Accueil Culture Télécritique: Et si le noir et blanc nous était bien conté ?

Télécritique: Et si le noir et blanc nous était bien conté ?

Rdamadan vient de s’installer chez nous comme partout ailleurs dans le monde islamique, Dieu merci sans polémique. Pour une fois, ce beau monde accorde ses violons et tous les muftis nous ont dit à la veille du fameux jour dit de «l’incertitude», une certitude : «Good bye Chaâbane, bienvenue Ramadan !»

Tant mieux pour nous tous. Puisqu’on nous fait grâce, pour une fois, d’une pomme de discorde de plus, amplifiant les contradictions les uns avec les autres.

Boutbila, aux abonnés absents !

Lundi dernier, il y a  eu le coup d’envoi de Ramadan sans coup de canon, ni explosion de bombes pacifiques, cette fois-ci, annonçant solennellement la rupture du jeûne. Une belle tradition, ayant petit à petit et au fil du temps disparu, privant les générations des temps présents de savourer les délices du bon vieux temps, où nos ancêtres vivaient le mois saint de Ramadan au rythme coutumier de la détonation du tonnerre, si tonitruante ! Et même Boutbila, l’homme au tambourin et figure emblémique du mois saint, semble enclin à sommeiller à poings fermés, au moment où il devrait, minuit passé, sillonner la cité, à grands pas, entouré d’une ribambelle d’enfants, sautant et ivres de joie et de jubilation.

Des tentatives ont été faites de temps à autre par-ci et par là, à travers le pays, pour faire valoir ces traditions, ces us et coutumes ramadanesques, à travers quelques manifestations, initiées par la société civile, surtout à travers les tournées de Boutbila, mais le caractère limité et timide de ces initiatives ne semble pas avoir eu l’impact escompté sur notre jeunesse ciblée, jours et nuits collées à leurs ordinateurs et leurs portables, pour échanger des messages dans un lexique abrutissant mi-figue,… mi-raisin !

A l’âge d’or du noir et blanc !

Il importe d’avouer à cet égard que nos diverses chaînes, surtout privées, ne semblent pas avoir fait grand-chose pour tenter de jouer en quelque sorte un rôle charnière entre le passé avec ses belles traditions et le présent avec sa médiocrité ! Seules nos deux publiques nous sortent de temps à autre de leurs archives, amoindries et usées par le temps et la mauvaise conservation, certaines merveilles de l’âge d’or, des images «chahutées» en noir et blanc, presqu’invisibles sans lunette de vue!

Un monde artistique à découvrir

Nos enfants ont pu découvrir tant bien que mal les grandes vedettes d’antan, ayant tant fait le plein des cafés chantants de Ramadan (surtout dans les quartiers symboliques du mois saint), alliant le sacré cérémonial du culte divin (la pratique des prières d’Ettraouih à la mosquée de Saheb Tabaâ) aux cérémonies et manifestations culturelles si superbes.

Où brillaient de mille feux et de mille jeux de lumière Ismaïl Hattab, Zina et Aziza, Aïcha et Mamia, mettant en transe un public transporté de joie délirante! La foule qui se relayait dans ces pôles d’attraction à Bab Souika et El Halfaouine sous les appels stridents et tonutriants des portiers, colosses et costauds, dont les biceps imposaient le strict respect des non moins strictes instructions, criées urbi et orbi à chaque fin de courte séance : «El Maghroum ijaddid!» (aux amateurs de renouveler leurs tickets d’entrée, pour assister à la séance d’après!).

De grandes figures méconnues !

Qu’est-ce qu’on a fait au niveau de nos chaînes de télévision pour mettre en valeur un passé artistique si glorieux, depuis les orphelines ondes de radio et l’ère de l’écran noir et blanc si oubliée pour ne pas dire hélas! «morte et enterrée»!?

Aujourd’hui, nos jeunes connaissent et reconnaissent de moins en moins Saliha, Jamoussi, Hédi Jouini, Oulaya, Naâma, Ahmed Hamza, Hédi Kallel, Hédi Semlali, etc. et le virtuose du violon et chef de la troupe d’El Manar s’étant justement fait connaître et apprécier lors des soirées ramadanesques de la salle d’El Fath et Madrid. Sachant que les quelques louables initiatives de nos deux chaînes publiques ont été gâchées, comme déjà dit, par la qualité des images constatées.

La vulgarité nous dit : «Coucou! me revoilà»
Cela dit, il faudrait laisser le temps au temps pour pouvoir commenter et critiquer les menus qu’on nous propose cette année, pour le mois sacré. Ce que je ne m’empêche de déplorer d’ores et déjà, c’est que «Dame vulgarité» nous a dit  d’emblée «Coucou! Je suis là!».

Les paisibles familles, dont évidemment la mienne, ayant eu à suivre une comédie, doivent être scandalisées, en entendant sur l’une de nos chaînes privées, l’acteur Sadok Haloues inviter une belle dame à passer chez lui où il est seul! N’est-ce pas une banalisation pure et simple de la débauche! Ah! Liberté d’expression, que de bêtises sont commises en ton nom!

Un juste bravissimo pour un digne ambassadeur
Heureusement que nos deux chaînes publiques, n’ayant guère pu entrer dans les bonnes grâces de «M.Audimat» qui mène la barque à sa façon et à la tête du client, usant et abusant d’un instrument de mesure (ou plutôt de démesure) (made in China»), vraisemblablement, demeuré respectueux de la déontologie professionnelle et d’une ligne éditoriale, respectant toujours les lignes rouges. Pour le duo de la correction, la TV est un instrument idoine de culture et non pas une source d’abrutissement et d’inculture. Où le buzz est roi, s’adressant à ses valets.

L’exemple le plus édifiant est celui de la belle émission «Mouch Mamnouaâ» de l’impressionnant animateur et producteur Imed Dabbour. Qui ne cesse de nous émerveiller ainsi que le beau monde de la TV arabe presque entier. L’enfant prodigue de Sidi Bouzid, installé depuis un bout de temps à Beyrouth, opère à partir de la Cité du cèdre et de la vie belle, pour embellir davantage le paysage médiatique arabe, à travers ses entretiens si passionnants avec, aujourd’hui, au moins une quarantaine de sommités politiques et artistiques arabes. Imed Dabbour, toujours alerte, jovial, d’une large culture, d’une spontanéité à revendre, continuera à nous accompagner même au mois de Ramadan, pour des raisons faciles à deviner. Ce digne ambassadeur culturel de Tunisie auprès du Moyen-Orient et ailleurs mériterait plus qu’un chapitre dans un papier. Parce qu’il fait notre fierté. L’homme au franc parler, qui a tant fait parler de lui, sera bientôt notre invité, pour être attentivement écouté. Je vous le promets. L’accord de principe y est.

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