Crise hydrique en Tunisie | Abdallah Rebhi, Expert et Ancien Secrétaire d’État chargé des Ressources hydrauliques et de la Pêche à La Presse : «La saison pluvieuse a apporté un soulagement, mais le risque persiste»

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Dans cet entretien, Abdallah Rebhi, expert et ancien Secrétaire d’État chargé des Ressources hydrauliques et de la Pêche, souligne l’importance critique de repenser notre approche de l’agriculture, de mettre en œuvre des stratégies à long terme et de sensibiliser la population à l’utilisation responsable de l’eau. La saison pluvieuse actuelle a offert un répit, certes, mais le véritable défi réside dans la transformation de nos pratiques pour assurer la sécurité alimentaire et la durabilité de nos ressources hydriques dans les années à venir.

Avec les dernières pluies, la saison agricole semble sauvée. Quelle est la situation actuellement ?

En effet, les récentes précipitations ont été bénéfiques pour notre agriculture, en particulier pour les cultures céréalières. Cependant, il est crucial de reconnaître que si ces pluies avaient tardé, les conséquences auraient été désastreuses. Nous aurions été confrontés à d’énormes défis, notamment la dépendance accrue des importations alimentaires. Cette situation met en lumière la vulnérabilité de notre secteur agricole aux changements climatiques.

Les parcours et l’activité d’élevage ont été fortement impactés par le manque de précipitations. Les pâturages ont souffert, entraînant des difficultés pour les éleveurs. Si les prochaines pluies tardent, d’autres cultures pourraient également être gravement affectées. Il est essentiel de reconnaître que la dépendance excessive aux conditions météorologiques rend notre agriculture vulnérable. Nous devons repenser notre modèle agricole et adopter des pratiques plus durables.

Quelle est votre analyse de cette situation, et quelles sont les mesures à prendre pour assurer une gestion durable de l’eau à long terme ?

Bien que le taux de remplissage actuel des barrages soit encourageant (Actuellement, le taux de remplissage des barrages est d’environ 35%) il est crucial de ne pas tomber dans la facilité. Nous sommes toujours à la merci des précipitations. Sur le moyen et le long terme, nous devons sensibiliser la population à la gestion responsable de l’eau. La stratégie « eau 2050» doit être pleinement mise en œuvre, et il ne faut pas hésiter à surtaxer l’eau pour encourager une utilisation judicieuse. L’agriculture et le tourisme doivent également évoluer pour être plus respectueux de nos ressources hydriques.

Vous évoquez la nécessité de changer de paradigme dans notre modèle agricole et de sensibiliser la population. Comment envisagez-vous cette transformation, et quel rôle le citoyen tunisien peut-il jouer dans ce processus ?

La transformation de notre modèle agricole nécessite une prise de conscience collective. Les citoyens tunisiens doivent comprendre l’importance de l’eau et adopter des comportements plus durables. La sensibilisation est cruciale pour susciter cette prise de conscience. Nous devons valoriser chaque goutte d’eau sur le sol tunisien et adapter notre mode de vie au changement climatique. C’est un défi collectif qui nécessite la participation active de chaque individu pour assurer la durabilité de nos ressources hydriques. Il est important de mieux communiquer pour sensibiliser les citoyens.

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