ON avait prédit une saison touristique exceptionnelle, les premiers indicateurs ne le démentent pas. La barre des 9 millions de touristes prévue pour 2019 se concrétise inexorablement et, si tout va bien, elle pourrait même être dépassée. Une belle éclaircie dans un ciel brumeux. Après avoir été la principale cible des évènements de 2011 et subi pendant des années la plus grande part des dommages collatéraux, le secteur renaît de ses cendres et se remet petit à petit debout. Il incarne, aujourd’hui, la plus grande réussite de la Tunisie post-révolution après la sécurité.
Le mérite revient à tous les Tunisiens qui se sont levés en front uni contre le terrorisme, qui ont résisté aux campagnes de sape contre le secteur, visant l’anéantissement de l’économie nationale, et qui ont soutenu les stratégies et les plans de relance élaborés et exécutés depuis 2014. Avec le retour de la sécurité et les levées d’interdiction de voyage par les pays étrangers, essentiellement européens, le tourisme reprend de la hauteur et la Tunisie des couleurs.
Mais l’heure n’est pas à l’euphorie. La conjoncture est difficile et les acquis ne sont pas irréversibles. Il s’agit à présent de les renforcer et de les immuniser en travaillant sur la durabilité et la pérennité des acquis, des objectifs qui seront atteints quand le tourisme ne sera plus abordé sous le seul angle économique, ou social, mais en tant que culture, en tant que mode de vie. Avoir la culture du tourisme, c’est adopter un mode de vie de qualité : le bon accueil, la ponctualité, la propreté, la confiance et la sécurité. C’est à cette condition qu’un label tunisien du tourisme pourra survivre à n’importe quelle crise. Nul n’ignore que derrière chacun de ces critères, il y a des administrations, des institutions, des organisations, des communes, des budgets, des politiques, des stratégies, des campagnes médiatiques. Mais cela ne suffit pas parce que les professionnels du tourisme et l’autorité de tutelle ne peuvent pas tout contrôler ni prévoir.
Promouvoir le tourisme, ce secteur vital pour le présent et l’avenir de la Tunisie, est une responsabilité collective, une aventure humaine qui commence dès l’arrivée du touriste à l’aéroport, dès l’accueil par les services sécuritaires et douaniers, dès la réception des bagages et le chauffeur de taxi ou du bus qui conduira l’hôte de la Tunisie à son hôtel. Viennent ensuite le serveur du café ou du restaurant, le commerçant dans les souks et l’artisan, l’interface humaine de toute la machine économique locale. Entretemps, l’hôte aura jeté un regard admiratif ou répulsif, selon le cas, à l’environnement urbain, sa propreté, ses routes, ses trottoirs, ses arbres, ses fleurs ou ses tas d’ordures. Après quoi, il décidera de revenir ou non. Comme l’huile d’olive, les dattes et l’artisanat, le tourisme tunisien peut gagner de nouveaux galons à l’international si les Tunisiens le décident ensemble.