurs raisonnements, car celui qui est en face est également doté d’un cerveau.

En football, on dit que ce sont les joueurs qui font l’entraîneur. Donnez des tocards  au meilleur technicien du monde. Qu’en fera-t-il ?

Alors on le vire (il trouvera rapidement preneur rien que pour ses qualités de formateur) ou on le laisse travailler en paix pour lui demander des comptes à la fin de la saison?

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