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Commerce extérieur : Un déficit structurel

Le déficit de la balance commerciale en Tunisie ne cesse de s’aggraver. Il s’est établi jusqu’au mois d’avril 2019, à prix courants, à un niveau de 6.336,9 millions de dinars (MD), contre 5.085,4 MD durant les 4 mois de l’année 2018

Les exportations tunisiennes constituent le fer de lance de la croissance et de la relance économique. En effet, les exportateurs tunisiens sont appelés à redoubler d’efforts en vue de conquérir de nouveaux marchés dans tous les continent et particulièrement en Europe, en Amérique, en Asie et, bien entendu, en Afrique et dans les pays arabes. Il est nécessaire, également, de diversifier les exportations et de ne pas se contenter de quelques produits phares — comme l’huile d’olive, les dattes et les agrumes pour prendre le cas du secteur agroalimentaire — traditionnellement exportés vers certains pays européens.

Il s’est avéré, chiffres à l’appui, que le déficit commercial de la Tunisie est structurel puisque l’on importe un volume plus important que celui exporté. Avec la dépréciation continue du dinar face à l’euro et au dollar le coût des importations a triplé par rapport à celui enregistré dix ans plus tôt.

Fluctuation des cours internationaux

A cette dépréciation, il faut ajouter la révision à la hausse des cours de certains produits de consommation — comme le pétrole, le sucre, les céréales et autres — ce qui nécessite plus de dépenses. C’est que la production locale ne peut à elle seule satisfaire les besoins de tous les consommateurs. D’où la nécessité de recourir aux importations d’une façon régulière du marché international.

Ainsi, d’après les chiffres officiels de l’Institut national de la statistique (INS), le déficit de la balance commerciale en Tunisie ne cesse de s’aggraver. Il s’est établi, jusqu’au mois d’avril 2019, à prix courants, à un niveau de 6.336,9 millions de dinars (MD), contre 5.085,4 MD, durant les 4 mois de l’année 2018. Le taux de couverture a baissé, par conséquent, de 1,4 point par rapport à 2018, pour s’établir à 71,3%, d’après les résultats des échanges commerciaux de la Tunisie avec l’extérieur à prix courants (sans tenir compte de l’impact de l’inflation), durant le quadrimestre 2019.

Cette aggravation du déficit, s’explique par la hausse des importations de 18,7%, à 22.113,1 MD, nettement plus importante que celle des exportations (+ 16,5%, à 15.776,3 MD). Il est urgent de changer la donne en mettant en place une stratégie cohérente pour relancer les exportations. Certes, il existe au niveau du Cepex des mécanismes destinés aux exportateurs pour les aider à dénicher de nouveaux marchés comme le programme «Exporter plus» et le Fonds d’accès aux marchés d’exportation (Famex) qui a assisté plusieurs exportateurs à conquérir de nouveaux marchés, mais cela reste insuffisant.

Rationaliser davantage les importations

De nouveaux instruments pourraient être institués en vue de prêter main-forte aux exportateurs qui veulent accroître leurs ventes à l’extérieur. Il est nécessaire, de même, de soigner la logistique en renforçant les lignes aériennes vers certaines destinations de l’Afrique subsaharienne qui disposent d’un potentiel important en termes d’achat de divers produits de consommation courante.

Malgré la décélération du rythme des importations par rapport à la même période en 2018 (+21,3%), les statistiques de l’INS montrent que les importations tunisiennes continuent d’évoluer à un rythme plus accentué que celui des exportations. L’augmentation des importations est due à la hausse observée au niveau de tous les secteurs comme les mines, phosphates et dérivés, produits énergétiques, produits agricoles et alimentaires de base, biens d’équipement et matières premières.

A titre d’exemple, la Tunisie a importé en 2019, de l’Union européenne, 51,9% du total des importations tunisiennes, soit plus qu’en 2018. Les importations de l’UE — qui demeure notre premier partenaire économique — au cours des quatres premiers mois de cette année, ont enregistré une hausse de 10,6% pour s’établir à une valeur de 11.468,1 MD.

Déficit important avec la Chine

S’agissant des exportations, leur progression à prix courants est inférieure de moitié à celle enregistrée durant la même période en 2018 (+ 32,8%, à 13.542,6 MD). Malgré ses ressources naturelles limitées, la Tunisie a exporté des produits des mines, phosphates et dérivés, de l’énergie. Elle a également exporté vers les pays extérieurs des composants faisant partie des industries mécaniques et électriques, du textile-habillement et cuir et d’autres industries manufacturières. En revanche, le secteur de l’agriculture et des industries agroalimentaires s’est replié de 10,2%, suite à la diminution de nos ventes d’huile d’olive.

C’est pourquoi, il est nécessaire de rechercher d’autres créneaux, en plus de l’huile d’olive, pour booster nos exportations. La Tunisie dispose de plusieurs ressources et produits qui pourraient être écoulés sur le marché international moyennant quelques transformations ou mise en valeur. Les figues de Barbarie sont, par exemple, un produit très apprécié mais inconnu dans plus d’un pays importateur. Leurs vertus sur la santé sont garanties sans parler de leur goût exquis.

D’après l’INS, la balance commerciale est déficitaire à cause du déficit enregistré avec certains pays. Avec la Chine, par exemple, il est estimé à 2 011,7 MD. Il est possible pourtant d’exporter vers ce pays après des arrangements commerciaux. L’huile d’olive et les produits de la pêche sont les plus prisés en Chine; ce sont les produits qui peuvent être écoulés dans un marché qui compte une population de  plus d’un milliard de consommateurs et au pouvoir d’achat élevé.

Le déficit est également lourd avec l’Algérie (-1161,9 MD), l’Italie (-1089,8 MD), la Turquie (-603,9 MD) et la Russie (-553,3 MD). La Tunisie doit produire plus pour dégager un excédent à exporter vers ces pays car pour pouvoir gagner le pari de l’exportation il est indispensable de miser sur l’aspect quantitatif et qualitatif. Notre pays a signé des accords commerciaux avec plusieurs pays pour pouvoir exporter davantage et réduire son déficit commercial.

Hors énergie le déficit de la balance commerciale se réduit à 3 902 MD. Le déficit de la balance énergétique s’établit à 2 434,8 MD (38,4% du déficit total) contre 1687,2 MD durant la même période en 2018. Du chemin reste encore à faire pour atteindre des objectifs ambitieux affichés par les pouvoirs publics. La réussite dans ce domaine requiert la contribution de toutes les parties prenantes, à savoir administration publique, structures d’appui et organisations professionnelles qui représentent les industriels et les exportateurs pour mettre en place une stratégie à moyen et long terme susceptible d’assurer la relance commerciale.

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