La solution pointe à l’horizon.
La fermeture de la chaîne privée Nessma TV exécutée manu militari par la Haïca ne cesse de faire couler encre et salive. Et a suscité la solidarité et la compassion de beaucoup à commencer par le chef historique d’Ennahdha. Le président de la République, lui aussi, s’y mêle pour tendre l’oreille à Nabil El Karoui avant de faire une déclaration diplomatique, équidistante des deux parties en conflit et ménager la chèvre et le chou.
La version de Nessma a été connue à travers les déclarations intermittentes, faites par Nabil El Karoui et son équipe. Cela dit, nous accordons aujourd’hui la parole à la Haïca, accusée de discrimination et de faire la politique des deux poids, deux mesures.
La décision de fermeture, venant d’être exécutée manu militari contre Nessma TV, n’a pas manqué de provoquer un tollé quasi général et une levée de boucliers d’une large frange de téléspectateurs longtemps fidèles à ladite chaîne qui a tant tendu la perche à ceux et à celles qui ont besoin d’un coup de main, pour vaincre, un tant soit peu, les énormes difficultés rencontrées dans leur quotidien.
Cette mesure n’a pas été aussi sans causer un préjudice matériel incommensurable à Nessma. Dans la mesure où elle est intervenue à la veille du mois saint où «Dame publicité est plus généreuse que jamais. Et renfloue régulièrement et d’une manière considérable la trésorerie de toute chaîne télévisée.
Le pourquoi de la mesure
Lors de notre entretien à bâtons rompus avec la vice-présidente de la Haïca, Mme Essia Laâbidi, nous avons avant tout et principalement cherché à savoir le pourquoi de la mesure, contestée orageusement par les maîtres de la chaîne ciblée. Et, de surcroît, ayant suscité la compassion et la solidarité de certains partis politiques dont Ennahdha, à travers un communiqué fracassant signé par Rached El Ghannouchi en personne et largement diffusé.
La bataille juridique perdue
Notre interlocutrice nous a révélé que le contentieux de Nessma avec la Haïca remonte au lendemain de la révolution et depuis le démarrage des activités de l’organe régulateur du domaine audiovisuel. à remplacer par :
– La société Nessma est invitée à changer de vocation (société Anonyme (S.A) au lieu de société à responsabilité limitée (S.A.R.L); et à se plier aux normes d’exploitation de la matière publicitaire. Ces deux conditions étant requises par le cahier des charges en vigueur. La réaction de Nessma ne s’est pas fait attendre. Celle-ci devait aussitôt recourir au Tribunal administratif, à travers lequel la chaîne a contesté les cahiers des charges en question. Ce recours devait rencontrer une fin de non-recevoir par l’instance judiciaire concernée. Suite à quoi, Nessma a déposé son dossier de régularisation jugé par la Haïca incomplet.
La régularisation ne pointe pas à l’horizon
Selon Mme Essia Laâbidi, dans un souci constant de transparence, la Haïca a exigé tous les bilans financiers de la chaîne, cherchant à connaître les sources de financement de Nessma.
Et notre interlocutrice d’ajouter : «Pas moins de 15 correspondances dans ce sens et 5 séances de travail ayant réuni les représentants des deux parties prenantes n’ont pas abouti à la résolution du problème. En désespoir de cause, la Haica, sans gaieté de cœur, a pris la mesure de fermeture».
«Pas de bras de fer!»
Interrogée sur la manière de fermeture, qualifiée de brutale et fougueuse par l’équipe dirigeante de Nessma, Mme Essia Laâbidi devait nier en bloc les griefs reprochés aux membres de la Haica et de la police lors de l’exécution de la sentence. Elle a, en outre, précisé qu’il suffirait de se référer au film des faits, réalisé par la police, pour s’en convaincre.
«D’ailleurs, ajoute Mme Laâbidi, notre équipe, chargée de l’exécution de telles mesures, a eu à recevoir une formation appropriée, l’habilitant à s’y prendre avec délicatesse et prudence. Au moindre risque de dégénération de la situation et d’accrochages, l’équipe de la Haica est tenue de se retirer des lieux, en attendant de meilleurs lendemains et des moments plus propices. Ce n’est que dans les cas limites que la Haica se voit obligée de prononcer les mesures de fermeture toujours à contrecœur.
Des chevaux de bataille
Notre souci majeur et notre objectif le plus cher sont de veiller à ce que le paysage audiovisuel se caractérise par la multiplicité et la diversité et soit représentatif des diverses sensibilités idéologiques. Ce que la Haica déplore, c’est que certains partis politiques se rangent du côté de certaines chaînes et radios pour en faire leurs cheval de bataille. Et je n’éprouve aucune gêne à dire ouvertement que la chaîne privée Ezzitouna, par exemple, est aussi le porte-drapeau d’Ennahdha. Nous avons, quant à nous, sauté sur l’occasion pour lui poser la question de savoir pourquoi la chaîne Ezzitouna qui opère dans l’illégalité au même titre que Nessma n’a pas fait, elle aussi, l’objet d’une pareille mesure disciplinaire. Mme Laâbidi nous répond sereinement : «Dans un avenir proche, la boucle sera bouclée. Tout vient à point…».
La représentante de la Haica nous a révélé qu’Ezzitouna a fait l’objet d’une mesure de fermeture dont l’exécution a échoué pour des raisons techniques (?), ainsi que de trois amendes de 50.000D chacune.
Boufares
5 mai 2019 à 09:13
Ce commentaire de la Haica est très juste et la loi s‘applique pour tout le monde de la même manière
Citoyens, Société ,Homme d’Affaires et Politicien doivent se mettre à l’évidence de la loi.