Fayçal Hadhiri, chroniqueur d’ « Oumour Jedia », talk-show diffusé tous les mardis sur El Hiwar Ettounsi, a décidé d’abdiquer en quittant l’émission. Raison invoquée : le patron de la chaîne Sami Fehri aurait censuré certains de ses propos. Censure, démission ou renvoi, cela arrive partout dans la plupart des médias. Et alors ? On sait que personne n’est indispensable et ce chroniqueur sera vite remplacé par un autre et la chaîne en question continuera ses programmes avec ou sans ses chroniqueurs.
Pourquoi le chroniqueur tient-il le crachoir sur les réseaux sociaux révélant à qui veut l’entendre ses démêlés avec son supérieur et salir sa réputation ? Pourquoi tant de hargne alors qu’il bénéficiait d’une bonne rémunération ? Quelle mouche l’a piqué ? De son côté, Sami Fehri, qui n’a pas la langue dans sa poche, s’en est pris, encore une fois via son compte Facebook, à Fayçal Hadhiri en dévoilant son cachet : 11 mille dinars par mois. Du coup, les Tunisiens ont découvert les salaires de toute l’équipe d’ « Oumour Jedia » qui vont de 10 mille à 20 mille dinars par mois.
Des salaires qui ont choqué les pauvres citoyens, qui se lèvent tôt pour gagner leur croûte et se retrouvent à la fin du mois avec un salaire minable. Faire le pitre, apprendre des vannes, répondre à des questions stupides, faire de son mieux pour ravaler le niveau intellectuel des téléspectateurs sont les ingrédients d’une recette gagnante à suivre pour tous ceux qui ont des prétentions de devenir chroniqueurs ou animateurs de télévision et s’enrichir vite.
« Oumour Jedia » n’en est pas à sa première incartade. Quelques semaines auparavant, un autre chroniqueur, le chanteur Faouzi Ben Gamra, a été cloué au pilori et renvoyé sine die de la chaîne pour agression verbale et physique à l’encontre d’une assistante. Il a été se plaindre sur une chaîne concurrente Attessia dans le talk-show « Idhak Maâna » de Naoufel Ouertani. Ce dernier a encore enfoncé le clou en tapant sur la chaîne où, à une époque récente, il pilotait une émission.
Pour rester toujours avec « Oumour Jedia », son animateur fétiche Ala Chebbi a fait la une des médias en exhibant son mariage avec une jeune fille Ramla devenue célèbre grâce à lui. Il l’a même invitée dans l’une de ses émissions pour la présenter aux téléspectateurs. Elle a participé avec lui dans « Dimanche, tout est permis » animé par Nidhal Saâdi et les revoilà, dimanche dernier, dans le magazine culturel « 90° » de Hédi Zaïem. Signature de contrat, outia et cérémonie de mariage ont meublé le contenu de l’émission. Est-ce bien raisonnable de livrer l’antenne à la vie personnelle des animateurs ou chroniqueurs ? En quoi cela peut intéresser le public ? Pourquoi étaler de la sorte sa vie privée ? Peut-on atteindre un niveau plus bas ?
Le cheikh chante et danse
Sur Attessia, dimanche dernier, l’invité de l’émission « Wahch Echacha » est le cheikh Abdelfattah Mourou, premier vice-président au mouvement Nahdha et premier vice-président à l’Assemblée des représentants du peuple. Véritable cabotin, fringué comme d’habitude d’une jebba et d’une chéchia qui sont ses signes distinctifs, il est venu annoncer chez Samir Wafi, animateur-provocateur à souhait, son désir de quitter le parti dont il a participé à la création dans les années 70.
Avant cela, l’animateur a tenu à passer en revue la vie mouvementée du cheikh. De la danseuse Zohra Lambouba qui a bénéficié de sa protection à la maison de joie dans la médina de Tunis dont il a empêché l’incendie par des loubards quelques jours après la révolution du 14 janvier 2011, en passant par la famille, les amis d’hier et les ennemis d’aujourd’hui, le chant et la danse. Tout a été dit ou presque avec des formules parfois chargées de sous-entendus ou faisant allusion à la sexualité.
Après cette profonde incursion dans la vie privée du cheikh, l’animateur fait sortir de leur cage d’autres félins : le confrère avocat Imed Ben Halima, l’écrivain Hassen Ben Othman et le compositeur-chroniqueur de l’émission Mokdad Shili. Politiquement corrects, ces trois monstres n’ont pas tari d’éloges sur les qualités humaines de l’homme qui, lui, dit se démarquer de la Nahdha et de se plaindre d’être rejeté par les siens mais que sans leur machine à élection il ne peut prétendre se présenter à la prochaine élection présidentielle.
Pauvre Cheikh qui avait la mine triste et le verbe amer. Ayant pitié de lui, les félins ne pouvaient que compatir à son sort notamment l’enfant du quartier, le très excité Mokdad Shili, qui a oublié son rôle d’avaleur de couleuvre et, au lieu de le dévorer, n’a fait que le caresser dans le sens du poil en l’appelant Sidi Cheikh, quant au féroce Hassen Ben Othman, il n’a cessé de lui faire des compliments sur ses tenues vestimentaires traditionnelles et la séquence vidéo montrant le cheikh chanter et danser.
Est-ce normal que des chroniqueurs utilisent le terme Sidi Cheikh pour interpeller un homme politique sur un plateau de télévision ? Sommes-nous au milieu d’un forum politique ou d’un séminaire dans une confrérie ? Et puis, ces soi-disant pieds-de-nez et clashs nécessaires pour faire grimper l’audimat. Pauvres de nous, spectateurs, et combien on envie leur place et surtout leur salaire. Oh ! Mamma Mia, dirait l’autre.