Ramadan s’achemine doucement et dans un climat doux, à un carême sans problème, vers sa fin, pour passer le relais à «Chaouel», comme à l’accoutumée. Et sans M. «le vent» enquiquinant, auquel l’on vient de dire «bon vent!», Sidi Romdhane, l’«ennemi» juré de nos budgets, aurait été «conjugué» par tous au «plus que parfait»…
Une série réussie
Ce préambule fait, passons au vif du sujet. Les messieurs ès qualités considèrent que le prime-time, au mois de Ramadan, est l’heure qui suit la rupture du jeûne. Quoique n’étant pas ès qualités, je ne défends pas cet avis. Car, pendant cette heure-ci, toute famille ne se serait pas encore réunie autour de son petit écran, devenu au fil du temps, de plus en plus grand… Les uns doivent débarrasser la table, les corvéables à merci doivent faire leur lassant pointage à la cuisine pour faire la vaisselle et préparer le thé, tantôt rouge, tantôt vert et avec ses sacrés souliers, imposés par le temps sacré…
Le feuilleton «Kismet Oukhayane», avec ses quinze épisodes, nous a dit «bye! et à bientôt!», dimanche dernier. L’occasion est aujourd’hui propice pour émettre notre avis sur ce feuilleton d’El Hiwar Ettounsi. Il faut dire d’emblée que cette série tragicomique est d’une profondeur certaine. Et les téléspectateurs semblent presque unanimes à apprécier la nature du sujet du problème soulevé dont, de tout temps, a souffert notre société. Les éléments consciencieux dans leur postes de travail, corrects, droits et sérieux sont exposés à des ennuis incommensurables. Et se voient en proie à des manœuvres diaboliques et bassement sordides, conduisant tout droit vers les ténèbres de la prison. Ce dont profitent les manœuvriers et les forces du mal, trouvant le champ libre, pour donner libre cours à leur mercantilisme et embrasser des mille et des cents indûment. Bassam El Hamraoui, ayant tant brillé avec son ami d’hier et rival d’aujourd’hui, Faïcal Lahdhiri, dans l’art comique, a eu à exceller dans un rôle, dramatique du chef de chantier malmené, ayant payé cher la rançon de sa conscience professionnelle, la propreté de ses mains et son honnêteté.
Des plaisanteries à hauts risques !
A partir du lundi dernier (15e jour du mois saint), cette série a été relayée par la caméra cachée, baptisée «Le bureau de Migalo».
N’ayant pu suivre jusqu’à présent que quelques épisodes, je peux dire d’emblée que l’initiative de Migalou est passée à côté de la plaque. Au lieu de nous faire mourir de rire, il nous a fait mourir de peur de voir le cœur des personnages piégés flancher. Il s’agit de plaisanteries de mauvais goût et de sales tours aux risques immenses sur la santé des personnes ciblées, sachant que l’épouvante risque fortement de provoquer le diabète chez le sujet. Ceci, outre les maladies chroniques graves pouvant en découler…
Ah ! Quand le père spirituel de la caméra cachée, Raouf Kouka, n’est pas là, les plateaux terrifiants et épouvantables sont hélas ! là ! La panique ne gagne pas seulement les victimes du piège, mais aussi les téléspectateurs, à commencer par les enfants, toujours plus sensibles et vulnérables que les adultes. Sachant que Migalo n’est pas à une maladresse près. Et l’on se souvient bien des deux séries tragiques, voulues comiques, consacrées au fameux crocodile et aux non moins fameux avions, feignant d’atterrir en catastrophe !
Faire mourir de peur… pour rire !
«Malgré ses bavures et excès, ayant fait les déboires de beaucoup, Migalo demeure le maître incontestable «number one» de l’art comique de l’imitation, avec sa voix, à la fois polyvalente et déroutante. Surtout après l’éclipse et la retraite anticipée de Jalloul Jelassi, la grande figure comique de l’imitation des chanteurs, tout particulièrement.
S’agissant d’un art, d’un don du ciel et d’une âme, on dirait née pour nous égayer. Chose de plus en plus rare dans nos murs et, bigrement appréciée par le large public, toutes couches confondues.
J’estime, pour ma part, que Migalo, nous ayant dit son premier «bonjour, me voilà !» dans l’émission Ettassiaâ (El Hiwar Ettounssi) de Moez Ben Gharbia, alors encore en lune de miel avec Sami El Fehri, mérite une place privilégiée dans notre paysage médiatique. Je ne saurais m’empêcher d’avouer que ce personnage surdoué est en train de perdre son temps et nous faire perdre des occasions précieuses de savourer et de nous délecter de ses fourberies et ses intelligentes farces et comédies. Ceci à travers son omniprésence insignifiante, synonyme de figuration en tant que chroniqueur dans des émissions incolores, inodores et insipides…
Un dur labeur non-stop !
Par ailleurs, lors des savoureux temps du noir et blanc, notre unique chaîne nationale ne se contentait pas de nous gaver de belles émissions au mois de Ramadan. Le téléspectateur avait droit, toute la sainte année durant et à un rythme hebdomadaire, à des pièces théâtrales de haute facture. Un local à la rue de Cologne (non loin du siège de l’ex-RTT) était spécialement réservé à la troupe théâtrale de l’ex-RTT pour nous gratifier d’inoubliables chefs-d’œuvre. Grâce aux prestations d’une pléiade d’acteurs non moins inoubliables, tels que Habib Bel Hareth, Mohamed El Hédi, Mohamed Ben Ali, Hassan El Khalsi, Salah El Mehdi, Zohra Faïza, Fatma El Bahri, Hattab Dhib, Abdessalem El Bech, etc. La liste est longue… Ceci sans oublier le maestro de la mise en scène Hammouda Maâli ayant tant brillé par l’interprétation du rôle de Haj Klouf (édition d’origine).
Cela dit, tout ce beau monde d’artistes, nous ayant accompagnés pendant Ramadan, attendent l’Aïd pour passer au «jugement en dernier ressort». La fête serait alors double pour ceux qui auraient été récompensés par des commentaires unanimement élogieux.