Comment traduire ce bon vieux dicton de chez nous : «Après avoir été fichu, il a acheté un fusil » ?!
D’après les informations qui circulent, l’ex-sélectionneur de l’équipe nationale de football a présenté un rapport de… soixante-dix pages dans lequel il a « dévoilé » bon nombre de problèmes et contrariétés qui ont entravé la bonne marche de notre sélection à la dernière CAN. Nous avons, dans ces mêmes colonnes, rendu hommage à ce technicien et nous avons par la suite fait notre mea culpa. Pour lui reprocher son manque d’autorité et non pas pour mettre en doute ses connaissances, étant donné qu’il a été formé à bonne école. Cette école tunisienne qui a coulé dans un moule remarquable et permis aux techniciens tunisiens d’être sollicités un peu partout. Deux mots auraient suffi et non pas soixante-dix pages : «Je démissionne ». Cela aurait donné à réfléchir à plus d’un, et ceux qui ont entravé ou ceux qui se sont mis dans la peau de pêcheurs en eaux troubles auraient été plus circonspects avant de porter atteinte à l’intérêt national. Mais les avantages, le confort et la notoriété dont jouit un sélectionneur sont difficiles à abandonner. Là, on semble s’armer de prudence avant de s’engager sur cette voie. Pourtant, il y a une autorité dans ce pays. Une prise de position ferme et énergique aurait déclenché un processus qui aurait évité les dépassements qui ont remis en question bien des choses à tous les niveaux.
Nous ignorons s’il a dénoncé la mauvaise influence d’un certain nombre de joueurs et leurs protecteurs (toujours les mêmes), des joueurs qui sont passés à côté d’une véritable carrière pour donner la priorité au gain facile et dont l’influence est à la base de bien des déboires qui continueront à bloquer le dialogue et dresser des barrières entre les différentes générations de l’équipe nationale.
Il ne l’a pas fait
En a-t-il parlé ? A-t-il expliqué qu’il n’a pu s’abstenir de les convoquer pour mettre un terme à ce cancer qui ronge les desseins de ceux qui ont réellement fait le choix de contribuer à l’essor du football de leur pays, en donnant le maximum pour prolonger une carrière internationale qui se limite à un quart d’heure de jeu dans les jambes ?
Il ne l’a pas fait. Il a mis en cause une partie du personnel d’encadrement qu’il a choisi. Théoriquement, car il aurait pu le changer, à moins qu’il n’ait été, lui aussi, imposé. Il aurait dû ne pas l’accepter : est-ce par manque de personnalité qu’il ne l’a pas fait. Pourquoi ?
Il ne s’agit donc pas seulement de problèmes d’encadrement technique défaillant, mais aussi de prises de position émanant d’un sélectionneur à court d’arguments pour tenir en main son groupe. Jalel Kadri n’est pas le seul à être dans ce cas. Celui du handball est aussi timide et ses joueurs sur le terrain donnent l’impression qu’ils n’ont pas reçu de directives, de consignes pour répondre au quart de tour aux velléités de leurs adversaires. Bien entendu, dans une équipe composée essentiellement de professionnels, tout se fait avant la rencontre à la suite des observations fournies par le staff chargé d’étudier et de cerner les forces et faiblesses de l’adversaire. A moins que ce secteur ait été, lui aussi, défaillant. Que reste-t-il dans ce cas ?
De toutes les manières, le dernier des clients de ces cafés populaires, où on se réunit au lendemain d’une rencontre de football pour « refaire le match », a constaté et dénoncé la majorité des remarques de ce rapport.
Concluons que cet écrit servira pour ceux qui prendront le relais, tout en mettant en garde ceux qui seraient tentés de dicter des directives au futur sélectionneur et pour rappeler au directeur technique que c’est lui qui doit protéger tout ce staff dont la mission est aussi difficile qu’importante. Là, c’est une tout autre histoire que celle du rôle du directeur technique dans une fédération…