L’un des handicaps menaçant ces entreprises concerne l’administration fiscale (27%), puis la douane et les déclarations administratives. De plus, 60% des entreprises font face à une concurrence déloyale et 45% ont été impactées par la guerre en Libye. Aussi, 65% des PME n’ont pas créé de nouveaux produits et 35% n’ont pas attiré de nouveaux clients en 2017
Selon des informations publiées récemment, 50% des entreprises privées seraient menacées de disparition à l’horizon 2020. C’est-à-dire que des milliers de postes d’emploi risquent de disparaître alors que les pouvoirs publics font de leur mieux pour créer de nouveaux postes pour les diplômés du supérieur. D’où la nécessité d’agir au plus vite pour sauver ces entreprises opérant dans différents secteurs. La sonnette d’alarme a été tirée, en premier, par le président de l’Association tunisienne des investisseurs au capital lors d’une conférence tenue au cours des derniers jours. Il estime que 10.000 petites et moyennes entreprises seraient en difficultés financières sur un ensemble de 20.000 entreprises. Pire, 5.000 de ces entreprises ne déclarent pas leur situation financière réelle.
Au cas où cette situation se poursuivrait, 10.000 de ces entreprises risqueraient de mettre la clé sous le paillasson à l’horizon 2020, ce qui correspond à la perte de milliers de postes d’emploi. La catastrophe serait grave surtout si l’on tient compte du volume des investissements dans ce secteur qui représente 207 milliards, soit 3% du PIB. Ainsi, 96% du tissu entrepreneurial serait menacé de disparition. Pourtant, le décret n°51 de 2015 en date du 13 janvier 2015 relatif à la définition des bases d’organisation et de gestion et le mode d’intervention du Fonds d’appui aux entreprises de petite et moyenne tailles a été promulgué pour sauver ces entreprises.
Les crédits bancaires en question
Cependant, la mise en œuvre dudit décret a constitué un problème dans la mesure où plusieurs institutions bancaires prêteuses n’ont pas voulu se soumettre aux dispositions qu’il contient. Selon ce décret, le Fonds d’appui aux PME concerne les études du diagnostic financier et économique ainsi que le suivi de l’exécution des programmes de restructuration financière réalisée dans le cadre des interventions du Fonds outre la restructuration du capital. Il s’agit de renforcer les fonds propres de ces entreprises et de refinancer les crédits de rééchelonnement octroyés par la Banque de financement des PME (Bfpme). Ces crédits sont définis dans le cadre de l’étude de diagnostic financier et économique. Des crédits devraient être accordés en vue de financer la réalisation des investissements relevant du programme de restructuration financière avec garantie des financements.
La situation difficile à laquelle font face les PME a amené les organisations concernées à élaborer des études en vue de connaître de façon précise les raisons de cette crise. L’une des récentes études a été réalisée par la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect) en collaboration avec un bureau d’études spécialisé. Il s’est avéré, selon l’étude en question, que 30% des entreprises interrogées n’ont pas réalisé des bénéfices nets au cours des années 2016 et 2017. En outre, plusieurs handicaps se dressent devant ces entreprises les empêchant de se développer. L’un des handicaps menaçant ces entreprises concerne l’administration fiscale (27%), puis la douane et les déclarations administratives. En plus, 60% des entreprises font face à une concurrence déloyale et 45% ont été impactées par la guerre en Libye. Aussi, 65% des PME n’ont pas créé de nouveaux produits et 35% n’ont pas attiré de nouveaux clients en 2017.
Des entreprises déjà fermées
Par ailleurs, 39% des propriétaires de ces entreprises ont sollicité des crédits bancaires au cours de 2018. On a noté que 33,5% d’entre eux passent plus d’une heure avec les représentants des banques pour les convaincre que leur démarche est sérieuse. Les raisons de cette situation s’expliquent par le fait que la Tunisie a perdu au cours de la dernière décennie 4.319 entreprises qui ont fermé leurs portes et la disparition de 250.000 postes d’emploi, soit une moyenne de fermeture de 400 entreprises et la perte de 25.000 emplois annuellement, selon les statistiques publiées.
A noter que le poste de président-directeur général de la Bfpme est resté vacant, à deux reprises, durant une période de plus de trois mois, au cours des années 2016 et 2017. Cette situation a retardé le travail des commissions d’octroi des crédits aux entreprises souffrant de difficultés financières. Sur 20.000 entreprises économiques en Tunisie, plus de 4.000 d’entre elles ont été contraintes de mettre fin à leur activité et de s’installer hors du pays et exactement en Algérie et au Maroc. Les principaux secteurs impactés par la crise sont ceux du textile-habillement et du cuir et chaussures. En effet, durant les cinq dernières années, on a constaté que 300 entreprises ont fermé leurs portes et licencié près de 40.000 travailleurs, et ce, suite à la crise structurelle qui a touché le secteur durant plus de dix ans, selon la déclaration du secrétaire général de la Fédération générale du textile-habillement et cuir et chaussure.
Le secteur du textile est considéré comme stratégique dans la mesure où il regroupe 85% des entreprises opérant dans les activités de tissage totalement exportatrices. Seules 15% des entreprises écoulent leurs produits sur le marché local. Les recettes de la Tunisie provenant du textile sont estimées à 25% de l’ensemble des revenus des exportations. Le secteur peut rapporter jusqu’à 5.500 millions de dinars par an. C’est l’un des secteurs à forte employabilité dans la mesure où il fournit plus de 180.000 postes d’emploi dont 91.000 dans les entreprises totalement exportatrices, soit 35% de la totalité des postes d’emploi disponibles dans les entreprises industrielles.
La fermeture des entreprises au cours des huit dernières années a causé le licenciement de plus de 40.000 travailleurs. Le taux du chômage a atteint les 15.5% au cours du quatrième trimestre de 2018. Les sans-emploi sont de l’ordre de 644.9 mille. D’où la nécessite de passer rapidement à l’action pour accompagner les entreprises qui connaissent des difficultés financières afin de les sauver et leur permettre de continuer leur activité dans un environnement compétitif et stimulant.