«Connais-toi toi-même» de Nidhal Ben Cheikh : Des invocations photographiques

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Des jeux de miroirs que l’artiste nous rend tels quels, avec le plus de fidélité possible, sans trop recourir aux retouches et en bannissant les effets d’images postérieures. Des instantanés vécus et rendus avec d’éloquents sens du cadrage et d’appréhension de la lumière.
«Connais-toi toi-même», tel est l’intitulé de la première exposition personnelle du photographe Nidhal Ben Cheikh à l’Espace d’Art Mille Feuilles à La Marsa.
Economiste et chercheur au Centre de recherches et des études sociales (Cres), Nidhal Ben Cheikh a nourri, depuis son jeune âge, beaucoup d’intérêt et de passion pour la photographie. Rien de plus logique lorsqu’on évolue dans une famille où l’art occupe une place importante: une grand-mère que l’analphabétisme n’a pas empêché de devenir plasticienne, faisant dans l’art naïf, elle avait meme exposé ses oeuvres à Tunis, un père féru d’art et un frère, Slim Ben Cheikh également plasticien.
La photographie, un art qu’il a su développer au gré des expériences et des pérégrinations, cela a commencé lors d’un stage à Tozeur en 1989; depuis, Nidhal n’a cessé de parcourir la Tunisie pour mettre en images ses villes et ses villages, à l’instar de Gafsa, Le Kef et Kesra. Pour lui, c’est une histoire de rendez-vous pris avec ces instantanés, ces moments saisis qui le lient à jamais à tous ces lieux visités.
«Connais-toi toi-même», avait dit Socrate estimant que l’homme ne peut atteindre la sagesse qu’en se connaissant et en cherchant en lui-même. Nidhal opère cette introspection par la photographie, sa démarche est spirituelle comme en témoignent certaines de ses photographies à l’aura soufie: le nom d’Allah inscrit sur une porte qu’il saisit, des coupoles de mosquées, des édifices religieux et autres sanctuaires. Nidhal ne se contente pas du palpable, dépasse le physique, en usant de signes, de métaphores, nous ouvrant autant de brèches vers cette communion et cette connexion avec le spirituel. Cela prend la forme de cadenas ou encore des contemplations à travers des ouvertures fortuites, comme c’est le cas de sa photographie « De dedans» (le titre est très éloquent quant à la démarche). Se connaître à travers ce que nous voyons, ce que nous vivons, en ce que nous percevons et ce que nous retenons de notre rapport à l’espace. Se connaître à travers des étendues sauvages, des projections de lumières, des passages de vies, celles d’oiseaux dont les vols coupent à l’unisson un ciel crépusculaire. Des jeux de miroirs que l’artiste nous rend tels quels, avec le plus de fidélité possible, sans trop recourir aux retouches et en bannissant les effets d’images postérieures. Des instantanés vécus et rendus avec d’ éloquents sens du cadrage et de l’appréhension de la lumière. A voir et à vivre jusqu’au 30 avril.

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