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LES décès de prématurés dans les hôpitaux tunisiens sont en passe de devenir un thriller macabre qui remet en question des décennies de notoriété nationale et internationale de la médecine tunisienne. Non pas que les médecins soient devenus incompétents ou que la médecine tunisienne ait perdu de sa rigueur et de son niveau, mais ce secteur qui a, de tout temps, fait la fierté des Tunisiens, et continue de drainer des malades de divers pays arabes et étrangers, souffre désormais d’un mal endémique, une grave hémorragie : la fuite de ses ressources humaines. Les départs vers les pays européens et ceux du Golfe se comptent par centaines, voire par milliers, depuis 2011 et ils concernent aussi bien les médecins, surtout les spécialistes, que les cadres paramédicaux, aussi vitaux les uns que les autres pour le secteur.

Plusieurs facteurs, connus, président à cette situation de désertion dont la baisse du niveau de vie de cette classe sociale traditionnellement privilégiée, la dégradation des services et des soins hospitaliers inhérents aux déficits budgétaires et l’émergence d’un phénomène nouveau dans les institutions de santé publique, à savoir la violence contre le personnel médical, paramédical et administratif hospitalier. Si les deux premiers facteurs sont des conséquences immédiates aux difficultés des finances publiques et à la baisse des investissements dans le secteur de la santé publique, le troisième n’est pas justifiable. Les Tunisiens ont de tout temps voué un respect solennel à la communauté médicale. Dans l’imaginaire collectif, on rêve d’avoir au moins un médecin dans la famille, parmi les descendants ou les proches. En outre, les Tunisiens accordent une place sacrée à leur santé, aidés en cela par une politique nationale de santé volontariste et de proximité instituée dès les premières années de l’indépendance. Ce pourquoi la violence perpétrée contre les personnels hospitaliers est aussi condamnable qu’incomprise

Quant aux décès successifs de nourrissons prématurés, il est clair qu’il s’agit d’un problème de déficit en équipements appropriés, en personnels qualifiés et en conditions d’hygiène et de prise en charge adéquates. Les médecins ne sont pas des prestidigitateurs et tous les problèmes sus-indiqués étaient prévisibles. La conséquence au recul des investissements, c’est une mauvaise prise en charge médicale et celle du départ des spécialistes et des paramédicaux, c’est son absence  totale quand les postes vacants ne sont pas remplacés. Ce qui s’est passé à La Rabta et à l’hôpital de Nabeul était prévisible. Il s’agit à présent d’éviter d’autres décès en cascade. Le dialogue participatif sur la santé, organisé au mois de mars dernier, s’était penché sur toutes ces questions et sur d’autres encore et des recommandations en sont sorties. Il faut à présent passer à l’acte, au plus vite, débloquer les fonds et combler les postes vacants. Le droit à la santé n’est pas négociable.

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