IL fallait que quelqu’un tranche dans le vif concernant le dossier Tunisair ! Un dossier en passe de devenir une « affaire » et qui alimente depuis longtemps la polémique, les soupçons des uns, la méfiance des autres, mais surtout la colère des passagers qui se trouvent parfois tels des orphelins au milieu de l’aéroport ne sachant à quel vis-à-vis s’adresser en l’absence d’une information. Il fallait donc que quelqu’un tranche et pas d’une main tremblante ! C’est ce que le Président Kaïs Saïed a fait mardi dernier en se rendant à l’aéroport international Tunis-Carthage.
Force est de croire que la question de l’avion qui a « disparu » a vraiment retenu l’attention de l’opinion publique ces derniers jours. Les réseaux sociaux n’ont pas arrêté d’en parler. Certains apprentis enquêteurs se sont mis à avancer des hypothèses ou des certitudes parfois. C’est à croire que tout le monde voulait déterrer le « zinc » qui s’est envolé pour les Etats-Unis. Mais si cela dénote une chose, c’est que les Tunisiens prêtent une attention particulière aux biens qui leur ont été subtilisés. Nous dirons même que toute cette frénésie sur les réseaux sociaux prouve à quel point les Tunisiens ont identifié leurs biens spoliés à l’avion Amilcar. Bientôt on parlera du syndrome Amilcar lorsqu’un bien de l’Etat aura disparu. En outre, ce genre de visites inopinées permet de dévoiler l’ampleur de plusieurs combines qu’on qualifiera de mafieuses et qui ont gangréné tous les secteurs publics, allant du transport à la santé publique. Dans un témoignage accordé à notre collègue sous le couvert de l’anonymat (voir La Presse du 4 avril 2024), un ancien haut responsable de Tunisair décrit la situation comme un « cumul », voire « un lourd héritage » de mauvaise gestion et de manque de transparence qui ont empêché le décollage de Tunisair. L’interlocuteur de La Presse a même évoqué des soupçons de corruption au sein de Tunisair Technics portant notamment sur le trafic de pièces de rechange. Les dossiers de corruption transmis à la justice depuis des années sont restés d’ailleurs sans suite. Mais cette visite du Président aura relancé ces dossiers, et on parle même d’une purge anticorruption tant attendue dans tous les secteurs. « Faux et usage de faux » avec l’arrestation de deux agents de Tunisair ! Voici l’information qui a atterri hier matin dans nos dépêches. Au fait, les éléments de l’enquête réalisée par l’unité sécuritaire ont fait ressortir que le premier agent s’est prévalu de « deux certificats de scolarité falsifiés ». La date d’obtention du diplôme du Bac du deuxième agent concerné est la même que celle de son recrutement au sein de la compagnie Tunisair. De bon augure, cet avion Amilcar pour notre Gazelle !