Obésité en Tunisie: Nos modes de vie pointés du doigt

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Les racines de l’obésité en Tunisie sont imputées à une surconsommation alimentaire exacerbée lors d’événements spéciaux, ainsi que des habitudes alimentaires néfastes. Hanen Jnen, spécialiste en nutrition, met en lumière la monotonie nutritionnelle de nos repas, délaissant protéines, fibres et vitamines au profit d’une abondance de glucides.

En Tunisie, l’ombre grandissante de l’obésité suscite de plus en plus d’inquiétudes, devenant une réalité quotidienne pour de nombreux citoyens. Les chiffres du World Obesity Atlas 2023 sont sans équivoque : d’ici 2035, l’obésité devrait atteindre 46% des Tunisiens. Soit une augmentation particulièrement inquiétante chez les enfants, avec une croissance annuelle de l’obésité de 5,7% entre 2020 et 2035.

Une crise de santé !

A 26 ans, Eya observe avec un certain désarroi l’ascension vertigineuse de l’obésité en Tunisie au fil des ans. Le mode de vie sédentaire, exacerbé par la déferlante technologique et le télétravail post-Covid-19, a transformé nos maisons en forteresses, limitant nos déplacements. Eya, qui fait face à l’obésité depuis l’enfance, souffre souvent des jugements hâtifs qui stigmatisent souvent les personnes obèses comme étant simplement paresseuses. «Je suis dans un cercle vicieux, entre obésité et dépressions à répétition, en raison souvent du regard des autres», confie-t-elle.

Monôom, 46 ans, lui aussi, s’inquiète de la prolifération alarmante de l’obésité chez les enfants en Tunisie. Son fils de 11 ans en souffre, et le sentiment de culpabilité l’accable. «Je reconnais que nous n’étions pas suffisamment informés sur l’alimentation et l’importance d’éviter trop de sucre et de gras, mais, aujourd’hui, nous sommes en train de faire des efforts, j’espère que cela suffira à sauver mon enfant de ce mal qui le ronge », note-t-il.

Interrogée par La Presse, Hanan Jnen, spécialiste en nutrition thérapeutique, dissèque la complexité de l’obésité. Elle alerte sur la mortalité potentielle, surtout quand elle s’accompagne de prédispositions génétiques, du vieillissement prématuré ou de comportements à risque tels que le tabagisme. Elle souligne également les implications sévères, allant des maladies cardiaques au diabète de type 2, soulignant le lien direct entre nos habitudes alimentaires et l’émergence de cette crise de santé publique.

Comment s’en sortir?

Les racines de l’obésité en Tunisie reviennent à une surconsommation alimentaire, exacerbée lors d’événements spéciaux, ainsi que des habitudes alimentaires néfastes. Hanen Jnen met en lumière la monotonie nutritionnelle de nos repas, délaissant protéines, fibres et vitamines au profit d’une abondance de glucides. «La consommation fréquente de repas rapides, de fritures et de boissons sucrées vient aggraver cette situation déjà préoccupante», explique la spécialiste. Elle pointe du doigt l’impact dramatique sur les enfants exposés à des collations malsaines et à une diminution de l’activité physique. Ce cocktail explosif peut même entraîner des comportements agressifs, des problèmes de concentration et des pathologies diverses. Pour sortir de la crise et casser cette boucle sans fin, la spécialiste Hanen Jnen préconise une conscientisation sur les réseaux sociaux, mettant en avant le mode de vie sain, la consultation de nutritionnistes et la pratique régulière d’exercices physiques.

Des campagnes de sensibilisation ciblées, des interventions dans les écoles et des programmes d’éducation nutritionnelle apparaissent comme des outils susceptibles d’atteindre cet objectif de réduction du fléau.

Un commentaire

  1. Niels Petersen

    03/03/2024 à 10:35

    Très intéressant. Nourriture saine, sport sont nécessaires. Les jeunes tunisiens sont en retard sur ce sujet de santé publique

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