De plus en plus tournés vers la Tunisie : Les Saoudiens misent sur une orientation «hautement stratégique»

 

Dans la mêlée des visites successives de délégations saoudiennes politiques et économiques en Tunisie, la presse du Royaume n’a cessé de s’interroger ces derniers temps sur les raisons d’un tel choix.

Rappelant que les investissements saoudiens en Tunisie se concentreront sur cinq secteurs, à savoir l’automobile, les énergies renouvelables, les produits pharmaceutiques, les soins de santé et la sécurité alimentaire, de nombreux médias saoudiens ont fait savoir que l’investissement d’une enveloppe d’un milliard de dollars dans le tissu économique tunisien ne se lit point comme un cadeau. Selon eux, il est plutôt question d’une orientation stratégique. D’autant que la récente visite d’une délégation saoudienne de plus de 100 hommes d’affaires et investisseurs accompagnant le ministre de l’Industrie et des Ressources minérales, Bandar Ibrahim Alkhorayef, s’est soldée de propositions concrètes et de synergies évidentes. Les deux pays ont par conséquent élaboré de grands projets communs.

Parmi les hommes d’affaires les plus en vue de ladite délégation figuraient le directeur général de la Saudi Exim Bank, Saad Alkhalb, le président de la Fédération des chambres de commerce et d’industrie saoudiennes, Hassan Al-Huwaizi, et le président du Conseil d’affaires tuniso-saoudien, Omar Al-Ajaji.

«Ensemble vers 2030» et l’euphorie d’une grande transformation saoudienne

La visite du ministre saoudien et des délégués qui l’accompagnaient en Tunisie a été couronnée par la signature de sept protocoles d’accord portant sur le tourisme, l’environnement, la recherche agricole, la météorologie, le climat, l’eau et le travail.

Commentant cette actualité, la presse saoudienne a salué ce rapprochement qui augure selon elle d’un bon rapprochement tuniso-saoudien, là où le Royaume s’apprête à entamer de grands projets pour l’avenir. Dans la même optique, responsables et médias saoudiens ont souligné les opportunités d’investissement saoudien offertes à la Tunisie dans le cadre de la Vision 2030 du Royaume.

Animé par sa volonté de coopérer avec un partenaire actif, le Royaume semble déterminé à booster le commerce bilatéral avec la Tunisie, conformément au plan de développement de Riyad. Il s’agit pour le Royaume de nouer des alliances régionales et internationales dans le cadre de la diversification de son économie et de ses partenariats géostratégiques.

D’après la presse saoudienne, avec un faible montant de 310 millions de dollars par an, la Tunisie occupe la quinzième place parmi les partenaires commerciaux du Royaume dans la région arabe.

La Tunisie et ses précieux atouts

Lors du Forum d’investissement et de partenariat saoudo-tunisien, Alkhorayef a évoqué les « grandes opportunités » qui s’offrent aux deux pays, insistant en particulier sur la situation géographique favorable de la Tunisie.

Convergeant avec lui, de nombreux médias saoudiens se sont référés aux cartes pour confirmer l’importance du débouché commercial stratégique, reliant le nord et le sud de la Méditerranée, ainsi que le Maghreb au Levant. Pour eux, la Tunisie, cette « porte d’entrée de l’Afrique subsaharienne » ne peut qu’être un allié de premier plan d’un Royaume résolument tourné vers l’avenir.

«La Tunisie se trouve ainsi aux portes de marchés regroupant 1,4 milliard de consommateurs et bénéficie d’accords de partenariat commercial avec plusieurs blocs. Il s’agit notamment de l’accord d’association avec l’Union européenne, de l’accord multilatéral de libre-échange d’Agadir, de la grande zone arabe de libre-échange, du marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa) et de la zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA) », a commenté la presse saoudienne.

Force est de constater que le même accord  comprend également des accords bilatéraux visant à établir une zone de libre-échange avec la Libye, l’Égypte, le Maroc, la Jordanie et l’Irak, ainsi qu’un accord visant à établir une zone de libre-échange avec la Turquie.

La nouvelle Saudi Exim Bank, créée en février 2020, favorisera, quant à elle, le renforcement du commerce bilatéral et ouvrira l’accès à de nouveaux marchés. Cette institution financière a pour mission de promouvoir le développement et la diversification des exportations saoudiennes, d’accroître leur compétitivité, de garantir des crédits à l’exportation avec des avantages concurrentiels pour renforcer la confiance dans les exportations saoudiennes, pénétrer de nouveaux marchés et réduire les risques de non-paiement. Elle fournit également des facilités de crédit pour les importations.

Fin 2022, la Saudi Exim Bank avait alloué 200 millions de dollars pour financer les importations tunisiennes de dérivés pétroliers saoudiens. Aux Tunisiens de jouer.

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