Ramadan, mois sacré censé être le mois de la piété et du culte de la divinité est, comme à l’accoutumée, pour beaucoup d’entre nous, le mois de la boulimie, de la surconsommation et de la surenchère, qui rendent la vie si chère à tous, déjà chère pour tous, depuis Rejeb et Chaâbane, encore plus chère et, dans des limites extrêmes, au mois du carême !
La «transe» est générale. Le sommeil, la torpeur et la léthargie… aussi. «L’école» buissonnière qui fait déjà école, depuis l’ouverture de la mauvaise école de la Sainte révolution, s’est érigée en grande école et en faculté en ce mois saint !
Oui, tout le monde a l‘air de perdre ses facultés, ses repères et ses réflexes coutumiers, depuis l’insurrection contre l’inégalité et l’iniquité et, aussi, hélas, contre le civisme et la civilité !
Au sein de l’administration, les bureaux et les guichets sont, au cas où ils ne seraient pas vides, à moitié garnis par des éléments de «décor» mal tombés du lit! Partout, «des ronds de cuir» vous font la grimace et la moue. On somnole… on baille à s’en décrocher la mâchoire. Et on repousse allégrement le travail…
Ramadan, adieu le beau temps «clément» de «revenez demain», de tous les temps. Car, on y tire au flanc de plus belle. Et «le rond de cuir» renvoie le cuir rond et… la balle au bond à Chaouel… Pour lui, il n’y a pas de dossiers pressants. Mais rien que des citoyens pressés…
Tenez, même notre «Boutbila» si bien aimé est, lui aussi, pressé. II a l’air de vouloir bâcler son travail et abréger sa tournée. Afin de rentrer tôt chez lui, pour se repaître tranquillement et prendre son «shour» régulier. Et, aller vite dormir, du sommeil du juste, la bouche ouverte et les poings fermés!
Par une récente soirée ramadanesque, je me suis trouvé, par on ne sait quel hasard, nez à nez avec l’homme jovial du folklorique métier. Il traînait alors la carcasse et les pieds. Et arpentait les quartiers de la cité, serrant dans ses bras son fameux tambourin, comme à l’accoutumée. Il était tout heureux, tout gai, comme un poisson dans l’eau, ou un «bambino» dans le métro. Il n’y avait alors personne à réveiller. Tout le beau monde s’agitait dans tous les sens, se promenait, jouait aux cartes dans les cafés, bondés et pleins à craquer, dans une ville follement animée! Minuit n’avait pas encore sonné.
C’était donc une simple formalité à ne pas négliger, nous réconciliant avec nos traditions ancestrales, des temps reculés.
Ah ! Si notre «Boutbila» dont nos enfants sont si épris s’avisait à changer ses horaires aujourd’hui, en tambourinant allégrement à midi au lieu de minuit afin de réveiller les agents en hibernation et les soustraire bruyamment à leur torpeur et leur grasse matinée, les appelant à mieux servir leur concitoyens, tant éprouvés par l’absentéisme exagéré et si déploré au mois sacré, consacré à la boulimie et au marché!