Un groupe de petits ambassadeurs, élèves des cinquième et sixième années de base, se déplacera, encadré par l’Association des ambassadeurs de la sécurité routière, à l’ARP au Bardo, juste après l’Aïd El Fitr pour dénoncer la détérioration de la sécurité routière en Tunisie et sensibiliser sur les dangers de la route.
Un nouvel accident tragique s’est produit samedi dernier à Sfax. Conséquence : trois enfants rejoignent le ciel et l’éther à la fleur de l’âge. Deux frères et une cousine ravis trop tôt à la vie. Les chiffres ne mentent pas. La recrudescence des accidents de la route est alarmante. L’esprit de fatalisme et les tentatives qui visent à «noyer le poisson dans l’eau» ne sont plus tolérables en pareille circonstance.
Il y a urgence à trouver des solutions radicales. On n’imagine pas assez les dégâts économiques et sociaux que ces drames ont causés et causeront encore. Les accidents de la route en Tunisie tuent en moyenne quatre personnes par jour et causent une trentaine de blessés. Soit plus de 1.200 morts par an. Un chiffre qui fait froid dans le dos et pour cause!
Sur le terrain, rien ne semble pouvoir inverser la spirale de la mort. Pire encore, ce sont les enfants qui paient le prix fort. «La grande majorité des personnes qui décèdent sur la route sont des enfants de la tranche d’âge 5-14 ans», affirme Mme Ben Ghenia, présidente de l’Association des ambassadeurs de la sécurité routière (ASR). Pour mettre fin à cette hémorragie, l’ASR a lancé une initiative en impliquant et mobilisant des élèves volontaires de l’école d’El Menzah 9 (Ariana).
Leur école organise fréquemment des actions de sensibilisation de portée nationale sur les graves dangers qu’encourent les enfants sur la route. Des membres de la société civile ont fait part de leur colère face au péril grandissant en matière de sécurité routière. Cela s’est traduit par une mobilisation de tous les instants à l’ouverture de la nouvelle campagne sur la prévention routière. Celle-ci s’est déroulée le samedi dernier dans une salle de classes de l’école primaire d’El Menzah 9.
M. Anis Oueslati, président de l’arrondissement municipal d’El Menzah a pointé du doigt le manque de conscience du chauffeur tunisien au volant de sa voiture ainsi que l’excès de vitesse. Il prend un raccourci pour résumer le désastre en clamant haut et fort : «Les pistes et les routes ne sont pas des circuits ultra sécurisés pour les grandes courses automobiles tout de même. Il faut que les conducteurs soient conscients de cela et fassent preuve d’une prudence extrême au volant».
A l’occasion de la célébration de la semaine mondiale de la sécurité routière ayant pour slogan : «Leadership and road safety», l’Association des ambassadeurs de la sécurité routière a programmé une campagne sous le slogan «Parler haut et fort» visant à exercer une pression positive sur les preneurs de décisions pour faire de la sécurité routière une priorité dans leurs programmes. Les enfants jouent un rôle clé dans la sécurité routière. Ils se sont évertués à leur manière à faire passer des messages aux grands et à leurs parents afin de mieux connaître les risques de la route. Ils ont posé une multitude de questions auxquelles ils ont répondu eux-mêmes afin de témoigner d’une nouvelle culture de la sécurité routière en Tunisie.
Toutes les voies de recours possibles et imaginables ont été tentées par l’ASR avec des résultats peu tangibles sur le terrain. Probablement pour des raisons exogènes et qui dépassent les compétences de l’ASR. La députée Khansa Ben Harrath, Mme Hayett Chamtouri, secrétaire générale de l’ASR et M. Slim Chaouachi de la Fédération tunisienne de l’automobile (FTA) ont ajouté une pierre à l’édifice du combat pour des routes plus sûres. Un combat permanent qui doit porter sur les parents conducteurs qui n’ont pas bénéficié durant leur petite enfance d’une éducation sur la sécurité routière adéquate. Une erreur du passé que les enfants ne veulent pas voir se reproduire en se mettant au «boulot» pour rattraper le temps perdu à cause du manque de conscience parentale.
Agir sur les consciences
Un cliché résume à lui seul la grande confusion qui règne sur la question de la sécurité dans la voiture.
Mme Afef Ben Ghenia se dit désabusée par la réponse perplexe du père d’un enfant qui lui demandait de retirer son smartphone de l’oreille pour faire preuve de vigilance au volant. La réponse est stupéfiante : «Avec quoi vais-je vous nourrir ?», rétorque-t-il au petit garçon bouche bée par la réaction de son père. Comme pour signifier que le temps n’attend pas et que les appels sont extrêmement importants.
Bien plus important que la sécurité sur la route ? Ce monsieur semble ignorer qu’il y a des méthodes pour communiquer les mains libres facilement et avec une grande pratique grâce à la technologie bluetooth… Plus rien ne sera laissé au hasard, désormais. Les petits ambassadeurs ont formulé leurs demandes qui ont pour objectif de sécuriser leurs vies sur la route qui représente une vraie menace journalière et la députée Mme Khansa Ben Harrath s’est engagée à les faire parvenir aux décideurs concernés pour prendre les mesures nécessaires.
Mme Ben Ghenia demande fermement aux enfants d’agir sur la conscience de leurs parents de façon plus efficace en leur donnant des consignes pour qu’ils n’oublient pas de faire preuve de vigilance sur la route. Un enfant pourra demander à son père ou à sa mère de conduire en pensant fort à lui. Des messages pleins d’espoir pour des routes plus sûres durant les prochaines années. L’ASR reste déterminée plus que jamais dans son combat contre la hausse de la mortalité découlant des accidents de la circulation qui a explosé ces derniers mois.
L’ASR a communiqué, dans ce sens, à l’occasion de la semaine mondiale de la sécurité routière… : «Nous sommes tous responsables de la sécurité routière, qui doit devenir notre priorité et la priorité des gouvernements dans leurs programmes futurs. Rien n’est plus précieux que la vie humaine. L’accident de la route n’est pas une fatalité. Il peut être évité, cela est possible La problématique des accidents de la route doit être traitée différemment avec des normes différentes et en planifiant une stratégie de sécurité routière claire où toutes les parties prenantes adhérent car on est tous concerné, on est tous responsable. En tant qu’organisation non gouvernementale, notre rôle n’est pas d’enregistrer le nombre de victimes des accidents de la route mais d’éviter que leur nombre augmente !Nous sommes tous menacés sur les routes !».
Il y a lieu de souligner que «suite à un conseil ministériel qui s’est tenu cette semaine siège du gouvernement à la Kasbah, il a été décidé la création de la haute instance de la sécurité routière. Un comité suprême qui sera rattaché à la présidence du gouvernement.