A 34 ans, il déborde encore d’énergie. Rien qu’en février dernier, il a décroché une médaille d’or et a battu par là même son propre record du monde au Grand Prix de Dubaï. Rencontre avec le champion Walid Ktila dont on ne compte plus les médailles d’or et les records
battus…. Et il n’est pas encore prêt à décrocher…
Pour commencer, comment avez-vous débarqué dans ce sport ?
Au fait, j’ai débarqué dans ce sport par pur hasard. J’étais jeune. J’avais à peine 17 ans quand je me suis fait remarquer par Ridha Soudani. J’étais un gamin plutôt bouillant et je n’arrêtais de bouger dans mon fauteuil. M. Soudani a été attiré par l’énergie que je dégageais. Il est venu m’aborder en me parlant du sport de la course sur fauteuil roulant. Il m’a invité à essayer ce sport. J’ai beaucoup apprécié le fauteuil de course. Cela n’avait rien à voir avec le fauteuil ordinaire. Il y a eu tout de suite comme une sorte de déclic et, depuis ce jour-là, j’entretiens une relation particulière avec le fauteuil de course.
Une relation qui s’est traduite par bien des consécrations à l’échelle mondiale. Quels sont, d’ailleurs, vos meilleurs souvenirs ?
J’ai entamé ma carrière en 2002 et les débuts étaient plutôt difficiles. Vous savez, dans le domaine du sport, les choses ne se déroulent pas souvent comme elles devraient l’être. J’étais victime de beaucoup d’injustice et j’ai dû attendre dix ans pour assister à ma première consécration. Dix ans de labeur pour monter enfin sur le podium. C’était en 2012 à Londres à l’occasion des Jeux paralympiques lors desquels j’ai décroché deux médailles d’or aux 100 m et 200m. Monter sur le podium à Londres, voir le drapeau national flotter et écouter l’hymne national grâce à mes efforts furent pour moi un pur bonheur et mes deux plus beaux souvenirs de toute ma carrière d’autant que monter sur le podium à Londres a constitué le vrai déclenchement de ma carrière.
A 34 ans, comptez-vous mettre fin à votre carrière ou pensez-vous avoir encore quelques années de compétition ?
A court terme, je ne compte pas arrêter ma carrière. Mon prochain objectif, ce sont les Jeux paralympiques de Tokyo en 2020. J’aspire à remporter des médailles d’or et, pourquoi pas, battre de nouveaux records. C’est vrai que j’ai 34 ans, mais j’ai encore suffisamment d’énergie pour aller chercher de nouvelles médailles olympiques. Après les JO de Tokyo, je ferai un bilan de ma participation à cette joute, mais également de toute ma carrière. Je déciderai par la suite si je vais arrêter ou rallonger ma carrière de quatre ans.
Que pensez-vous des conditions allouées aux sportifs à besoins spécifiques en Tunisie ?
Pour être honnête, les conditions se sont améliorées petit à petit depuis 2002. Toutefois, j’ai des reproches à faire à la tutelle. Quand il s’agit de handisport, il est plus difficile de débloquer les fonds. Pourtant, notre sport ramène des médailles et des records battus à l’échelle mondiale. Je pense que le handisport tunisien mérite un peu plus d’estime et un meilleur appui de la part de la tutelle.
Pensez-vous avoir atteint tous vos objectifs ?
Sincèrement, oui et même plus. Le nom de Walid Ktila est devenu une référence à l’échelle mondiale dans ma spécialité, la course sur fauteuil roulant. Mais comme je vous l’ai dit, j’aspire à d’autres consécrations tant que j’ai de l’énergie pour le faire.
Que ferez-vous le jour où vous allez arrêter la compétition ?
Ma reconversion naturelle sera de devenir entraîneur. J’aimerais transmettre ma passion et tout ce que j’ai appris à la nouvelle génération. J’aimerais encadrer et former de nouveaux champions à mon image.