Accueil A la une « Hor-I-zons », performance marchée de Ridha Dhib: Paris-Sousse… 3.000 km à pied

« Hor-I-zons », performance marchée de Ridha Dhib: Paris-Sousse… 3.000 km à pied

Depuis le  2 mai, Ridha Dhib a quitté Paris en direction de Sousse, ce parcours, qui se ferait en quelques heures, prendra 4 mois pour ce performeur marcheur. Une expérience qui incarne le trait d’union reliant Paris à la Tunisie. Et lui aussi, en tant que Franco-Tunisien, il porte ce trait d’union. Cette performance est l’expression métaphorique de ce «trait»  qui  le lie et qui relie…

Muni de son smartphone, l’artiste « déplie » sa ligne d’«Hor-I-zons» sur 107 étapes. A chaque étape et à l’aide d’une application boussole en réalité augmentée pointant vers la ville de Sousse, il prend une photo de l’horizon ciblé. Il envoie aussitôt l’image à l’Institut français de Tunisie sous forme de carte postale, et cela grâce à une autre application qui prendra en charge quotidiennement l’impression et la distribution des cartes. Elles seront exposées au fur à mesure des envois. C’est cette série d’images qui finira par former sa ligne d’«Hor-I-zons ».                                       

Ce projet, conçu en partenariat avec l’Institut français de Tunisie et soutenu par des organismes et institutions françaises, s’articule autour d’une problématique principale et autour d’une question : que peut la ligne ? Autrement dit, quelles sont les potentialités plastiques d’une trace ouverte et abstraite ? « Pour ce faire, je l’expérimente dans son rapport au plan, au geste et au mouvement. J’explore ses résonances avec l’air et la lumière, et je sonde ses potentialités à plier, à lier et à générer des textures variées… j’interroge les promesses expressives d’une ligne entre fil et trace.

Et comme du tracé au marché il n’y a qu’un pas, je me suis tout naturellement faufilé dans une ligne de fuite… Ce faisant, j’ai perdu mon épaisseur, je dois donc me mouvoir pour faire territoire. A partir de ce devenir, une réflexion sur la dimension mutante de la ligne s’est imposée — plus précisément, sur la transmutation numérique de la ligne et son rapport au corps. Avec ce corollaire: comment faire émerger une hybridité rythmée ? Comment ‘‘s’atelier’’ en marchant ? Dans cette perspective, je me suis équipé d’un smartphone — outil entre autres de captures, de traçage et d’archivage… — et je marche. Je suis tracé, donc je trace ».

Né à Sousse en 1966, Ridha Dhib est diplômé de l’Ecole des beaux-arts de Toulon, vit à Paris depuis 1991. La peinture fut longtemps son médium de prédilection, mais depuis une quinzaine d’années, il travaille sur une recherche plastique, dont la problématique principale est de «libérer» la ligne du plan. Dans un premier temps, il s’est approprié un pistolet à colle en l’utilisant à contre-emploi : avec cet outil, il ne s’agissait plus de coller les matériaux, mais plutôt de décoller et libérer la matière.

Chemin faisant… la marche connectée a pris une place de plus en plus prégnante dans sa problématique. Ainsi, c’est grâce à son smartphone que son corps devient pinceau traceur de lignes impalpables sur la surface de la terre. A son tour, le smartphone devient palette numérique génératrice et compilatrice de données multiples et variées… Il en résulte une œuvre en devenir, mutante et polymorphe, entre installations et performances, matière palpable et matière numériques… Dessinant ainsi une carte à dimension rhizomatique et poétique. 

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