L’invité du lundi HAMADI BEN SAID (Directeur technique de la FTA) : «Nous visons le podium au Mondial 2021»

Où en est l’athlétisme tunisien? On dirait qu’il s’est éclipsé. On n’entend plus parler d’exploits comme ce fut le cas au bon vieux temps…
Notre athlétisme est à la croisée des chemins. La moyenne d’âge de nos jeunes athlètes est de 21 ans. Nous sommes en train de les préparer sur des bases solides. Ils ont devant eux une bonne marge de progression. Nous sommes persuadés que s’ils continuent à travailler avec le même sérieux et la même abnégation, ils seront capables de glaner des médailles au Championnat du monde 2021. Des athlètes comme Riadh Chennini (22 ans) spécialiste en 800 m, Abdessalem Layouni (24 ans) spécialiste des 800 m et 1.500 m, Mohamed Amine Jinaoui (21 ans) au 3.000 m steeple, Farès Jelassi (22 ans) auteur d’un bon chrono sur 400 m plat bien qu’il soit spécialiste des 400 m haies, Raouf Boubaker (3.000 m steeple) et bien d’autres un peu plus âgés tels que Amor Yahia (3.000 m steeple) et Chahinez Naceri (20 km marche) sont en mesure de s’illustrer à court terme à l’échelle internationale. Un fait certain, au Mondial 2021, nous aurons des athlètes médaillables.
Et en prévision des échéances qui précèdent le Mondial 2021, à savoir le Mondial de Qatar (28 septembre au 6 octobre 2019) et les J.O de Tokyo 2020, avons-nous des chances réelles pour monter sur le podium ?
Fini le temps de participer pour faire de la figuration. Nos représentants au Mondial du Qatar, qui seront au nombre de 7 ou 8 athlètes, ont pour objectif d’accéder à des tours avancés dans leurs spécialités respectives. Nous aspirons à voir des finalistes dans les courses des 800 m et des 3.000 m steeple. Aux Jeux olympiques de Tokyo 2020, ne participeront que les athlètes expérimentés aptes de réaliser des résultats satisfaisants et prometteurs à la veille du Mondial 2021.

Mais les résultats enregistrés au dernier Championnat arabe sont peu convaincants pour aspirer à atteindre des objectifs aussi ambitieux…
Au contraire, Abessalem Layouni et Riadh Chennini se sont mis en évidence. Ils ont terminé 1er et 2e au 800 m devançant un champion du monde de Djibouti, détenteur d’un très bon chrono de l’ordre de 1’42” dans cette spécialité. Ils ont également été meilleurs que leurs homologues marocains, mais aussi d’athlètes bahreïnis naturalisés d’origine kényane.
Quant à Chahinez Naceri, elle a été lésée au 20 km marche .Et pour nous autres représentants au Championnat arabe, ils se sont illustrés dans les épreuves techniques tels que le saut à la perche et l’heptathlon. Et puis il ne faut pas oublier que la période pendant laquelle a été organisé le dernier championnat arabe n’était pas propice. Au mois d’avril, les athlètes sont habituellement en phase de préparation en prévision de la saison de piste qui débute au mois de mai.

Où en est la discipline au niveau des clubs ?
Exception faite de quatre équipes à savoir le Club Municipal Athlétique Kairouanais, l’Atlétic Club de Sousse, le Club Sportif de La Garde Nationale et à un degré moindre Om Kélil, c’est le vide. Il fut un temps où il y avait tant de clubs actifs à tel point que le championnat par équipes drainait bon nombre de spectateurs en raison du niveau rapproché des athlètes toutes épreuves confondues. Ces derniers temps, la direction technique est parvenue à remettre sur le circuit la région de Gafsa qui a enfanté de grands champions, notamment Mohamed Gammoudi. Sept équipes se sont déjà affiliées à la FTA. Je profite de l’occasion pour lancer un appel aux grands responsables militaires pour faire activer la section d’athlétisme. Une section qui par le passé a fait les beaux jours de l’athlétisme tunisien.

On dit qu’il n’y a plus d’entraîneurs qualifiés pour veiller aux destinées des clubs. Il paraît qu’ils ont tous émigré aux pays du Golfe…
Certes, plusieurs techniciens ont quitté le pays pour des raisons financières. Mais nous avons de jeunes coachs diplômés compétents et ambitieux. A leurs charges, ils participent à des stages de formation à l’étranger pour se perfectionner. Ils sont en contact permanent avec de grands techniciens à travers le monde afin d’être à la page des nouvelles méthodes d’entraînement. De jeunes entraîneurs comme Yacine Bargougui et Nizar Chihaoui sont en train de faire du bon travail. Nous disposons donc d’un groupe de jeunes entraîneurs très motivés et qui travaillent collégialement selon des programmes unifiés. Un travail qui a déjà commencé à donner ses fruits.

Plus de grandes compétitions interscolaires et plus d’intérêt accordé au sport scolaire qui est pourtant un vivier de jeunes talentueux. L’athlétisme scolaire a-t-il disparu ?
L’athlétisme dans le milieu scolaire est en veilleuse pour manque de moyens financiers. La direction technique a commencé à faire de la prospection au niveau des écoles primaires pour dénicher des talents en herbe. La compétition organisée dans la délégation d’El Guettar dans la région de Gafsa nous a d’ailleurs permis de découvrir des jeunes aux talents prometteurs. La DTN envisage de faire d’autres prospections. Les jeunes dénichés seront orientés vers les centres de promotion installés à Gafsa, Sidi Bouzid, Kairouan, Le Kef, Bizerte, Tunis et Gabès. Ils concilieront étude et sport. Cette opération entre dans le cadre de la nouvelle politique de la Fédération tunisienne d’athlétisme afin d’assurer la continuité.
Salah KADRI

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