La scène est à marquer d’une pierre blanche et mérite, à notre avis, d’être immortalisée dans le marbre de l’histoire de l’ONU, son secrétaire général, Antonio Guterres, accusé par Israël d’être du côté du Hamas, est au passage de Rafah, devant les portes qui séparent les frontières, en bras de chemise, sous le soleil, devant quelques journalistes et des milliers de camions immobilisés, pleins de ballots d’aides alimentaires. Il tient un discours épique, apparemment rodé, dont chaque mot semble être pesé au trébuchet «Ici, depuis ce passage, nous voyons le chagrin et le manque de cœur… une longue file de camions de secours bloqués d’un côté des portes, l’ombre longue de la famine de l’autre», a-t-il déclaré. Son discours est de la même cuvée, accrocheur, adressé à Israël, à la communauté internationale et aux Etats-Unis, images éclatantes, phrases concises, il a pour but de frapper les esprits et attirer l’attention sur le drame palestinien.
Guterres avait auparavant, et à plusieurs reprises, souligné les difficultés d’acheminement de l’aide à Gaza, dont les agences humanitaires internationales ont largement imputé la responsabilité à Israël.
Pendant ce temps, les raids aériens et les affrontements se sont poursuivis, malgré une première résolution de l’ONU exigeant un «cessez-le-feu» immédiat dans le territoire palestinien et qui a suscité l’ire d’Israël. L’ombre de la famine évoquée par Guterres, ce sont des enfants, des femmes et des hommes au ventre creux, entassés dans des tentes de fortune, rejoints par d’autres réfugiés démunis, fuyant l’hôpital Al Shifa et ses environs bombardés, de la désolation, des douleurs et des morts.
Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé un nouveau bilan de 32.333 personnes tuées et 74.694 blessées depuis le début de l’invasion de la bande de Gaza.
Après plus de cinq mois de guerre, le Conseil de sécurité de l’ONU est sorti enfin de sa paralysie en adoptant, lundi, sa première résolution, bloquée plusieurs fois par les Etats-Unis, qui se sont cette fois abstenus, résolution votée et applaudie unanimement exigeant un «cessez-le-feu immédiat» pendant toute la durée du mois de Ramadan, soit autour du 9 avril, et demandant également la libération immédiate des otages.
Ce vote, qualifié d’historique, annonce-t-il une prise de distance des Etats-Unis à l’égard d’Israël, son allié historique ?Le fossé se creuse entre les deux compères, Israël se trouve actuellement isolé sur la scène internationale, mais, ne nous berçons pas d’illusions, les fondamentaux de la politique américaine vis-à-vis de son protégé ne changent pas, ce vote ne constitue pas un changement de cap des Etats-Unis, pour preuve, pendant que Netanyahou, visiblement furieux, se sentant trahi, dénonce l’abstention de son allié au vote, son ministre de la Défense Yoav Gallant est à Washington pour demander des armes…encore des armes pour tuer.
De son côté, le secrétaire d’Etat améridcain Antony Blinken lui emboîte le pas, il justifie l’abstention des Etas Unis par le nombre de morts à Gaza. Risible et ridicule.
Par ailleurs, il faut rappeler qu’une résolution votée par le Conseil de sécurité n’a pas une valeur contraignante, elle rentre dans le droit international, l’ONU n’a pas les moyens de la faire appliquer, elle n’a aucune autorité pour sanctionner. Pour mémoire, ce n’est pas la première fois que l’Etat hébreu ne respecte pas les décisions du Conseil de sécurité : plus d’une cinquantaine de résolutions ont été votées contre lui, elles n’ont jamais été respectées.
Les Israéliens ont dit et répété, principalement par la bouche de leur chef de gouvernement, qu’ils feront coûte que coûte cette invasion terrestre à Rafah, leurs chars y entreront, faisant fi des résolutions de l’opinion internationale, des institutions de l’ONU, laquelle à leurs yeux est partie prenante et amie du Hamas. Ridicule !