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Développement du tourisme: Quand les vétérans mettent la main à la pâte

Composée exclusivement d’anciens cadres et hôteliers qui ont fait les beaux jours de notre tourisme, l’Atdt semble jouer admirablement de «conseil des sages», motivée en cela par sa volonté de donner le plus pour l’intérêt national.

A l’instar des vétérans de guerre encore fortement sollicités en Occident par les gouvernements de leurs pays pour profiter de leur expérience en matière d’élaboration de stratégies de défense, le tourisme tunisien possède, lui aussi, son propre staff de vétérans représenté par l’Association tunisienne de développement touristique (Atdt).

Pour l’intérêt national 

Celle-ci, composée exclusivement d’anciens cadres et hôteliers qui ont fait les beaux jours de notre tourisme, semble jouer admirablement de «conseil des sages», motivée en cela par sa volonté de donner le plus pour l’intérêt national. «Notre rôle consiste en l’organisation de visites d’inspection qui visent à relever les anomalies, lacunes et insuffisances dont souffre le secteur dans les régions, avant d’expédier le diagnostic et les recommandations aux départements concernés», indique le patron de ladite association, Lotfi Khaiat.    

Vieux poids lourd du tourisme tunisien auquel il avait rendu de loyaux services durant plus de trois décennies, M. Khaiat, 87 ans, lui porte encore dans son cœur une affection et un amour sans bornes. Au point de perdre son calme et de… rajeunir d’un demi-siècle, à la première défaillance touristique détectée par son radar. 

Pas plus tard que l’autre jour, au cours d’une table ronde organisée par son association sur le thème «Le tourisme à Bizerte : conjoncture et perspectives», à laquelle ont pris part d’anciens pros du secteur, il n’a pas manqué d’exprimer haut et fort son irritation face à la dégradation de la situation du tourisme dans ce gouvernorat. Ne mâchant pas ses mots, s’indigne-t-il : «Il est absolument anormal et tout à fait inacceptable qu’une région aussi magnifique continue, impuissante, de voir son tourisme agoniser. Je peux même parler de “mort lente”. «Et pour éviter le pire, je lance un appel à toutes les parties concernées, et à leur tête la tutelle, pour réagir urgemment».

Du pain sur la planche

Effectivement, selon le tableau noir brossé par les participants à cette rencontre de sensibilisation, le port de plaisance, dont on attendait monts et merveilles, est désormais dans un piteux état, presque sans vie. Les vieux hôtels, à l’exception de certains, sont dans l’abandon, pour les uns, et tout simplement «closed», pour d’autres. Le plan d’aménagement touristique échafaudé depuis belle lurette est resté lettre morte.    

Et ce n’est pas tout, puisque l’inexistence des circuits touristiques persiste, alors que, paradoxalement, la région est réputée par la beauté de ses sites et plages, notamment le long du littoral allant de Bizerte à Sejnane, en passant par Errimel, Ghar El Melh, Ras Anjla, Cap Zebib, Metline, Ras Jebal, Rafraf et Sounine.

Autres points noirs : le tourisme de croisière et les terrains de golf n’ont pas toujours droit de cité, tandis que la vieille école de formation touristique de Bizerte, la première à avoir vu le jour en Tunisie, est désespérément dans le délaissement. Tout cela sans compter le désintéressement des tour-opérateurs (TO) et des nouveaux investisseurs dans le secteur.

Cheval de bataille

Visiblement ulcéré par ce constat amer, M. Khaiat y ajoute une note non moins triste. «Récemment, j’ai emmené des invités étrangers à une évasion dans la cité balnéaire de Sounine (gouvernorat de Bizerte). Mais quel ne fut pas leur étonnement en constatant, proprement ébahis, que ce formidable site n’est pas exploité touristiquement. Cela me rappelle l’histoire d’un hôtelier tunisien de renom que l’ancien régime a incité, sur instructions du président, à investir à Tabarka qui n’avait pas de tourisme à l’époque. Il l’a aussitôt fait en construisant un superbe hôtel cinq étoiles qui a totalement métamorphosé cette ville côtière», se remémore-t-il. 

Pourquoi nos hommes d’affaires continuent de refuser de lancer des projets touristiques?» Pourquoi l’Etat n’oriente pas, par exemple, les recettes émanant des biens confisqués vers l’investissement dans le tourisme ?», s’interroge-t-il, encore. Tout en remerciant ses collaborateurs pour leur dévouement et leur sens du volontariat, le président de l’Atdt a promis de poursuivre inlassablement son combat pour aider à la promotion de ce secteur devenu le cheval de bataille de l’économie nationale.    

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