Le processus de convergence économique a ralenti après 2010, reflétant des facteurs spécifiques et l’exacerbation des contraintes structurelles. Le tourisme et les activités minières ont souffert de la détérioration de la sécurité et du climat social.
La forte hausse de l’emploi et des salaires publics a soutenu la consommation privée mais l’activité économique et les créations d’emplois dans le secteur privé sont restées faibles.
La hausse de la demande a généré des tensions sur les prix et le compte courant.
Les ratios des dettes publique et externe au PIB ont fortement augmenté. Pour remettre la dette publique sur une trajectoire soutenable sans freiner la croissance, il faut inscrire l’assainissement des finances publiques sur un horizon de moyen-terme et l’accompagner de réformes structurelles qui relanceront l’activité et les créations d’emploi dans le secteur privé. Il faut aussi réorienter les dépenses publiques au profit des populations défavorisées et de la croissance inclusive.
Relancer le processus de convergence
La reprise de l’investissement des entreprises est essentielle pour relancer le processus de convergence. Le taux d’investissement a fléchi depuis le début des années 2000 et son niveau est faible. L’investissement public a été jusqu’à présent largement préservé.
A contrario, l’investissement des entreprises a souffert des réglementations excessives sur le marché des produits, associées à des procédures administratives complexes qui peuvent générer de la corruption, d’une fiscalité peu prévisible, des difficultés croissantes pour le passage des biens en douane et leur transport maritime et d’un système financier peu favorable aux jeunes entreprises et à celles en croissance.
La levée de ces contraintes est essentielle pour relancer l’investissement des entreprises, et avec lui, la productivité, les créations d’emplois et le pouvoir d’achat de tous les Tunisiens. L’investissement logement a été soutenu par des incitations financières et fiscales qui détournent l’épargne des placements plus productifs. L’élan de réformes, engagé avec la nouvelle loi sur l’investissement, devra être poursuivi.
La création d’emploi de qualité permettra de réduire les disparités de niveau de vie. Le niveau de vie moyen des tunisiens a progressé depuis plusieurs décennies tandis que la pauvreté diminuait largement. Néanmoins, de fortes inégalités subsistent sur le marché du travail.
Le taux de chômage est élevé surtout pour les jeunes diplômés, le travail informel est répandu et de nombreux Tunisiens souffrent de conditions de travail précaires.
Les disparités hommes-femmes sont moins importantes que dans les autres pays Mena mais le taux d’emploi est bien plus faible pour les femmes que pour les hommes et les femmes occupent souvent des emplois moins qualifiés.
De larges disparités régionales existent en termes de niveau de vie et d’emploi.
Une nouvelle politique de développement régional pour valoriser les atouts spécifiques de chaque région est nécessaire.
Ocde (2018), Études économiques de l’Ocde : Tunisie 2018, Éditions Ocde, Paris.