A priori, le covoiturage en Tunisie est interdit par la loi. Celui qui le pratique risque d’avoir à payer une amende. Et pourtant, cette tendance connaît une grande effervescence sur la Toile : des sites web ainsi que plusieurs groupes créés sur facebook sont dédiés au covoiturage…. Décryptage de ce phénomène.
Plsusieurs personnes recourent au covoiturage comme une solution de facilité afin d’éviter les longues minutes à attendre un taxi pour les ramener à leur destination ou lieu de travail. Ce phénomène, qui s’inscrit dans une logique de partage, a connu depuis quelques années une grande effervescence. Nombreuses sont les plateformes et sites web tunisiens qui offrent ce service aux clients.
On cite à titre d’exemple «partagi.tn», «tawsila.tn» et bien d’autres. Quant aux réseaux sociaux, on note au moins une centaine de groupes qui ont été créés spécialement pour offrir ce service aux internautes. Des covoiturages pour de courtes ou de longues distances, il y en a de tout. On peut même lire cette petite introduction sur une page facebook publiée par un groupe spécialisé dans cette pratique : «Le principe de base du covoiturage est de permettre à des voyageurs de partager un trajet avec un conducteur qui a des places libres dans sa voiture. C’est un principe existant depuis très longtemps, mais qui s’est réellement développé grâce à Internet.
Nous avons créé ce groupe afin de faciliter la mise en relation entre particuliers que ce soit pour partager ses bons plans ou pour voyager à moindre coût….».
Ce groupe, qui compte au moins 52 membres, propose donc à ses clients des voyages de longues distances (Tunis-Sousse) en réservant tout d’abord sa place et en contactant le propriétaire de la voiture et en payant une somme d’argent beaucoup moins élevée que le tarif normal d’un moyen de transport public.
Partager les dépenses du carburant et nouer de nouvelles amitiés
Nous avons contacté l’un des internautes, inscrits dans l’un de ces groupes, qui a préféré garder l’anonymat pour nous expliquer le principe exact de ce phénomène. Ce dernier nous a révélé qu’il pratiquait le covoiturage depuis presque trois ans. «Je me suis inscrit dans ces groupes sur facebook quand j’ai acheté ma première voiture il y a trois ans. Je propose aux internautes intéressés des voyages de longue distance en moyennant dix dinars pour le trajet Tunis-Sousse», explique-il. Et de renchérir : «Je choisis mes potentiels clients en regardant leurs profils sur facebook. S’il y a plusieurs amis en commun entre nous, je peux valider sa proposition. La pratique du covoiturage m’aide à limiter les dépenses du carburant et me permettra parfois de faire de nouvelles connaissances. Le covoiturage me permet de faire d’une pierre deux coups: minimiser les dépenses par cotisation de chacun et nouer de nouvelles amitiés».
En parcourant les pages dédiées au covoiturage, l’on peut remarquer également que les internautes, qui proposent un service pareil, sont très méticuleux quant aux choix de leurs clients potentiels. Dans l’une des publications sur facebook on peut lire l’annonce suivante : «Je propose aux filles un covoiturage quotidien du centre urbain nord à Hammam-Chatt à 15h30».
Que dit la loi ?
Pratiquer le covoiturage payant, (qui coûte à peu près dix dinars le voyage de Tunis à Sousse et selon les tarifs fixés dans ces groupes facebook) est interdit par la loi. Selon un article paru dans le site web Huffpost, on note d’après les propos du ministre Hichem Ben Ahmed que la pratique du covoiturage en Tunisie n’est pas sanctionnée par la loi si ces derniers partagent leurs voitures pour aller au travail ou se rendre à un autre lieu. Par contre, «Si certains utilisent ce type de transport pour en faire un métier, en transportant des gens contre une somme d’argent. Cela devient du transport public anarchique. C’est pour cela que nous luttons contre ce type de pratique et c’est seulement dans ce cadre que l’amende est appliquée», rapporte le site.
L’amende s’élève à 700 dinars pour toute personne qui a recours au covoiturage payant, rapporte le site de Réalités en date du 9 avril 2019.
Pour vérifier toutes ces informations et en savoir davantage sur les sanctions qu’encourent ceux qui pratiquent le covoiturage payant en Tunisie et les risques potentiels auxquels s’exposent les passagers qui ont choisi ce mode de transport, nous avons tenté de joindre le directeur général du transport terrestre mais nos questions sont restées sans réponses.