Guerre et catastrophe humanitaire face à l’impuissance des alliés

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Editorial La Presse

Gaza est une prison à ciel ouvert. La ville de Rafah est désormais une souricière où près de 1 million et demi de personnes sont piégées. Ne sachant que faire ni où aller, les civils palestiniens, en proie à la faim, à la soif et privés de soins, sont pris au piège entres les bombes, les vastes amas de ruines et les fils barbelés.

Pendant ce temps, la communauté internationale n’est pas passive. C’est lui faire du tort que de le prétendre. L’Union européenne est occupée à rédiger des messages soignés. Elle se dit non pas « préoccupée », mais « très préoccupée ». Remarquons le choix des mots, l’ajout de l’adverbe, la gravité du ton.

Quant aux Etats-Unis, ils ont estimé vendredi soir, par la voix de leur président, qu’il « fallait un cessez-le-feu…. temporaire ». Pour quelle raison ? Eh bien « pour faire sortir les otages ». Ensuite et à demi-mots, Biden a espéré, de l’ordre du souhait, « que les Israéliens ne procéderont pas à une invasion terrestre massive ». En définitive, c’est ce que sous-entend la position américaine, la décision leur revient.

Après plus de quatre mois de guerre, les alliés d’Israël ne pensent même plus à sauver la forme. Mais assument devant la terre entière que leur préoccupation majeure, c’est la libération des quelque 130 otages. Les 100 mille victimes palestiniennes, entre tués, blessés et portés disparus, représentent peu de chose vraisemblablement.

Israël, pour libérer ses otages et soi-disant neutraliser les « combattants du Hamas », a tué près de 30 mille personnes, blessé plus du double et poursuit son carnage. Après avoir détruit habitations, écoles, refuges, hôpitaux et entravé l’aide humanitaire, l’armée occupante s’en prend à ce qui reste d’unités hospitalières fonctionnelles dans le sud de Gaza. L’assaut massif contre l’hôpital Nasser en témoigne. Il s’ensuivit la séquestration du personnel médical, la torture des soignants, le décès de malades dont un enfant à cause, entre autres, des coupures d’électricité et de l’arrêt de la distribution d’oxygène. Des nouveau-nés risquent de connaître le même sort tragique.

Pendant ce temps, depuis vendredi 16 février, se tient la 60e édition de la Conférence sur la sécurité de Munich (MSC) en Allemagne, qui prend fin aujourd’hui. Plusieurs hauts représentants des Etats arabes étaient présents pour défendre un cessez-le-feu à Gaza, non pas ridiculement temporaire, mais immédiat et durable, et, à terme, la création d’un Etat palestinien. Or, au rythme où vont les choses, au regard du parti pris injuste et aveugle de la plupart des gouvernants occidentaux, il est fort peu probable que la conférence aboutisse à des décisions concrètes. Au contraire, les signaux envoyés par les alliés d’Israël consistent à lui lâcher encore plus la bride, faire encore plus de victimes, étendre le conflit en Cisjordanie, au Liban et en Syrie. L’ensemble de la région risque de s’embraser.

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