Le passage prévu du visa de 60 à 80 euros sans doute pour début juillet, soit une augmentation sèche de 70 dinars avec la dévaluation de notre monnaie nationale, est tout sauf un cadeau d’un pays partenaire et ami comme la France, même si elle n’est pas la seule concernée. Déjà que le dinar se « casse la gueule » malgré une accalmie sur le marché des changes et que le visa est fixé en euro convertible. Le timing est mauvais
A 80 euros, il faudra compter débourser 270 dinars pour obtenir un visa de circulation en Europe si tout va bien. Si le dinar venait à baisser de nouveau, le cap des trois cents dinars sera rapidement franchi au grand dam des Tunisiens. Décidément le mois de juin n’en finit pas de donner des sueurs froides aux citoyens tunisiens. Entre les augmentations prévues pour les frais de visa vers l’Europe, ajoutées aux montants des honoraires des médecins récemment dopés et avec le mois de juillet qui enregistre généralement des hausses de prix, le compte est très mauvais.
La nouvelle augmentation de l’ordre de 20 euros des tarifs des visas pour les pays européens de la zone Schengen n’est pas de bon goût et hors de propos. Les objectifs invoqués concernant l’amélioration des prestations de services et des délais d’octroi de visas ne tiennent pas debout. Pire, elle ne se défend pas. Un communiqué rendu public par l’Union européenne jeudi 6 juin 2019 annonçait l’entrée en vigueur de nouvelles règles en matière de visas. Ceci afin « d’améliorer les conditions pour les voyageurs en règle et lutter contre les migrations clandestines», croit-on savoir. On ne voit pas vraiment sur le terrain ce qui pourrait modifier cet aspect ou renforcer le dispositif de sécurité même si on veut bien croire cette explication réductrice. A qui profitera cette augmentation mystère ?
Toutefois, ces nouvelles procédures concernent les coûts du traitement du dossier qui atteindront le premier palier de 80 euros comme les visas de court-séjour. On peut considérer que les visas de long séjour (plus de 90 jours de séjour) ne sont pour l’heure pas concernés. Une autre explication est donnée : “Pour faire en sorte que les États membres de l’UE puissent mieux couvrir les coûts du traitement des visas sans pour autant dissuader les demandeurs, les droits de visa augmenteront pour passer à 80 euros” indique le même communiqué.
A priori, une telle augmentation refroidira les ardeurs de nombreux voyageurs mais certainement pas tous. Comme les instructeurs des consulats des pays de la zone Schengen ont le sentiment que le tunisien gaspille sans compter pour voler sous d’autres cieux plus cléments, ils n’hésitent plus à « tirer sur la gâchette ». Suite à ces nouvelles règles, les procédures seront “plus rapides et plus claires” pour les voyageurs en règle en leur permettant d’introduire les demandes “jusqu’à six mois et au plus tard quinze jours avant le voyage”, avec la possibilité de compléter et de signer électroniquement le formulaire de demande. Vraiment on ne comprend pas le rapport entre la célérité des services qui n’est pas indispensable pour tous les voyageurs et devrait être optionnelle et l’augmentation aussi salée de 70 dinars. Quand on pense qu’en 2015, l’hypothèse de supprimer le visa aux ressortissants tunisiens prenait de l’ampleur, on mesure combien les choses tournent au vinaigre.