C’est sûr, c’est même certain qu’Alain Giresse n’a pas encore tranché sur deux choses concernant les gardiens de but qui figureront dans le groupe qui disputera la Coupe d’Afrique : la liste des trois portiers qu’il doit établir, celui qui sera numéro 1 et ceux qui devront se contenter de statut de réservistes.
C’est un vrai casse-tête pour le sélectionneur de l’équipe de Tunisie, celui sans doute qui le chiffonne le plus, car il est plus facile de prendre des options et des décisions même douloureuses et pas convaincantes à cent pour cent pour des joueurs de champ que pour des gardiens. Quel que soit le choix qu’Alain Giresse, il aura fait dans quelques jours, on ne peut pas lui en vouloir, vu l’embarras dans lequel il ne manquera pas de se trouver, mais on ne s’empêchera pas de le critiquer quand même si ce choix ne serait pas le bon durant la compétition et aurait été l’un des principaux facteurs d’une coupe d’Afrique en deçà des espérances : le sacre et la montée sur le podium. Sur ce sujet, le mieux est donc que tout soit évoqué, clarifié et justifié avant le départ au Caire et que le flou ne soit pas entretenu sur une question aussi importante car pour le poste de gardien de but, point névralgique de la réussite de toute l’équipe, il n’y a pas d’option de départ et d’essai qu’on peut aménager, ajuster, corriger par la suite, mais des convictions intimes, des certitudes profondes qui font de ce choix l’une des grandes lignes dans une sélection à laquelle on ne doit pas toucher et qu’on ne doit pas changer sauf en cas de force majeure, blessure ou expulsion qu’on ne peut pas prévoir à l’avance. C’est-à-dire les impondérables. La force d’une équipe, c’est une colonne vertébrale stable et puissante qui repose essentiellement sur une défense de fer, un compartiment en béton où le dernier rempart qu’est le gardien de but joue un rôle plus qu’important, un rôle-clé. Toute erreur dans le choix du portier, qui a le meilleur profil et le plus d’atouts et de qualités pour être un véritable lion dans son arène qu’est la cage des buts, décourageant ses adversaires par ses arrêts déterminants et rassurant du même coup ses partenaires pour les inciter à aller de l’avant tout en sachant que leurs arrières sont assurés, toute erreur peut se payer cash notamment lors du deuxième tour et les matches couperets à élimination directe. Sur son calepin, Alain Giresse a quatre noms : Mathlouthi, Ben Mustapha, Hassen et Ben Chrifia.
A chacun ses qualités
La première des décisions qui sera dure à prendre sera d’éliminer l’un des quatre pour ne laisser que trois. Dure, du fait que les qualités qui doivent se réunir dans le portier complet et idéal, aucun des quatre ne les possède toutes.
Car si le critère numéro un dans ce poste est l’expérience, plus d’épaisseur et de maturité, c’est Aymen Mathlouthi qui tient incontestablement la corde. Si c’est la forme du moment, c’est Farouk Ben Mustapha qui a fait une saison en boulet de canon et a été performant, en plus de son grand gabarit qui en fait un atout de poids sur les centrages aériens et les balles arrêtées qui font gagner dans une grande proportion les matches et les duels serrés.
Si c’est le talent, l’intelligence, l’élasticité, les bonnes détentes verticales et horizontales, c’est, à n’en pas douter, Moez Hassen qui est favori avec l’avantage d’évoluer dans un championnat de haut niveau et de palier supérieur à celui où évoluent les trois autres. Si c’est la performance du moment et le moral au zénith avec des titres et des consécrations toutes récentes, c’est Moez Ben Chrifia de retour sur le devant de la scène. Ces quatre gardiens méritent donc, à chances presque égales, de faire partie de l’aventure en Egypte et d’être des membres de l’équipe. L’un des quatre devra rester à la maison et restera alors le choix ô combien compliqué de désigner le numéro 1, le numéro 1 bis ou numéro 2 et le numéro 3 dans la hiérarchie pour cette CAN. A l’entraîneur d’assurer son choix et de savoir préserver la vie de ce groupe dans le groupe et aux réservistes d’accepter leur statut de remplaçants pour être à pied d’œuvre et répondre présents au cas où ils seraient sollicités en cours de matches ou en cours de compétition. C’est un exercice difficile que de digérer une frustration surtout pour Aymen Mathlouthi de pouvoir ne pas être titulaire à part entière et d’accepter la concurrence alors qu’il peut encore beaucoup donner et qu’il est encore trop tôt pour lui pour raccrocher et dire adieu à la sélection.
Hédi JENNY